GABON PRESIDENTIELLE : Pourquoi le président de la CENAP René Aboghé Ella doit démissionner

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René Aboghé Ella (notre photo) n’a plus la confiance des partis politiques de l’opposition, mais aussi, plus grave, celle de la société civile. Son parti pris systématique a fini par faire de lui un carriériste à la présidence de la CENAP (Commission électorale nationale autonome et permanente), alors qu’à cette place, les Gabonais ont besoin d’un magistrat, neutre, intègre, objectif, pour assurer une bonne élection présidentielle, et surtout, la paix, au lendemain de celle-ci. Si le Gabon était une démocratie, au sens classique du terme, le fait que sa démission soit demandée, à cors et à cri, par l’opposition, aurait, déjà, pu le contraindre à tirer, lui-même, les conséquences de sa présence à la tête de la CENAP où il ne fait plus l’unanimité.

René Aboghé Ella a commis des fautes (lourdes) qui le discréditeront à jamais aux yeux des Gabonais. Ces derniers se souviendront, toujours, que dans l’optique de trouver les moyens de valider le dossier de candidature (à problèmes) de Bongo Ondimba Ali (BOA), il avait pris la liberté d’ajouter des pièces à fournir au dossier de candidature à l’élection présidentielle, et ce en totale contradiction avec la loi. Une décision assumée par lui seul, (en contradiction des textes en vigueur) qui, après un tollé général de l’opposition, a été, purement et simplement, annulée par la présidente de la Cour constitutionnelle. Le parti pris de Aboghé Ella pour le candidat du pouvoir, était, tellement, grossier que la présidente de la Cour constitutionnelle, plus fine dans son favoritisme en faveur de BOA, a vite fait d’éteindre le feu qui couvait sous la cendre en annulant illico presto la malencontreuse décision du président de la CENAP. Un tel désaveu aurait dû provoquer sa démission. Mais, comme si de rien ne s’était passé, Aboghé Ella est, toujours, en place.

Plus grave, déjà, président de la CENAP ayant dirigé le processus électoral de 2009, René Aboghé Ella a validé le dossier de candidature de BOA avec un acte de naissance fourni en 2016 qui est, notoirement, différent de celui fourni en 2009. Quand les candidats de l’opposition ont cherché à coincer BOA en présentant ces deux actes de naissance différents, le président de la CENAP a ordonné la fermeture des bureaux de la CENAP au moment où les candidats Nzouba Ndama et Oyé Mba sont venus réclamer les archives du dossier de 2009 de BOA, afin de prouver à la Cour constitutionnelle où ils comptaient démontrer le faux et usage de faux qui frappait le dossier de BOA.

Le Gabon ayant montré aux yeux du monde qu’il n’était pas encore un état de droit, ce genre de blocage institutionnel trouve, dans les Républiques bananières, sa réponse dans des coups d’état militaire. Car au Gabon, la justice est, totalement, injuste et sectaire. Les institutions chargées d’assurer le bon fonctionnement de l’Etat, n’obéissent qu’au pouvoir en place. Selon nos informations, René Aboghé Ella prendrait, directement, ses ordres du Cabinet du président de la République.

Tous les candidats de l’opposition jurent qu’ils mettront à plat, une fois au pouvoir, le fonctionnement de la justice afin qu’elle devienne, totalement, indépendante et non aliénée. C’est une intention noble. Toutefois, il y a à parier qu’un tel vœu restera pieux car c’est cette justice (injuste) composée de la CENAP et de la Cour constitutionnelle (totalement aux ordres), qui décidera du nom du vainqueur de la présidentielle du 27 août. Vainqueur d’ores et déjà connu pour ces deux institutions, qui roulent pour le même candidat : le BOA suprême.

A moins que l’opposition, en désignant un candidat unique, se décide de se mettre en ordre de bataille pour changer la donne. C’est la seule façon de battre le candidat de la majorité présidentielle. C’est le moindre mal qu’on peut souhaiter aux Gabonais et Gabonaises dont le pays est, littéralement, confisqué par une clique de « profito-situationnistes » managés, depuis le Palais du Bord de Mer, par le chef de la légion étrangère dont les pratiques horribles de détournement de fonds, sont connues de tous.

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