La Banque africaine de développement (BAD) a revu à la baisse ses perspectives de croissance pour Madagascar. D’abord estimées à 5.3%, elles devraient tourner autour de 3.6% pour la période 2025-2026. Une contraction de 1.7 point qui pousse la BAD à qualifier cette prévision de décevante. Alors que la Grande Ile poursuit son rapprochement avec les Emirats arabes unis, les marchés semblent indifférents quant à d’éventuelles retombées économiques. Leur perception serait sans doute tout autre si la restitution des Iles Eparses était la priorité de l’Etat malgache.
En déplacement à Antananarivo début mai, Emmanuel Macron n’a pas eu peur de réitérer sa position à son hôte, à savoir que la France ne restituera pas les Iles Eparses à Madagascar (Comme le montre notre photo, cette dénomination des Iles Éparses recouvre un ensemble de cinq îles dans l’Océan Indien : Bassas da India, Europa, Juan da Nova et Glorieuses dans le canal de Mozambique, puis, Tromelin, plus isolée dans l’Océan Indien. Depuis 1950, à la demande de l’Organisation météorologique mondiale, la France y a implanté des stations météorologiques qui jouent dans la région un rôle déterminant dans la surveillance et la prévision des phénomènes cycloniques au bénéfice des territoires français et des pays voisins, membres de la Commission de l’Océan Indien). . Pour comprendre les raisons de l’obstination de la France, il convient de regarder ce que vaut l’espace querellé. En effet, malgré sa petite superficie, et qu’il soit situé à une demie journée de vol de Paris, ce territoire est doté de grandes richesses naturelles. On y trouve des gisements miniers, des ressources halieutiques et d’autres d’ordre biologique, qui n’attendent que d’être exploitées.
Mettre la main sur un tel environnement permettrait une transformation radicale de l’économie nationale de la Grande Ile, et résoudrait, en majeure partie, les défis de pauvreté, d’inflation et de chômage auxquels font face les populations malgaches au quotidien. L’Etat malgache n’aurait, ainsi, pas besoin d’aller contracter des alliances contre nature avec un régime comme celui d’Israël, dont les membres du gouvernement d’extrême droite s’accommodent de l’indignation et de la controverse qu’ils créent au niveau international depuis bientôt plus d’un an et demi.
Quand on regarde la gestion du dossier des Iles Chagos par l’Ile Maurice, on ne peut s’empêcher de dresser un parallèle avec celui des Iles Eparses et Madagascar. Contrairement à ce dernier dont les indicateurs économiques sont au rouge, l’Ile Maurice possède l’une des économies les plus robustes en Afrique. Ce qui ne l’a, pourtant, pas empêché de faire pression pour qu’une résolution du différend sur les Iles Chagos aboutisse. D’ailleurs, en matière de négociation, les Anglais et les Américains sont-ils connus pour être plus souples que les Français ?

La solution aux problèmes économiques de Madagascar se trouve dans les Iles Eparses, et attend simplement d’être abordée avec suffisamment de détermination du pouvoir malgache. Sans une intense pression d’Antananarivo, il ne faut pas s’attendre à ce que Paris lâche prise. Cela fait plus de 44 ans qu’elle viole ouvertement les résolutions entérinées au plus haut niveau aux Nations-Unies et elle ne changera pas de cap d’elle-même. Il importe qu’Andry Rajoelina et ses équipes fassent de la résolution de ce conflit leur priorité car leur économie a tout à y gagner.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)