Selon des données prévisionnelles de la Banque centrale du Kenya, Nairobi devrait collecter 5 milliards de dollars de recettes pour le compte de 2025 dans le cadre du programme pour l’emploi à l’international mis en place par l’administration de William Ruto. Ce dispositif, l’une des rares promesses de campagne tenues par ce dernier, n’a, cependant, pas vocation à transformer le quotidien des Kényans, à moins d’appartenir à une élite proche du pouvoir.
Ce que ni la Banque centrale du Kenya, ni le ministère du Travail kényan ne disent, c’est qu’une bonne partie de cette manne financière provient des opportunités d’emploi présentées aux femmes kényanes dans les pays du Golfe, notamment, en Arabie Saoudite, cachant, en réalité, du travail d’esclaves. En effet, d’après le New York Times, plusieurs d’entre elles s’y étant rendues auraient détaillé des récits concordants sur des abus des mains de leurs employeurs saoudiens (sur notre photo, William Ruto le 24 octobre 2023 à Riyad avec le prince héritier Mohammed bin Salma. Ont-ils parlé de l’esclavage des Kényanes en Arabie Saoudite ?).
Ayant sollicité l’aide des responsables de leur ambassade, elles affirment que la validation de leur requête était conditionnée par des propositions indécentes (sexe, argent). D’abord, dans le déni, Nairobi n’a pas, non plus, su expliquer aux familles de victimes comment des centaines d’entre elles ont pu mourir bien que vivant avec leurs riches patrons, ni même l’incohérence entre le rapport d’autopsie des corps rapatriés et la cause de mort naturelle systématiquement retenue par les médecins de ces contrées.
William Ruto, qui est issu d’un milieu modeste et qui s’était engagé à améliorer le bien-être des classes moyennes une fois au pouvoir, fait aujourd’hui partie de ceux qui s’enrichissent sur leur dos. Adepte du dilatoire, le dirigeant n’a puni aucun des diplomates nommément indexés par les victimes du trafic d’esclaves présumé que son gouvernement aurait aidé à légitimer. A l’image des policiers kényans soupçonnés de violences excessives lors des manifestations en juin 2024.

Après les répressions meurtrières contre les Kényans en colère, la diplomatie des kidnappings, et la déstabilisation menée au Soudan et en RDCongo, Ruto ajoute l’esclavage moderne à son portefeuille d’activités controversées déjà bien rempli. A ce niveau, la bonne volonté à elle seule ne suffit pas pour réussir à accumuler autant de casseroles sur les plans domestique et international. Rien ne dit, d’ailleurs, qu’il a fini de surprendre, le prochain scrutin général n’étant prévu qu’en 2027.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)





