KIEV ET SAINT-PETERSBOURG : Chers présidents Macky Sall, Azali Assoumani, Denis Sassou Nguesso, Cyril Ramaphosa, Yoweri Museveni, Hakainde Hichilema, Abdel Fattah al-Sissi, n’allez pas là bas !

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Parce que l’Afrique est un continent affecté par de très nombreux conflits armés dont personne ne s’occupe et qui demandent des solutions d’urgence, le voyage que sept chefs d’Etat africain voudraient entreprendre pour réconcilier les présidents russe, Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky, passe très mal en Afrique. Ce voyage ne doit pas se faire :

Parce que charité bien ordonnée commence par soi même : « La Corrèze avant le Zambèze » ! Les présidents, Azali Assoumani (Union africaine et Comores), Macky Sall (Sénégal), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Yoweri Museveni (Ouganda), Hakainde Hichilema (Zambie) et Abdel Fattah al-Sissi (Egypte), laissent les Soudanais à leur triste sort dans une capitale, Khartoum, qui croule sous les bombes et qui est déjà détruite aux deux-tiers, pour courir réconcilier Poutine et Zelensky, alors qu’au même moment, leurs frères soudanais, les généraux et guerriers, Al Burhane et Hemedti, n’ont jamais autant eu besoin d’être secourus qu’aujourd’hui. Que les sept chefs d’Etat concernés s’occupent, d’abord et avant tout, du Soudan (dont la mort lente à cause de notre inaction commune fait mal) pour y faire taire les armes et arrêter l’exode des populations vers le Soudan du Sud, l’Egypte, le Tchad (où on compte déjà 200.000 refugiés soudanais), etc. (sur notre photo, le transfert des charges de président en exercice de l’Union africaine entre Macky Sall président du Sénégal et Azali Assoumani président des Comores le 18 février 2023 à Addis Abeba).

Qu’on pardonne mon impertinence mais je dois poser la question : Le président en exercice de l’Union africaine, le colonel, Azali Assoumani, doit il accepter d’être un supplétif d’une mission initiée par une fondation privée (jusque-là inconnue) aux intérêts inavoués pour soi-disant défendre des causes qui outrepassent sa compétence ? La réponse est NON. Monsieur le Président Azali, n’y allez pas ! Ce n’est pas votre rôle. Nous attendons que le président en exercice de l’Union africaine que vous êtes, bouge de Moroni pour aller parler aux frères ennemis soudanais ou libyens en guerre et non pour devenir le bouche-trou d’une délégation où, au départ, on ne voulait pas de vous.

Il faut d’ailleurs noter que d’autres chefs d’Etat contactés pour faire partie de ce fameux voyage et non les moindres que je me garderai de citer ici, ont trouvé cette initiative inappropriée, curieuse, pas très crédible et suspicieuse. Ne maîtrisant ni les tenants ni les aboutissants d’une telle mission (qui est conduite par une fondation privée présidée par un Européen), ils ont préféré, tout simplement, ne pas y donner suite. Par prudence, guidés par la sagesse africaine. Nous sommes fiers de cette catégorie de chefs d’Etat, qui refusent la manipulation.

« Quand la case de ton voisin brûle, hâte-toi de l’aider à éteindre le feu de peur que celui-ci ne s’attaque à la tienne », dit un proverbe bantu. Cette case du voisin, c’est Khartoum. C’est Tripoli. Ce n’est ni Kiev ni Moscou ou Saint-Pétersbourg, qui sont à plusieurs milliers de kilomètres des capitales africaines.

Distingués présidents, Azali Assoumani, Macky Sall, Denis Sassou Nguesso, Cyril Ramaphosa, Yoweri Museveni, Hachainde Hichilema, Abdel Fattah al-Sissi, s’il vous plaît, laissez les présidents chinois, Xi Jinping et turc, Recep Tayyip Erdogan, dont la facilitation est acceptée par les présidents russe et ukrainien, continuer leur travail sans votre interférence. Ils pourront s’ils le souhaitent s’adjoindre, en cas de besoin, les services des présidents du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva et indien, Narendra Modi. Tel que vous voulez vous engager, c’est du tourisme que vous allez faire. En dehors du m’as-tu vu, aucun résultat n’est à attendre de votre mission. Certes, les présidents Poutine et Zelensky vous écouteront (poliment), mais, votre action n’aidera en rien au retour de la paix que tout le monde souhaite en Ukraine.

Distingués présidents, s’il vous plaît, annulez votre voyage. Il nous fait honte !

Professeur Paul TEDGA

est Docteur de l’Université de Paris 9 Dauphine (1988)

Auteur de plusieurs ouvrages

Fondateur en France de la revue Afrique Education (1993).

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