FRANCE-GUINEE EQUATORIALE : La colère monte entre les deux pays

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Si Paris procède à l’expulsion de nos agents diplomatiques du bâtiment de notre ambassade, nous donnerons 24 heures à l’ambassadeur français pour quitter le territoire de la Guinée équatoriale. Voilà en substance ce qu’écrit le vice-président, Teodorin Obiang Nguema Mangue (notre photo), sur son compte twitter. Une phrase qui a le mérite de ne souffrir d’aucune ambiguité. Traduction : La Guinée équatoriale n’a pas de position hostile à l’endroit de la France, mais si cette dernière la provoque, elle va la trouver sur son chemin. Ce sera du tac au tac.

Dans un précédent échange, la Guinée équatoriale avait rappelé au gouvernement français les gros intérêts français gérés sur place, très souvent, par des groupes français comme Bouygues, Total, Société Générale, Orange, etc. avant de rappeler qu’en dehors de l’ambassade, la Guinée équatoriale ne compte pas d’intérêt en France. Autrement dit, en cas de belligérance, la nationalisation des intérêts français en Guinée équatoriale restait une option sérieuse à la portée du pays.

Cette tension diplomatique remonte à l’année dernière, lorsqu’un tribunal français avait confirmé la condamnation du vice-président équato-guinéen à 3 ans de prison avec sursis et à une amende de 30 millions d’euros (20 milliards de F CFA), pour avoir acquis une propriété en France, avec des fonds soupçonnés de provenir de biens publics pillés. Les autorités de Malabo ont contesté une telle lecture des textes de leur pays du moment où les fonctionnaires et tous les agents de l’Etat sont autorisés à faire de juteuses affaires en marge de leur travail pour lequel ils sont mensuellement payés. Ce qui est perçu comme étant de la corruption en France, ne l’est pas en Guinée équatoriale où dans le cadre de la promotion des affaires, le président de la République encourage ses compatriotes à devenir des hommes d’affaires, entrepreneurs, tout en étant fonctionnaires de l’Etat.

Refusant de tenir compte de cette réalité équato-guinéenne, la décision française de justice a ouvert la voie à la confiscation d’un hôtel particulier situé au cœur de la capitale française, et estimé à 107 millions d’euros. Cet immeuble abrite l’ambassade de la Guinée-Équatoriale, le consulat, d’autres services officiels du pays, ainsi que, des appartements.

La goutte d’eau qui est en train de faire déborder le vase : Mercredi, 8 juin, une Cour d’Appel a rejeté la demande d’annulation de la Guinée équatoriale, ouvrant théoriquement la voie à l’expulsion de l’ambassade de l’hôtel particulier, c’est-à-dire, tout le personnel diplomatique dont l’ambassadeur, Miguel Oyono Ndong Mifumu. Le quai d’Orsay ne reconnaîtrait pas cet immeuble comme étant diplomatique. La décision de la Cour d’appel a entraîné le courroux du vice-président du pays.

Les relations entre les deux pays sont exécrables. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, était vertement accusé, à Malabo, de les envenimer et de ne rien faire pour les améliorer. Emmanuel Macron vient de remplacer ce dernier par une chiraquienne pure jus, Catherine Colonna, dont l’approche gaulliste dans les relations avec l’Afrique, pourrait aider à arrondir les angles. Elle vient d’atterrir au Quai d’Orsay. Qu’on lui laisse un peu de temps avant de voir quel chemin elle compte suivre. Cela dit, le feu couve.

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