IDEES NEUVES : De Charybde en Scylla (version Côte d’Ivoire)

Date

« La politique est l’art de chercher des ennuis,

de les trouver partout, de les diagnostiquer à

tort et d’appliquer des remèdes inappropriés »

Sir Ernest Benn

Il y a 15 ans, en avril 2010, le Professeur, Mamadou Koulibaly, alors Président de l’Assemblée Nationale, m’invitait à faire une contribution à une conférence dont le thème était : « Regard extérieur sur la Refondation », pour marquer les 20 ans d’existence de la fête de la liberté du Front populaire ivoirien (FPI).

Le FPI du Président, Laurent Gbagbo, m’avait dit le Professeur, Mamadou Koulibaly, avait décidé de laisser une large place à la réflexion et de se soumettre à la critique en interne et externe pour célébrer la parole libérée. Il s’agissait de rapporter les critiques et les suggestions de la diaspora dont je faisais partie à l’époque (en tant que professeur dans une grande université d’Australie, ndlr).

Le FPI disant accepter de se livrer au tribunal des intellectuels pour faire le procès de sa politique, je l’avais pris au mot et j’avais prévenu l’auditoire du Palais de la culture que je n’avais pas parcouru 15 942 kilomètres pour venir le caresser dans le sens du poil et m’étais livré sans complaisance à une critique en règle de la politique du parti au pouvoir, telle que perçue par la diaspora. (photo de Paulin Djité).

Morceaux choisis : « Le FPI paie le prix de sa relative inexpérience dans l’exercice du pouvoir » ; « Gbagbo n’est pas le problème, ce sont ceux qui sont autour de lui qui sont le problème » ; « Chez les Refondateurs, toutes les excuses sont bonnes pour justifier les échecs » ; « Plus le FPI se précipitait dans les institutions de la foi tous les dimanches, moins il était conciliateur et moins il était tolérant » ; « Comment un peuple si pieux peut-il être si violent ? » ; « Existe-il un Dieu pour les Refondateurs différent de celui de leurs adversaires politiques ? » ; « L’adversité n’exclue par la civilité ; on peut être très incisif, mais il faut le faire dans la courtoisie ». Pour la diaspora que je représentais, et le FPI et la rébellion portaient la responsabilité des souffrances du peuple.

Ce discours n’avait pas plu aux thuriféraires du pouvoir qui s’étaient plaints d’un « regard déséquilibré » et affirmaient qu’il n’y avait pas de problème d’étrangers en Côte d’Ivoire. Ce discours figura longtemps sur le site Web du RDR. J’aurais tant aimé que le RDR, aujourd’hui RHDP, m’invita à son tour pour me livrer au même exercice, sans fioritures. Il m’entendrait probablement lui dire les mêmes vérités, et sans doute encore plus, que ce pays va de Charybde en Scylla ; parce qu’il est tout simplement dommage que l’on observe des absurdités et des méchancetés mille fois plus graves, 15 ans après les horreurs de 2010/2011. Je sais que, comme disait Napoléon Bonaparte, « En politique, la stupidité n’est pas un handicap » ; j’en viens cependant à convenir avec les anglophones que : « Les politiciens et les couches ayant une chose en commun, ils devraient tous les deux être changés régulièrement, et pour la même raison ».

Paulin G. Djité, PhD, NAATI III, AIIC

Chevalier dans l’Ordre des Palmes Académiques

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

Laisser un commentaire

×
×

Panier