L’Affaire Tandja Bachir et le mysticisme de Sassou qui fait absorber aux Congolais ses selles pour engourdir leur conscience

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Note aux lecteurs : Pour comprendre profondément ce texte, nous vous conseillons de lire, d’abord, l’interview que son auteur a fait paraître sur ce même site (www.afriqueeducation.com), ce mardi, 2 mai, à 15h03. C’est tout simplement déconcertant.

LE TRAVAIL DIABOLIQUE DE TANDJA AUPRES DE DENIS SASSOU-NGUESSO

La mission de ce magicien consistait à travailler sur les excréments de Sassou que Jean Dominique Okemba (JDO) lui transmettait pour être répandus, deux fois par semaine, dans les citernes d’eau potable des villes de Brazzaville, Pointe Noire et Dolisie afin d’endormir tous ceux qui en usent pour leurs besoins quotidiens (consommation directe, cuisine, bain, lessive, nettoyage, etc).
Tandja dit que son travail de maraboutage et d’envoûtement du peuple congolais a pris fin le 15-4-2015 après 18 ans d’incantation magico-fétichiste au profit de Sassou et de ses deux enfants qu’il destine à la politique ( Christel et Claudia.)
Ayant discerné que la vie politique de Sassou a spirituellement pris fin, il ajoute que son client n’a pas accepté la solution alternative qu’il lui a proposée tendant à lui garantir l’inviolabilité judiciaire et politique à la fin normale de son mandat en août 2016.
La nouvelle version du travail mystique de Tandja devrait consister à faire de Sassou «  un retraité doré et adulé par toute l’Afrique un peu comme un second Mandela pour l’Histoire. Mais à ma grande déception, il tomba aussitôt dans un état de total désarroi et insista sur sa vision de présidence à vie, devant Jean Dominique Okemba et Emmanuel Yoka ». C’était le 15 avril 2015.
Selon Tandja, Sassou qui veut s’incruster au pouvoir, se serait tourné vers l’Inde où les magiciens lui auraient demandé des sacrifices colossaux de 10.000 âmes et 2 milliards de dollars US  pour un travail que, lui, Tandja connaissant les circonstances, juge, désormais, inopérant spirituellement du fait que le pouvoir de Sassou est arrivé à son terme.

SASSOU-NGUESSO N’EST PAS UN ENVOYE DE DIEU LOIN S’EN FAUT

C’est oublier que depuis belle lurette, Sassou se maintient artificiellement au pouvoir en se prévalant de la force des armes, de la corruption, de la fausse application du droit constitutionnel, du trucage des élections, du chantage pétrolier, le tout servi par un mensonge et une violence exacerbés.
Tout pouvoir vient de Dieu, a-t-on coutume de dire dans le microcosme politique sassouiste, en manque de justification divine. Rien de plus faux car le diable a ses propres voies d’accession au pouvoir plus largement ouvertes aux dictateurs qu’aux démocrates.
Dieu a les siennes, réservées à ceux qui le respectent en servant fidèlement son peuple. Et c’est loin d’être le cas de Sassou dont le pouvoir est, sans aucun doute, d’origine satanique.
C’est en vain qu’on cite, souvent, l’évangéliste Paul en sa Lettre aux Romains pour tenter d’absoudre les pouvoirs tyranniques, comme celui qui est incarné depuis 32 ans par Sassou-Nguesso au Congo :   « Tout pouvoir vient de Dieu »  veut dire que le pouvoir parce qu’il est d’essence divine, n’est pas susceptible d’appropriation et que nul ne peut s’en prévaloir au mépris des lois justes.
Cela ne veut nullement dire que tous les pouvoirs sont justifiés devant Dieu.
Au contraire, cela veut dire que Dieu peut mettre un terme à tout pouvoir terrestre car tout ce qu’il lie au Ciel est aussi lié sur la Terre.
Plus spécifiquement, la lettre de Paul aux Romains comprend deux parties qui ne doivent pas être ni confondues, ni isolées de leur contexte littéraire car un texte extrait de son contexte devient un prétexte : la première partie qui énonce des vérités doctrinales, ne nous concerne pas ici.
C’est la seconde partie qui nous intéresse, là où le célèbre évangéliste s’adresse, par des exhortations pastorales, à la communauté chrétienne de Rome.
Celle-ci s’était établie à Rome depuis l’empereur Caligula ( An 37 à 41 après J. C.). Mais plusieurs missionnaires judéo-chrétiens furent chassés de Rome par l’empereur Claude ( 41 à 54 après J. C.). Avec l’empereur Néron, les chrétiens furent l’objet de répressions sanglantes, accusés injustement d’avoir incendié la Ville de Rome. Paul et Pierre eux-mêmes y laissèrent leur vie en martyrs.
Voila le contexte dans lequel Paul écrivit la fameuse lettre en disant à ses coreligionnaires  en substance : soyez soumis aux autorités ; les magistrats ne sont pas à craindre quand on fait du bien mais quand on fait le mal ; l’autorité est un instrument de Dieu pour vous conduire au bien ; toute autorité vient de Dieu, etc.
En définitive, et pour clore la controverse définitivement, je l’espère, l’expression «  toute autorité vient de Dieu » est une exhortation liée aux circonstances historiques précises qui ne saurait servir d’assise à n’importe quelle autorité.
Qui peut croire, en effet, un seul instant, que sous prétexte d’exercer un pouvoir qui lui viendrait d’en haut, Dieu aurait autorisé Sassou-Nguesso à piller le Trésor public, à truquer les élections, à empoisonner tous ceux qui lui résistent, à assassiner les paisibles populations du Pool, à fomenter des guerres civiles, à braver la communauté internationale, à pactiser avec les troupes étrangères quand cela l’arrange pour arracher le pouvoir par la force des armes ?
Personne, hormis ceux qui trouvent en lui la source de leur enrichissement personnel et sans cause et de leur impunité, qui pactisent avec lui dans des opérations louches ou qui prennent plaisir à la destruction méthodique de l’Etat.
Même le plus illettré des Congolais lambda estime que Sassou doit partir et il le fait savoir publiquement au risque de sa vie en déclamant : Sassouffit
Revenons sur l’Affaire des excréments : Au fond, la mise au point de Tandja est venue comme pour dire aux observateurs que le président Sassou-Nguesso ne veut pas partir du pouvoir, qu’il est prêt de nouveau à enjamber les morts et que sa volonté morbide de contourner les obstacles dirimants de l’âge et du nombre de mandats, fût-ce par un changement de surcroît irrégulier de la Constitution du 20 Janvier 2002, participe d’une action forcée qui n’est rien de moins qu’un coup d’état constitutionnel.
La suite nous prouve qu’il en était bien, ainsi, dans la mesure où les mêmes actions de coup de force se sont poursuivies avec le référendum du 25 octobre 2015  et l’élection présidentielle du 20 mars 2016.
Le référendum constitutionnel, en particulier, a été une horrible manœuvre inédite, car il a été soumis au peuple dans une opacité et un cafouillage dignes de l’homme des ombres, alors que deux étapes distinctes, préalablement, expliquées et discutées, eussent été nécessaires, voire, obligatoires.
En l’espèce, il aurait fallu solliciter, dans un premier temps, et obtenir le vote du peuple sur la question fondamentale du changement de la constitution du 20 janvier 2002, puis, dans un second référendum, demander l’accord de ce même peuple sur le texte de la nouvelle constitution.
Il n’est pas concevable, à peine de nullité de la consultation référendaire, que deux questions aussi essentielles mais exclusives se soient télescopées et dissoutes en un seul vote illisible, puis, noyées dans une élection présidentielle tout aussi opaque.
De telles choses n’arrivent qu’au Congo de Sassou-Nguesso où les gens ne sont pas regardants sur la conduite de ce bien commun qu’est l’Etat dans la mesure surtout où le président a voulu prendre ses opposants de court dans un processus précipité ayant abouti à la création d’une prétendue nouvelle République non dénommée. Quelle République ?
S’agirait-il de la cinquième, sixième, septième ou neuvième République ? Le débat est ouvert, chers juristes, et il promet d’être ravageur à l’encontre de notre éternel président de la République. Comment se fait-il, en effet, que les Républiques changent et le président Sassou, toujours lui, demeure indéboulonnable comme une statue de bronze ?
La «  Nouvelle République », quelle qu’elle soit ne changera rien au malheur des Congolais parce que la mauvaise gouvernance et les vices du Système Sassou-Nguesso sont consubstantiels à l’Homme des Actions concrètes. Et c’est lui qu’il faut changer et non les textes.
Il est du reste étonnant qu’aucun opposant ou homme de robe, ne lui ait contesté juridiquement ni le droit de procéder au changement de la constitution du 20 janvier 2002, ni la procédure pirate choisie du référendum constitutionnel, ni l’avancement d’échéance de l’élection présidentielle qui se veut pourtant intangible, hors les cas limitativement prévus par la loi, de forfaiture, de démission, d’incapacité ou de décès.
Les prétendants au pouvoir d’Etat, submergés par un agenda multidimensionnel, avaient visé plutôt l’élection présidentielle, oubliant que pour y parvenir, il était impérieux que fussent balisée la route et fixées les modalités d’accès.
Denis Sassou -Nguesso qui, seul, détermine les tenants et aboutissants de la politique au Congo, a beau jeu de laisser les autres protagonistes suivre de loin ,la cadence par lui insufflée et s’engouffrer dans les nombreux pièges tendus.
Piège des concertations individuelles sujettes à caution du palais présidentiel ; piège des concertations illusoires d’Ewo, de Dolisie, de Sibiti, dont les décisions lorsqu’elles ont lieu, ne sont pas dénuées d’arrières-pensées et, de toute façon, ne sont pas appliquées ; piège du changement constitutionnel ; piège de l’élection présidentielle précipitée dont les modalités sont ficelées d’avance dans les officines du PCT avec un corps électoral et des instruments de vote bidouillés par la «  Commission nationale électorale indépendante » qui n’est indépendante que de nom car composée des mêmes éléments du PCT et de l’Administration reconduits de l’ancienne Conel, à l’exclusion de ceux de l’opposition réelle incarnée par l’IDC-FROCARD ; piège de la Cour constitutionnelle censée dire le droit, le bon droit, mais, qui n’est qu’un arbitre partisan comme on en voit dans la plupart des Républiques bananières.
La Cour constitutionnelle, en particulier, ne manque pas d’expertise, mais de capacité de l’exprimer librement.
En vérité, Sassou-Nguesso est un partenaire non fiable qui ne mérite aucune confiance au plan politique. Il faut que tous ceux qui font la politique avec ou contre lui le sachent bien avant de se risquer de lui faire le moindre crédit, à moins de lui vendre son âme.
La question de la Commission électorale semblait avoir trouvé son positionnement définitif au Congo, lorsque sous le Régime de Pascal Lissouba, la classe politique avec l’impulsion de l’opposition alors conduite par Sassou-Nguesso, avait décidé démocratiquement qu’elle serait présidée par un membre de l’Opposition et composée de façon mixte.
Or, voici que Denis Sassou-Nguesso, reprenant les reines du pays, en vient à monopoliser toute la structure sous sa férule en jetant aux orties tout ce qui constituait, en 1992, la trame de son action hors du pouvoir ( transparence électorale, commission paritaire, liberté de la presse, égalité de traitement dans le jeu politique et l’administration publique, libre accès de l’opposition aux médias publics, etc .).
Pour toutes ces choses, que dalle, une fois Sassou-Nguesso revenu à la barre du navire national. On savait déjà qu’il n’est pas l’homme de paix que ses thuriféraires vantent. Il faut qu’on se mette à l’esprit maintenant et une fois pour toutes, qu’il est le plus grand commun diviseur du pays. Il se permet en les corrompant de diviser les familles, les partis politiques, les ethnies, etc.
C’était une digression qui me paraissait utile, mais revenons au sujet principal : je ne porterais pas un jugement de valeur sur les rapports du marabout Tandja et de son client Sassou, car si je connais bien celui-ci, j’ignore celui-là du tout au tout.
Je suis néanmoins persuadé qu’il y a une part incontestable de vérité dans ses révélations, d’autant plus qu’il évoque, par ailleurs, l’intervention non contestée de certains personnages du pouvoir dans l’opération d’envoûtement, qu’il s’agisse de JDO, d’Emmanuel Yoka, de Tsienzel et, bien sûr, de ses deux enfants directement concernés.
Le nom du Ministre, Pierre Mabiala, cité par Tandja, dans l’envoûtement de ses propres parents de Dolisie, en sa compagnie, ne l’a pas été par hasard, même s’il ne lui parait pas évident que ce chaud partisan sassouiste connaissait «  les détails » de sa mission sur le terrain.
Mais, il n’est pas nécessaire qu’il ait connu les détails, en l’espèce, magico-fétichistes, de la mission. Il suffisait qu’il ait su l’objet du déplacement de Tandja, sujet étranger en terre Diangala, pour en être partie prenante.
Tandja se défend d’avoir été à l’origine de la mort de Mgr Kombo qui aurait été mis «  au courant du rituel de l’eau ». Et de préciser que son client lui prescrivait parfois de travailler au cas par cas sur certains dignitaires civils et militaires, parmi lesquels Tsaty Mabiala, Dzon, Mierassa, Mpouélé, Okombi Salissa, Parfait Kolélas dont les travaux mystiques «  n’avaient pas connu leur achèvement suite à un désaccord avec son client en présence d’Emmanuel Yoka ».

QUE S’EST-IL PASSE LORSQUE J’AI ETE INFORME DE LA SOUILLURE DE L’EAU PUBLIQUE

Cela étant, mon témoignage se veut antérieur et imparable, c’est-à-dire, prenant racines au sein du peuple, bien avant que Tandja n’eût commencé de réaliser les faits par lui relatés. Cela pour souligner que l’envoûtement par Sassou-Nguesso des consommateurs de l’eau potable de la SNDE est une pratique avérée qui date des années quatre-vingts.
J’étais alors ministre du Commerce et des PME, lorsque je fus informé le 12 mai 1988 des pratiques nauséabondes, ignominieuses et démoniaques du président, consistant à déverser ses excréments, urines et déchets corporels, dans l’eau potable des agglomérations urbaines de Brazzaville-Pointe- Noire et Dolisie.
Bravant la mort, je pris mon courage à deux mains, pour faire savoir indirectement au président que j’étais au courant en les désapprouvant de ses faits et méfaits. Je prescrivis alors à une entreprise étrangère qui opérait dans notre pays de construire, à Mpila, à un jet de pierres de sa résidence privée présidentielle, sur un terrain vide, vers le siège du Syndicat unique, une usine d’épuration et de mise en bouteille d’eau potable.
Mais, lorsqu’il s’en aperçut, informé par ses services, le président piqua une colère rouge  et donna illico presto à ses hommes de basse besogne l’ordre de détruire l’usine au moment même où elle était devenue presque opérationnelle, employant une quinzaine de travailleurs congolais et deux techniciens expatriés.
Dépassant ma déconvenue, je voulus m’expliquer devant le Chef de l’Etat, mais il refusa de répondre à mes demandes réitérées d’audience. Au Conseil des ministres, son regard devenait fuyant pour ne pas croiser le mien. J’étais devenu une espèce de pestiféré qui attendait d’être débarqué du gouvernement dès le prochain remaniement ministériel. Ce qui ne me perturba guère.
Par cette action inouïe, j’avais pour ainsi dire engagé avec une certaine dose d’audace, un conflit dont je redoutais qu’il me conduisît à la tombe.
Mais comment aurais- je pu m’en laver les mains, sans jeu de mots, eu égard à la monstruosité du crime, moi qui prétends toujours œuvrer avec abnégation pour le bien commun ?

MA NOMINATION AU POSTE DE PREMIER MINISTRE

Sur ces entrefaites, intervinssent les préparatifs du 4ème Congrès ordinaire du parti unique(PCT) dont j’avais refusé, dès l’origine, d’être membre. Au terme de ce Congrès qui se tint du 26 au 31 juillet 1989, le président me fit, contre toute attente, une surprise de taille puisqu’il m’éleva au poste tant convoité de premier ministre et, par ricochet, au Bureau politique du PCT.
Bien que saluée par les observateurs extérieurs et l’opinion nationale, la décision du président prit, de court, l’intelligentsia politique de l’intérieur, le nouveau promu que j’étais n’étant ni membre confirmé ni a fortiori apparatchik du PCT, comme il se devait.
On se contenta néanmoins du côté de la présidence de rassurer de ci de là que le Congo avait commencé à rompre les liens avec le marxisme-léninisme pur et dur des statuts du Parti-Etat, et que, les cadres experts et patriotes y étaient les bienvenus, à côté des cadres experts et rouges arborant la médaille rouge de la faucille et du marteau.
Quant à moi-même, pris dans l’engrenage de l’eau souillée qui avait désarçonné le chef de l’Etat, je fis contre mauvaise fortune bon cœur. Je savais que la décision du président participait d’un stratagème savamment orchestré tendant à me rapprocher de lui, moi qui lui étais distant et susceptible de divulguer, s’il n’y mettait un terme, le secret (qui n’est point un secret d’Etat) de la souillure de l’eau publique.
En même temps, je craignais de devenir perméable à toutes nuisances de sa part. Mais un adage Vili dit : lorsque l’hippopotame apparaît au milieu du Fleuve, la pirogue ne peut plus chavirer. C’est quand il est sous l’eau qu’il est dangereux.
Comme flic et fin politique, Denis Sassou-Nguesso sait mieux que quiconque qu’on attrape plus facilement une mouche avec du miel qu’avec du fiel. Il avait donc plus à gagner en me nommant à ce poste qu’à toute autre fonction.
Toujours est-il que, tiraillé entre l’acceptation enthousiaste et le refus grincheux du poste, je m’inclinai sur la perspective, même risquée de peser sur le redressement d’une situation nationale fortement obérée.

MON SEJOUR DE TRAVAIL OU PLUTÔT DE FARNIENTE A OYO

De fait, dès ma nomination, le président, par le biais du Protocole d’Etat, me convia à le suivre, à Oyo, son village natal, pour y constituer, avec lui, le nouveau gouvernement. Ce que je fis non sans émoi.
Mais, arrivé à Oyo, dès le 1er août, au soir, quel ne fut pas mon étonnement d’avoir fait, en quelque sorte, un long voyage en Absurdie. Par ce que je dus y rester pendant 12 jours sans rien faire alors que 2 jours maximum de séjour eussent amplement suffi.
En outre, le chef de l’Etat ne me consacra aucune minute pour travailler ou recevoir mes propositions, ni sur la composition de l’équipe gouvernementale, ni sur sa feuille de route ni sur l’ébauche d’une politique économique gouvernementale, après l’échec cuisant du plan quinquennal 1984-1989.
Il devenait pour moi de plus en plus certain que le Congo allait continuer de naviguer de Charybde en Scylla.
Avec ses deux oncles paternel et maternel, Emmanuel Yoka et Antoine Ndinga Oba, il décida de tout, notamment, du choix des ministres, sans que j’eus à y apporter la moindre contribution en quoi que ce soit.
J’ai déjà décrit, chacun en ce qui le concerne, le rôle de ces deux personnages dans mon interview parue au Journal bimensuel Afrique Education n° 411 du 16 au 30 mars 2015. C’est avec eux que je discutais.
Encore fallait-il attendre le 7 ème jour pour qu’ils crussent nécessaire de me sortir de ma léthargie forcée, en me demandant de proposer au chef de l’Etat, un projet de structure gouvernementale, et c’était tout, à l’exclusion de toute autre chose.
Les circonstances auront pesé lourd pour que je n’aie quitté mes fonctions avant même qu’elles n’eussent commencé. Ainsi, je me persuadai effectivement que j’étais nommé premier ministre, puis, appelé à Oyo non pour contribuer à redresser une situation nationale dangereusement obérée, mais pour que le président, comme un fauve à l’affût devant un gibier sans défense, pût exercer sur moi quelque influence vengeresse et démoniaque.
Mais c’était sans compter avec la puissance divine qui déjouait pièges et sortilèges de toutes sortes jusqu’à ce que je rejoignisse Brazzaville sans avoir souffert de la moindre piqûre de moustique.
Oh que ce fut terriblement angoissant ! Denis Sassou-Nguesso avait perdu la partie, lors même que je prisse  le chemin du retour. Et la suite ne fut et n’est toujours jusqu’à nos jours qu’une série de répétitions de la trame tissée à Oyo.
Oyo n’était à l’époque qu’un petit village ordinaire comme il en existe dans l’hinterland, sans hôtel ni restaurant, puisque j’étais logé dans la maison de Maurice Nguesso, jouxtant la villa présidentielle, située au bord de l’Alima, me nourrissant à leur source.
Là, j’ai passé mes 12 jours de farniente et de longue attente comme jamais dans ma vie active, guettant vainement le moindre appel du Sommet, jusqu’ à ce que je menaçasse de rentrer à Brazzaville où je m’estimais plus utile.
Ce n’est point l’intérêt général qui m’avait destiné en ce lieu, on le voit bien, mais la volonté diabolique du timonier de me faire comprendre que j’étais sous sa coupe, pour être jaugé et soumis à toutes sortes d’intimidations sordides.
En fait, il s’attendait à ce que je perdisse à défaut de la vie, les forces ou l’intégrité physique, mais, je lui prouvai le contraire, sans rien céder en quoi que ce fût jusqu’à l’heure présente.
Même si, sur la route, mon véhicule, se retrouva dans le décor après Gamboma. Fort heureusement, personne parmi la petite équipée qui m’accompagnait ne fut atteint, grâce au Seigneur.
Le stratagème mis en place par le président Sassou n’avait pas fonctionné, de sorte que j’ai gardé par devers moi, le secret des excréments et urines, sans jamais le révéler à qui que ce soit, d’où sa détermination inexpugnable de me pourchasser sur toutes les latitudes.
Maintenant que Tandja s’est mis à dévoiler l’affaire aux termes d’un contentieux de gourou à client, je crois devoir souligner ce qui suit, à mon corps défendant.
Aux consommateurs de l’eau publique du Congo, autant vaut dire à tout le peuple congolais, je commence par dire qu’elle est toujours et de plus en plus infectée d’excréments et d’urines par Denis Sassou-Nguesso, le maître des lieux. Voici comment :

SASSOU-NGUESSO, UN VERITABLE DEMON, JE L’AI DEJA ECRIT EN D’AUTRES CIRCONSTANCES

Dans l’arsenal mystico-fétichiste hérité de Julien Nguesso, alias Poro-Poro, et dont JDO est devenu aujourd’hui au sein de la famille le grand maître incontesté, figurent entre autres sorcelleries et gris gris, le « Rite d’influence » consistant à souiller d’excréments et d’urines l’eau de la pompe, à partir des cuves publiques et ce, pour annihiler la conscience des consommateurs et ainsi les soumettre à l’action et à la personne du chef de l’Etat.
Il s’agit des excréments et urines à l’état brut, mixés des eaux de douche qu’il faut épandre dans les cuves, puits et nappes d’eau potable agrémentés d’une formule incantatoire en langue Mbochi sortie des pratiques mystico-fétichistes et transmis par Poro-Poro à Valentin Ambendé, son fils aîné.
Sassou Nguesso a longtemps pratiqué le Rite d’influence depuis son accession au pouvoir le 5 février 1979, d’abord, sur Brazzaville, puis, Pointe-Noire et Dolisie. Plus le champ d’épandage des excréments et urines est réduit, plus efficace est le résultat attendu.
De même, plus les eaux qui sortent de la pompe sont rares et colorées, mieux, cela vaut, à telle enseigne qu’il n’est pas étonnant que les Congolais souffrent de manque ou de rareté d’eau depuis des lustres induisant diverses maladies diarrhéiques.
Et cela ne changera point tant que Sassou restera au pouvoir. Car qui dit abondance d’eau dit amoindrissement de «  l’effet Excréments ».
Le Système semblait fonctionner à la satisfaction du président Sassou-Nguesso jusqu’à la Conférence nationale souveraine de février 1991. Mais le flot d’injures et de récriminations ainsi que sa mise en cause par les conférenciers, firent douter le dictateur de sa réelle influence auprès de l’opinion populaire et donc, de son système fétichiste.
C’est ainsi qu’à son retour au pouvoir après la guerre du 6 juin 1997, il s’est tourné vers Tandja Bachir dont plusieurs sources africaines attestaient d’une certaine efficacité dans l’envoûtement de masses.
Tandja, tout en pratiquant le rite des excréments, y ajoute le travail mystique et spirituel en limitant la charge pondérale de matières fécales nécessaires et en élargissant le spectre d’épandage et d’absorption du produit fini dûment travaillé.

SASSOU-NGUESSO A TENTE EN VAIN DE SOUILLER LES EAUX DU FLEUVE KOUILOU-NIARI

Avant Sassou-Nguesso, son devancier de l’autre côté du Fleuve Congo, Mobutu Sesse Seko pratiquait à profusion le rite des excréments pour séduire ou réduire le peuple zaïrois sous ses pieds.
Selon son propagandiste, puis ,pourfendeur post mortem, Dominique Sakombi Inongo, ancien ministre zaïrois de l’Information, le grand léopard envoûtait les populations en agissant sur les eaux du fleuve Zaïre (Congo) depuis le Lualaba jusqu’à l’embouchure.
Un travail laborieux d’envoûtement plus spirituel que matériel, cela s’entend, compte tenu de l’étendue du territoire et de l’incommensurable quantité des eaux charriées par le Fleuve Congo. Mais Sakombi souligne qu’une myriade de sorciers, féticheurs, marabouts, magiciens et gourous de tous les continents étaient mis à contribution pour tenter d’apprivoiser le fleuve au profit de Mobutu qu’il a vu, de ses propres yeux, dit-il, boire quantités de sang humain.
Denis Sassou-Nguesso est du même acabit, qui avait voulu procéder pareillement sur le Fleuve Kouilou s’il ne s’était heurté à la résistance des génies tutélaires. Ces demi-dieux gèrent spirituellement le Mayombe et les contreforts des Plateaux Koukouya dans lesquels le Kouilou prend sa source avant de traverser les départements de la Bouenza et du Niari.
L’on sait que Sassou a toujours fait flèche de tout bois en sillonnant le Kouilou profond afin d’y recueillir les indices du pouvoir spirituel des Rois Loango.
Lors de ses pérégrinations, il était arrivé jusqu’au Site Sacré de Tchintanzi où il s’était fait consacrer « Pasteur Supérieur » de l’Eglise du christianisme prophétique en Afrique fondée par le prophète Sry Lassy Simon Zéphyrin. J’en ai dit un mot lapidaire lors de mon interview parue dans le bimensuel Afrique Education n° 414 du 1er au 15 mai 2015.

SASSOU-NGUESSO ET JEAN DOMINIQUE OKEMBA, DEUX FRERES SIAMOIS

Evidemment, si Tandja Bachir a cessé le 15 avril 2015, comme il le dit, lui- même, de faire le rite mystico-spirituel des excréments au profit de Sassou-Nguesso, celui-ci continue à bénéficier du rite hérité de Julien Nguesso, poursuivi par son fils aîné, Valentin Ambendé Nguesso, puis, par Jean Dominique Okemba, dit JDO en sa qualité de fils adoptif et spirituel de Valentin.
JDO est par conséquent neveu par alliance de Sassou par son demi-frère Valentin interposé. Mais, il jouit d’une indéniable auréole mêlée de crainte dans la famille du fait qu’il détient les secrets de Poro Poro à lui légués par Valentin.
Sassou et Okemba sont comme deux frères siamois pour les besoins de la cause, bien que de sang et d’origine différents. Celui-ci est arrivé à Edou venant d’ Ondébé, localité voisine, sur le dos de sa mère remariée à Valentin, celui-là dans le ventre de la sienne venant de Pointe-Noire où son mari Julien officiait depuis 1936 comme maître féticheur, conférant force mystique aux agents administratifs et privés de tous genres, aux jeteurs de sorts, aux commerçants mercantilistes, aux pêcheurs marins, bref, aux aventuriers de l’irrationnel.
Eux tous ne cessaient de s’en répandre à Pointe- Noire, sur les pouvoirs du grand féticheur de la lointaine contrée de l’Alima, en pays Mbochi.
Les deux comparses ainsi venus d’ailleurs, se sont par un extraordinaire concours de circonstances avantageusement greffés comme des plantes adventives sur la famille Nguesso au petit village Edou, par le biais de leurs mères respectives.
A les confronter sur toutes les coutures, on s’aperçoit que plus tard, ils se sont faits respectivement Kani et Obali dans l’ordre traditionnel et profane, Grand Maître et Grand Maître-Adjoint dans l’ordre maçonnique et sacré, président et vice-président dans l’ordre politico-administratif, homme et femme dans le désordre magico-sexuel.
Bref, depuis que Valentin a cessé de vivre, Sassou et Okemba vivent l’un dans l’autre.
Plus qu’une simple parenté de circonstance, Sassou et Okemba ont opéré une véritable fusion osmotique. Auréolés de leurs pouvoirs politiques, fétichistes, économiques et sociaux, ils ont déclassé les autres membres de la fratrie Nguesso, jusque et y compris le plus représentatif d’entre eux en la personne de Maurice Nguesso, actuel fils aîné survivant de Poro-Poro.
Mais l’homme d’affaires multicartes comme il se surnomme, n’est pas en reste, qui en a profité dans l’ordre capitaliste. Et ce n’est pas le moindre des avantages du sassouisme régnant que d’aplanir les difficultés les plus antagonistes avec l’argent public et les avantages exorbitants du droit commun comme la possession privative d’un puits de pétrole au large de Pointe-Noire.
JDO partage avec son compère de président à peu près les mêmes honneurs de la République. Comme vice-président de fait, il détient un quota sur le choix des ministres et des hauts fonctionnaires publics. Il reçoit, en contrepartie, reconnaissance de la part de ces derniers dans la distribution du gâteau national. Il est respecté comme autorité supérieure hiérarchique susceptible de prononcer des sanctions.
Tout se passe comme si le pays était dans la «  République des Copains et des Coquins » brocardée par Michel Poniatowski, éminence grise de Giscard d’Estaing.
Les deux compères se montrent toujours ensemble en public, s’assoient côte à côte au cours des cérémonies, voyagent dans le même avion. Il est arrivé même que JDO se dise malade en cas de voyage, alors, à défaut d’être embarqué contre son gré, le voyage est différé.
Une situation ubuesque qui tient, non pas tant à l’inséparabilité physique des deux compères (notre photo montrant JDO et Sassou Nguesso) qu’à la peur d’un éventuel mauvais coup de la part de JDO. Car Sassou-Nguesso, de nuit comme de jour, en mangeant ou en dansant, reste extrêmement vigilant. C’est en vérité un homme ombrageux.
Denis Sassou devenu Denis Sassou-Nguesso au seuil de sa carrière politico-militaire, a été coopté dans la famille du patriarche d’Edou, partageant avec Valentin (feu), Maurice, Alphonse (feu) le destin chevaleresque d’un père chasseur et mystico-féticheur. Il est devenu par la force des choses le plus valeureux et adulé d’entre eux.
Mais il ne semble pas avoir eu la primauté mystique de la part du patriarche qui, au contraire, le boudait jusqu’à la fin de son cycle scolaire primaire à Fort-Rousset (actuellement Owando) et son départ à Mbounda (Dolisie) pour sa formation d’instituteur.
C’est que, d’une manière générale, la nature vient toujours au secours des enfants malaimés, orphelins ou adultérins.
Après avoir refusé en 1960 une affectation en vue de servir au Nord du Pays, Sassou-Nguesso bénéficie d’une intégration dans l’armée. Il part à Bouar en Centrafrique pour un stage militaire avant d’obtenir une formation à Cherchell en Algérie.
Lorsqu’il revient au Pays, en 1962, il a une seule idée en tête : devenir chef de l’Etat à tout prix.
Quant à JDO, l’actuel titulaire de l’héritage spirituel des Nguesso, le détenteur des codes secrets, il a, lui aussi, été greffé sur la famille Nguesso, sans toutefois en porter le nom. Il a dû trouver en Sassou un acolyte tout indiqué pour partager avec lui l’une des sorcelleries les plus avides de sang encore opérationnelles en Afrique en plein vingt et unième siècle.
Qu’il s’agisse de l’exercice du pouvoir politique, des empoisonnements, du jet des sortilèges, de l’autoprotection mystique, de l’attirance amoureuse (musélébendé) des relations extérieures, etc. Sassou-Nguesso ne décide rien sans en référer à l’avis de JDO.
Mais, à aucun moment, le président Sassou-Nguesso ne s’est départi de sa prudence instinctive et policière qui fait de lui un homme des coups fourrés et un véritable génie du mal au Congo, depuis sa prime enfance jusqu’à nos jours. Tout ce qu’il fait de mal lui réussit, comme s’il avait noué un pacte avec le diable.
Sauf qu’il ne peut pas se passer de JDO, qui connaît les codes secrets de la sorcellerie familiale.

LA SUCCESSION DE SASSOU-NGUESSO TELLE QU’ELLE SE DESSINE EN PERSPECTIVE

Ce n’est pas pour rien que JDO convoie les excréments de Sassou-Nguesso jusqu’à Tandja le gourou, n’étant pas l’âme dévote et désintéressée qu’on pourrait imaginer. S’il se rabaisse à ce point, c’est qu’il se voit payé de retour par Sassou auquel de surcroît, il entend succéder sur le fauteuil présidentiel du Congo.
Et cette succession n’est pas limitée à la politique, elle s’étend à la Famille Nguesso, aux enfants et, tenez-vous bien, à la femme, en cas de décès de Denis. Il n’est pas exclu que cette perspective lui déplaise, hormis la souffrance que cause la perte d’un mari cher.
Antoinette Sassou-Nguesso, c’est d’elle que je parle, parait être la pièce maîtresse du puzzle complexe que tisse patiemment JDO. Il sait mieux que quiconque que c’est grâce à la première dame que son colistier a pu apprivoiser une partie fût-ce infime, des pouvoirs ancestraux des Maloango.
Voyez comme un simple bâton informe remis récemment par un Sage du Kouilou à un candidat à la présidentielle, de passage dans le Mayombe, a pu effaroucher Sassou-Nguesso et son épouse qui se sont ainsi vus concurrencer dans ce qu’ils croyaient être leur champ clos d’intrigues et de manipulations.
Car assurément, le Kouilou ce n’est pas seulement le pétrole si prééminent qu’il soit au plan matériel ; le Kouilou c’est aussi et surtout la richesse spirituelle des Maloango, eux qui, dans l’Ancien Royaume Loango ont symbolisé la suprême Autorité.
Pour le Clan Nguesso, tous ceux qui, comme la première dame ont des yeux troués, caractéristiques de l’intelligence nocturne, doivent être adulés ou exterminés. Qu’on se reporte à mon interview précitée sur les richesses spirituelles du Kouilou et sur l’ouvrage de Sacripenti.

LA GUERRE DE SUCCESSION SUR LE FAUTEUIL DE DENIS SASSOU-NGUESSO

Mais, j’entrevois une guerre ouverte entre JDO et certains enfants, sachant que Sassou-Nguesso, au mépris de ses engagements, porte sa préférence sur ces derniers plutôt qu’à son colistier.
La dévolution successorale du pouvoir politique actuellement détenu par de Sassou-Nguesso pourrait échoir à l’un des enfants, en l’occurrence à Christel dont les excréments sont avec les siens l’objet de rites magiques de la part de Tandja. Ce qui risque de susciter le courroux orageux de JDO.
Certes, celui- ci sait avec l’opération Tandja que Christel et Claudia sont directement partie prenante avec le Père au rite d’influence par le dépôt de leurs propres excréments et urines, mais, ce n’est pas, rétorque-t-on du côté de Sassou, pour accéder à la présidence de la République qu’ils le font, mais, pour entrer dans la vie politique sans entraves et sans risques.
C’est du reste un des aspects de la personnalité de Sassou-Nguesso que de ne pas tenir ses engagements, tout en faisant jusqu’au bout, une large part aux apparences, son art favori de l’enfumage, au détriment de la réalité convenue.
De plus, Christel s’avère être l’homme qui est à même de garantir et de défendre le bilan sans bénéfice d’inventaire du père, ses intérêts, son honneur et son inviolabilité judiciaire, par les temps qui courent.
En tout état de cause, parmi les causes qui maintiennent indéfiniment Sassou-Nguesso en fonctions, il y a certes sa soif inextinguible du pouvoir et sa crainte de la CPI (Cour pénale internationale) en considération de ses nombreux crimes, mais aussi, le problème et les modalités de la dévolution familiale du pouvoir politique.
Il redoute qu’en quittant le pouvoir sans avoir au préalable armé le Fils et balisé sa voie royale, un conflit ne se déclenche entre JDO et son successeur putatif. Je ne sais à combien de milliards de pétrodollars JDO se convaincra de se faire doubler par le rejeton et de mettre à sa disposition sa science des Primitifs.
Il y a aussi le Clan des Mbochi Alima actuellement à l’affût et qui a toujours servi aux côtés du Maître dans les coups fourrés. Rien ne pourra se faire sans ou contre eux.
On prête au général Pierre Oba, le représentant de cette Aile agissante, la déclaration du 20 juin 2015 selon laquelle : « Si Jean Dominique Okemba fait un coup d’état à midi, à 14 h je lui fais un coup d’état et je les mets en prison lui et Jean François Ndenguet ». Etait-ce pour rassurer Sassou de son indéfectible soutien ? Ou bien pour épouvanter JDO dans ses lubies ?
Il semble néanmoins que ces Mbochi Alima soient disposés à passer sous l’égide et au service du Fils, qu’on surnomme déjà MOUANA NDEYA (le Fils de l’Espoir) au sein de l’Oyocratie, si leurs intérêts sont garantis, à moins qu’ils ne soient tentés par la voie de la force, qui a tant réussi au Maître avec leurs actifs concours.
Revêt une importance particulière à mes yeux l’engagement pris par le Capitaine Marien Ngouabi en accédant au Pouvoir politique le 31 juillet 1968. En ce temps-là, lorsque le président Massamba- Débat perdit la tête du pays et que celle-ci échut entre les mains du jeune capitaine, ce denier déploya un trésor d’habileté, dont le point d’orgue fut la réunion tenue à Owando pour rassurer les autres localités du grand Nord ( Makoua-Boundji-Ouesso-Impfondo-Oyo).
C’était pour que les esprits et les aspérités soient aplanis, notamment, entre Makoua et Kouyou en vue du partage du pouvoir. En somme, le pouvoir Nord, comme on le qualifiait, alors, détenu par Marien Ngouabi, devait être exercé alternativement et durablement entre fils de ces contrés réputées abandonnées depuis la Colonisation.
Mais la succession de Marien est intervenue de façon plus chaotique que réfléchie à la suite de sa tragique disparition le 18 mars 1977. Et l’apparition inopinée du Colonel Yhombi Opango au devant de la scène n’a pas correspondu aux prévisions stratégiques de l’alternance tribalo-régionaliste des Tenants du Pouvoir Nord.
Sans doute, Yhombi Opango pouvait-il se prévaloir par son père du district de Makoua pour s’installer au pouvoir dans le cadre de l’alternance géopolitique intra-régionaliste, mais il se distinguait davantage en parent de Marien, en fils d’Owando par sa mère et en Kouyou dans l’âme.
De sorte que la stratégie d’occupation et d’alternance du pouvoir n’a véritablement commencé à produire ses effets qu’avec Sassou-Nguesso qui, en évinçant Yhombi, le 5 février 1979, n’a pas été condamné comme il se devait par les cadres du Nord.
Ces derniers ont vu dans cette prise de pouvoir, un acte certes inélégant et heurté, mais, conforme à l’Accord d’Owando dans la mesure où les Kouyou avaient, déjà, commandé par le truchement de Marien Ngouabi.
Mais, jusqu’ici la conservation du Pouvoir dans les seules mains de Sassou-Nguesso a en même temps ouvert toutes les dérives. Celles de la chute, puis, de l’emprisonnement à 10 ans sans jugement de Yhombi constituent les plus frappantes.
Sassou ne manque d’ailleurs pas de mettre la main à la poche, plutôt, au Trésor public, en fait de compensation pour s’assurer le soutien du « Parent de Marien » qui le lui rend bien, quitte à mettre les fortes récriminations des Kouyou entre parenthèses.
Ce n’est pas tout, après l’intermède Yhombi, Sassou a monopolisé le Pouvoir Nord pour le transformer en oyocratie exclusive, jusqu’à considérer les Makoua, Mbochi de Boundji et autres prétendants Likouala et Bakouélé-Ndjem comme étrangers à la gestion au Sommet des leviers de commande du pays.
Plusieurs cadres de la Likouala, par exemple, en sont restés les uns pour leurs frais, les autres sur leur faim, qui ont vu disparaître tour à tour les meilleurs des leurs après avoir reniflé l’odeur du pouvoir.
Le pouvoir, en vérité a été échu au Nord du Congo en vertu d’un décret de la Providence et non par les suffrages du peuple congolais.
Et ce ne fut que justice et de bon aloi que Marien ait songé à le partager équitablement et alternativement, sans exclusive.
Toutefois, un décret même divin, contient sa date limite de validité, à la différence près que, prescrite par l’Insondable, nul ne la connaît.
Cette situation ne manquera pas de répercussions surtout lorsque Sassou-Nguesso aura disparu de la scène politique.
En attendant, on a vu le général Jean Marie Michel Mokoko, un Makoua bon teint, quoique né à Mossaka, se présenter contre toute attente aux élections présidentielles du 20 mars 2016. Il l’a fait certes en Fils du Congo, répondant à l’appel de la démocratie, mais aussi, en n’ignorant pas que le pouvoir du Nord monopolisé par Sassou-Nguesso, Mbochi minoritaire d’Oyo, aurait dû faire l’objet d’une rotation consensuelle intra-régionale.
Mokoko était parti pour gagner, même sans appareil politique, mais, avec l’onction populaire, dépassant toutes sortes de clivages. Ce qui a bouleversé littéralement le tenant actuel du Pouvoir Nord, tribalo-régionaliste à l’excès, qui pendant longtemps, faisait valoir à qui voulait l’entendre qu’il n’y aurait pas d’autre coq dans la basse- cour. Alors que moi, je prêchais le contraire, urbi et orbi.
En effet, il était prévisible que Sassou ferait tout pour empêcher une victoire du Général Mokoko qui risquerait de le jeter définitivement dans la poubelle de l’histoire plus tristement que ne l’eût fait un civil ressortissant du Sud du Pays.
C e ne fut donc pas de ma part faire œuvre de prophétie que de suggérer au peuple congolais de porter ses suffrages sur un candidat gagnant du Nord du Pays pour les élections présidentielles du 20 mars 2016 (voir ces Diables qui prennent la tête à Denis Sassou-Nguesso, page 12 paragraphe 11 du 9 mars 2016 sur le Site Zengamambu).
Et, me semble- il, c’est ce qui s’est produit avec les foules innombrables qui ont déferlé sur le passage du Général Jean Marie Mokoko le « Sauveur », dans toutes les villes du Sud du Pays.
Mais la Commission électorale aux ordres, ne pouvait pas agir autrement qu’en boutiquant un fallacieux coup KO de plus de 60 % au profit du dictateur, plus facile à fabriquer qu’un second tour aux conséquences imprévisibles.
Il est proprement invraisemblable que notre dictateur national ait eu autant de voix pour gagner dès le premier tour, si comme le reconnaît même le secrétaire général du PCT, Pierre Ngolo, il a perdu les trois villes de forte densité populaire que sont Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie, ainsi que, plusieurs localités de l’intérieur du pays, tombées, peut-on dire, dans la mouvance oppositionnelle.
Certain de préempter toutes les voix du Nord et la presque totalité de celles d’un Sud politiquement décomplexé, Mokoko l’emporterait, en cas de second tour quelle que soit l’étoffe de son concurrent, en l’espèce, Parfait Kolélas ou Sassou-Nguesso.
C’est dans la prétendue division Nord-Sud que Sassou-Nguesso, le plus grand commun diviseur du pays, tire la substance vivifiante de son régime satanique, et ce, depuis l’assassinat de Marien.
Voilà pourquoi l’élection inéluctable de Jean Marie Mokoko a été étouffée dans l’œuf, qui risquerait d’enlever toute justification à l’existence du « pouvoir au bout du fusil » et du PCT refuge d’assassins, de voleurs et d’incompétents, à l’accaparement des postes de responsabilité ministériels, administratifs et militaires. Bref, à une politique tribalo-régionaliste initiée pour empêcher le Sud, et singulièrement les «  têtus » Laris-Bacongo de revenir au pouvoir.
Mokoko lui, ôterait à Sassou outre son pouvoir quasi-monarchique, tout prétexte d’une guerre civile habilitant ses miliciens et mercenaires à poursuivre leurs perpétuels coups d’état.
Dans ces conditions et à tout prendre, Denis Sassou-Nguesso n’aurait d’autre issue, à défaut de reconnaître sa défaite et de se retirer calmement, que d’organiser une seconde élection présidentielle pour sauver la face.
Il serait à craindre dans le cas contraire que le pays ne devienne ingérable et infréquentable, parce que les autorités artificiellement maintenues en place manqueraient, malgré toutes les farces, de légitimité que seul le peuple souverain confère à ses représentants élus.
François Mitterrand disait : « un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi ». En revanche, aucune légitimité ne peut résulter des combinaisons de techniciens électoraux post-staliniens ou des juges empêchés de dire le droit.
Par ailleurs, Sassou doit savoir que son pouvoir magico-fétichiste se dégonfle au fur et mesure que passe le temps, en dépit de ses nombreux sacrifices humains, car selon la cosmogonie animiste, la sorcellerie et le fétiche ne sont actifs que dans l’ombre. Ils se désacralisent et perdent de leur acuité, dès lors qu’ils sont débusqués et portés sur la place publique.
Et le sacrifice humain n’est pas chose aisée. Le sang de l’homme n’est pas celui du bouc expiatoire.

L’AFFAIRE DES EXCREMENTS SOURCE DE MON CONFLIT LANCINANT AVEC SASSOU-NGUESSO

Sassou-Nguesso n’étant pas un démocrate et son pouvoir étant quasi-monarchique, ce n’est pas démocratiquement ni constitutionnellement qu’il sera transmis à son successeur.
Il estime que si jusqu’à présent, il a réussi à tenir en laisse tous les organes politiques, tous les opposants, la presse tant nationale qu’étrangère, c’est parce qu’un voile pudique couvre ses crimes et sa mauvaise gouvernance.
La pollution, l’infestation de l’eau publique par ses excréments, les fétiches, la sorcellerie, les totems, l’élimination physique d’opposants et concurrents potentiels en sont pour beaucoup.
Il place dans le rite des excréments une confiance quasi-absolue de neutralisation des consciences de tous ceux qui se servent de l’eau publique, Nationaux ou Etrangers en séjour au Congo, dans le lugubre dessein de se perpétuer au pouvoir en subjuguant tout le monde.
A cause de cette histoire macabre, je m’étais vu dans l’obligation de démissionner le 3 décembre 1990 du poste de premier ministre auquel il m’avait, par calcul machiavélique plus que par souci de bonne gouvernance, promu pour m’avoir à l’œil.
Ma démission même fut par lui considéré comme un casus belli. Du 12 mai 1988 au 3 décembre 1990, j’avais fait plus que résister mais la pression devenant de plus en plus forte, et nos rapports de travail se distendant au jour le jour, mon retrait s’imposait afin de lui permettre de nommer un nouveau premier ministre à sa dévotion.
Parbleu ! Pourquoi devrais-je demeurer à un poste aussi risqué, que je n’avais pas sollicité, sans pouvoir donner le maximum de moi-même pour l’intérêt général ?
Il m’a nommé à cette fonction pour la galerie, comme pour m’appâter, de la même façon qu’on attire un poulet avec un grain de maïs pour l’attraper et le passer à la casserole.
Hélas pour «  l’Homme des Actions concrètes », le promu n’était pas tombé de la dernière pluie.
Voilà ce que je n’ai jamais dit ni écrit, qui est en réalité la cause fondamentale du malheur lancinant qui me poursuit.
Là où il a réussi et je le dis la gorge serrée, c’est que son obsession diabolique contre ma personne m’a coûté comme dégâts collatéraux, l’empoisonnement à mort de quatre proches sans histoires, le dernier étant intervenu récemment en 2015.
Comme on peut en convenir, c’est là un lourd deuil dont je demeure inconsolable, et pour lequel je m’en remets humblement à mon Seigneur.
Sans compter les 23 empoisonnements que j’ai subis à titre personnel, qui se sont avérés inopérants, grâce à Dieu et que je pardonne à l’ignoble criminel aux pratiques plutôt lâches.
A tous ceux que ce témoignage insolite verra, je le recommande, moins pour être suivi que pour servir de mise en garde.
Qui a des oreilles pour ouïr qu’il entende, dit l’Evangéliste Matthieu

Alphonse Souchlaty Poaty
Ancien premier ministre, chef du gouvernement du Congo-Brazzaville (sous la présidence de Denis Sassou Nguesso).

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