GAMBIE : Yahya Jammeh choisit la Guinée équatoriale comme pays d’exil

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L’ex-président gambien, Yahya Jammeh, a quitté son pays, samedi, 21 janvier, soir (notre photo), pour s’exiler en Guinée équatoriale via la Guinée, après avoir cédé le pouvoir à Adama Barrow, mettant fin à six semaines de crise politique et déclenchant des manifestations de joie à Banjul.

M. Jammeh, 51 ans dont plus de 22 à la tête du pays, en boubou blanc, comme à son habitude, a pris place à bord d’un jet privé, qui a décollé peu avant 21h20 locales (et GMT), avec à bord, le président guinéen, Alpha Condé. Il a été salué par une fanfare militaire et acclamé par des partisans regroupés sur le tarmac.

Dans une déclaration lue en son nom, samedi soir, sur la télévision d’Etat GRTS, l’ex-président a souhaité bon vent à son successeur, élu le 1er décembre, mais, dont il avait contesté la victoire après l’avoir félicité, dans un premier temps.

A la demande de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Adama Barrow est accueilli, depuis le 15 janvier, à Dakar, au Sénégal voisin, où il a « prêté serment », jeudi, dans l’ambassade gambienne. Une véritable investiture, en présence des chefs d’Etat de la sous-région et des autorités nationales (politiques, civiles, militaires et religieuses) conduite par la Cour suprême, aura lieu, avant l’installation en bonne et due forme du président élu, Adama Barrow, dans ses fonctions de président de la République.

Dans sa déclaration, M. Jammeh a invité « le président Barrow à rentrer immédiatement » pour exercer ses fonctions « de président, chef de l’Etat, chef de l’armée ».
Des proches et collaborateurs de M. Jammeh ont, aussi, quitté Banjul, samedi soir, mais, dans un avion mauritanien. Cet appareil et le jet privé ont atterri, à Conakry, vers 22h00 locales (et GMT), selon un journaliste présent à l’aéroport et un responsable de la police aéroportuaire.

Mais il n’a fait qu’une « escale à Conakry avant de rejoindre la Guinée équatoriale », a indiqué la présidence guinéenne dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche. Cette destination a été confirmée par le président de la Commission de la CEDEAO, Marcel Alain de Souza, devant la presse.

M. Jammeh a, ensuite, embarqué, dans un avion spécial dépêché, samedi après-midi, à Conakry, par la présidence équato-guinéenne. Il a décollé de la capitale guinéenne, samedi, à 23h50, selon un journaliste.
Tout avait été préparé pour accueillir, temporairement, M. Jammeh et sa suite en Guinée, « mais il a changé d’avis », sans explication, a-t-on dit.

En apprenant que Yahya Jammeh avait, effectivement, quitté la Gambie, des habitants de Banjul sont sortis dans les rues, manifestant leur joie, notamment, à Grand Banjul (banlieue).
« Nous sommes libres maintenant ! », a lancé Fatou Cham, 28 ans. Pour Modou Lamin Dumbuya, 25 ans, « Jammeh saura maintenant ce que cela veut dire, d’être réfugié à l’étranger ».

Ses partisans, eux, louaient son sens du sacrifice. « Il est parti par amour pour la Gambie, pour le bien de l’Afrique », a dit Basainay Badjie, 42 ans.
Ce départ a été obtenu à l’issue d’une médiation conduite par les présidents mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz et guinéen Alpha Condé, mandatés par la CEDEAO (15 pays dont la Guinée mais pas la Mauritanie).

Dans un communiqué, M. Condé « s’est félicité de l’issue heureuse de la crise en Gambie, qui a permis par le dialogue d’éviter un bain de sang ».
Dans une déclaration commune publiée peu après le départ de l’ex-président, la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU, ont annoncé garantir les droits de Yahya Jammeh, y compris à revenir dans son pays, saluant sa « bonne volonté » pour parvenir à un dénouement pacifique de la crise.

Les trois organisations veilleront à le soustraire, avec les siens, aux tentatives de « harcèlement » et de « chasse aux sorcières ». Elles se portent, également, garantes des propriétés de l’ex-président, de sa famille, des membres de son régime ou de son parti, selon le texte.

Depuis l’éclatement, le 9 décembre, de la crise née du refus de Yahya Jammeh de céder la place à Adama Barrow, de multiples initiatives ont été prises pour le faire changer d’avis, notamment, par la CEDEAO, sans succès, jusqu’à la médiation de vendredi.

Peu après la « prestation de serment » d’Adama Barrow, jeudi après-midi, la CEDEAO avait fait entrer des troupes de plusieurs de ses pays en territoire gambien. Ce déploiement avait, ensuite, été suspendu pour donner des chances à la nouvelle médiation.

Selon la déclaration commune CEDEAO-UA-ONU, il sera mis fin aux opérations militaires et la CEDEAO « poursuivra la résolution pacifique et politique de la crise ».

Devant la presse à Dakar, Marcel Alain de Souza, cité par l’Agence de presse sénégalaise (APS, officielle), a, cependant, indiqué que les forces de la CEDEAO resteraient en Gambie « le temps nécessaire » pour sécuriser le retour de M. Barrow. Ce dernier pourrait quitter Dakar, ce dimanche, a indiqué une source à la présidence sénégalaise. Dans cette épreuve de force qu’il vient de gagner, Adama Barrow a, tout de même, perdu un de ses cinq enfants, un garçon âgé de 8 ans, mort de suite de morsures de chiens, dimanche dernier.

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