L’Erythrée est un des cinq Etats (dont la Russie), qui ont voté contre la résolution de l’Assemblée Générale des Nations-Unies condamnant l’invasion de l’Ukraine. C’est le seul Etat africain qui s’est opposé à cette résolution. Tous les autres se sont abstenus ou ont choisi de ne pas participer au vote.
Ce pays de 5 millions d’habitants situé au Nord-Est du continent, sur la côte de la Mer Rouge, est une dictature effroyable.
Service militaire obligatoire pour les hommes et femmes de 17 ans à 40 ans sans limitation de durée, travail forcé, rafles, séparations familiales, emprisonnements arbitraires, tortures, parti unique, absence de liberté de la presse caractérisent ce régime dirigé d’une main de fer par Isaias Afwerki, un homme qui a incarné la lutte pour l’indépendance et sans jamais avoir été élu, se maintient au pouvoir depuis plusieurs décennies, combattant toute opposition.
Formé en Chine, pendant la Révolution culturelle, Isaias Afwerki (notre photo) a coupé son pays du reste du monde. La misère et l’absence de liberté ont conduit depuis 2004, 1 million d’Erythréens à fuir. Les produits alimentaires sont rationnés. Un tiers de la population seulement dispose de l’électricité.
Les relations avec la Russie, à part un projet de port qui a vite échoué, sont inexistantes.
Le motif invoqué par l’Erythrée pour refuser de condamner l’invasion de l’Ukraine est le rejet de sanctions exacerbant les tensions et allant à l’encontre des intérêts des populations.
De la part d’un dirigeant que certains observateurs comparent à Pol Pot ou au président nord-coréen, Kim Jong-un, ce souci affiché du sort des populations est indécent. Il s’agit plus vraisemblablement de la fascination du président érythréen pour.les régimes forts qui font fi des droits humains.
L’Erythrée est une prison à ciel ouvert. De nombreux érythréens n’hésitent pas à traverser, au péril de leur vie, la Méditerranée pour échapper à cet enfer.
Patrick David
Docteur en droit