GABON : Le gouvernement et l’Etat se serrent (drastiquement) la ceinture

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A l’occasion d’une conférence de presse, le Ministre d’Etat en charge des Comptes publics et du Budget, Jean-Fidèle Otandault (sur notre photo en train d’être décoré par le président de la République), a détaillé les mesures qui seront contenues dans La Loi de finances rectificatives pour 2018. Cette loi aura pour but d’assurer le redressement des finances publiques en prenant acte des évolutions du budget sur la période 2013-2018 et des préconisations issues d’un séminaire sur la revue du Plan de relance de l’économie (PRE), organisé en avril 2018 à la demande du chef de l’Eta, Ali Bongo Ondimba. L’accroissement des recettes budgétaires, la réduction de la masse salariale (10% par an de réduction prévue), la revue de la dette, la rationalisation des investissements publics, seront repris dans la LFR (Loi de finances rectificative) 2018. Sous ajustement avec le FMI comme le Tchad, le Centrafrique et le Cameroun, le Gabon se serre la ceinture, comme on le remarque, pour en sortir, au plus tard, courant 2020. Le pays ne vivra plus au-dessus de ses moyens. Autre bonne nouvelle : cette cure d’amaigrissement n’est pas une mauvaise chose au moment où le baril est, à nouveau, à la hausse.

Sur la période 2013-2018, les recettes budgétaires connaissent une forte baisse (-35%). Les dépenses sont, elles aussi, en baisse, mais, de manière insuffisante pour espérer atteindre l’équilibre budgétaire. En revanche, on note une hausse notable des charges financières de la dette (+77%) et du personnel (+26%). 

On note, également, que les dépenses de personnel ont représenté, en moyenne, 56% des dépenses courantes. Les dépenses d’investissement, d’une part, et les dépenses de transferts et de subventions, de l’autre, sont, également, en forte baisse. 

Conclusion, cette LFR s’inscrit dans un contexte budgétaire, fortement, détérioré, sur le moyen terme.

Pourquoi y avait-il nécessité de prendre une LFR maintenant ? Après un an de mise en oeuvre du Plan de relance de l’économie (PRE), les projections, à fin avril 2018, laissent apparaître une contre-performance par rapport aux projections initiales arrêtées en début d’année 2017. En conséquence, le déficit budgétaire de l’Etat se consolide. 

Cependant, la LFR 2018 prend acte de la progression des recettes budgétaires réalisées depuis le début de l’année (+27%), tirée par les recettes hors pétrole (30%), mais, inscrit, également, dans la loi les 10% de baisse de la masse salariale; d’un redressement de l’investissement (166,5 milliards de F CFA), notamment, grâce aux économies réalisées sur la masse salariale.

En somme, cette LFR apparaît, donc, comme un outil de rééquilibrage du budget 2018 de l’Etat par rapport à celui de l’année dernière.

Pour y parvenir, le président, Ali Bongo Ondimba, n’a pas pris des gants.

Charité bien ordonnée commençant par soi-même, il a prescrit une forte réduction des effectifs du Palais du Bord de Mer (Présidence de la République). Des sources fiables avancent le chiffre de 40% des effectifs en moins. De quoi faire hurler beaucoup de personnes du côté du Palais d’autant plus que cette purge concerne, aussi et notamment, les conseillers politiques, les conseillers spéciaux, les chargés de mission politique, du président de la République. D’autre part, les postes de deuxième adjoint devraient être supprimés et l’organisation rationalisée. 

De même, les effectifs auprès du gouvernement devraient être réduits d’environ 25%. Les cabinets ministériels, plus particulièrement, passeront de 24 personnes à 16 personnes en moyenne. 

La tranche supérieure des salaires dans la fonction publique (8% des effectifs concernés) connaîtra une décote de 10 à 20%. Pour assurer une réduction des effectifs, un plan de départ volontaire de la fonction publique sera mis en oeuvre. La réforme prévoit, également, la radiation des agents en situation d’abandon de poste ou de maladie de longue durée, ainsi que, la suppression des présalaires (une trouvaille gabonaise) pour les administrations financières. 

Enfin, les achats de véhicule de luxe sont interdits à l’ensemble de la fonction publique, ainsi que, les voyages en classe affaires (excepté pour les membres du gouvernement). Les frais de mission seront réduits de 25% et les Etablissements publics personnalisés (EPP), supprimés et fusionnés afin d’atteindre un objectif de réduction de leur nombre de 50%.

La mise en œuvre de ces différentes mesures devrait permettre de réaliser une économie de 140 milliards de F CFA sur l’exercice budgétaire 2018.

L’objectif, on l’aura compris, c’est de soutenir une politique (digne de ce nom) de relance de l’économie gabonaise par le biais d’investissements d’ampleur, en comptant, d’abord et avant tout, sur le Gabon et les Gabonais.

En effet, l’ensemble de ces mesures doit permettre un relèvement substantiel du budget d’investissement avec pour objectif le développement des infrastructures nationales (achèvement du tronçon PK5-PK12 et des bassins versants de Nzeng-Ayong, sécurisation de l’alimentation en eau des grands centres urbains, etc.) et locales (Fonds d’initiatives départemental) pour relancer la croissance économique ; la préservation des acquis sociaux (services aux citoyens : santé, éducation, protection sociale et emplois) ; la mise en œuvre du Plan d’urgence (réhabilitation des écoles, équipement informatique et connexion internet des lycées et collèges, installation des lampadaires solaires et des pompes hydrauliques, acquisition des cliniques mobiles, etc.).

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Gabon
Jean Fidèle Otandault
Ali Bongo Ondimba
Baisse des dépenses
FMI.

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