KENYA-MAROC : Un rapprochement diplomatique rendu possible grâce au thé

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William Ruto prend définitivement ses distances du Front Polisario. Après trois années de pourparlers, il a fini par acter son rapprochement avec Mohammed VI, anéantissant ainsi les efforts d’Abdelmadjid Tebboune pour empêcher un tel scenario. En septembre 2022, c’est Ruto lui-même qui, au lendemain de son investiture, à laquelle avait été convié Brahim Ghali, annonçait rompre tout lien avec le Front Polisario. Alger avait alors tenté de rattraper le coup, jusqu’à l’annonce en mars 2024 par Nairobi de l’ouverture d’une première ambassade à Rabat.

Pour attirer le président kényan, le souverain marocain n’a pas eu besoin de beaucoup en faire. En effet, la principale concession obtenue de ce dernier a été de consentir à renforcer les importations et capacités industrielles de production de thé kényanes. Ayant irrité le Soudan pour s’être ingéré dans le conflit interne entre le général-président, Abdel Fattah al-Burhane, et Hemedti, Nairobi a perdu l’un de ses plus gros acheteurs de thé. Une information qui a considérablement facilité les discussions bilatérales entre les capitales marocaine et kényane (sur notre photo, Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, est reçu par le nouveau président du Kenya, en septembre 2022).

L’Algérie s’était pourtant positionnée la première sur cette préoccupation majeure pour le Kenya au point de l’approvisionner à plusieurs reprises en engrais afin de stimuler sa production agricole. Néanmoins, n’ayant pas vraiment les moyens de sa politique, car elle-même étant confrontée à des problèmes d’insécurité alimentaire, elle n’a pas été en mesure de consolider cette assistance au Kenya, et de s’assurer, en contrepartie, de son soutien indéfectible sur la question du Sahara occidental. Alger peut nourrir de réels regrets à cet égard. 

Officiellement, Nairobi explique que son alignement sur Rabat tient lieu de la préférence des Nations-Unies pour la solution marocaine du litige de l’autodétermination des populations sahraouies. Ce qui est n’est naturellement pas vrai surtout venant d’un spécialiste de la volte-face tel que William Ruto.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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