George Weah est-il, lui aussi, atteint par le virus du troisième mandat ? La question ne mérite même plus d’être posée car George Weah, qui communique, régulièrement, au téléphone avec ceux qui ont changé la constitution pour mourir au pouvoir, comme l’Ivoirien, Alassane Ouattara et le Guinéen, Alpha Condé, parle comme eux, fait comme eux. C’est pourquoi il envoie les Libériens, ce mardi, 8 décembre, décider par référendum, s’ils approuvent une modification de la Constitution. Il s’agit, bien entendu, d’un test faussé à la base dont le résultat est connu d’avance. Les opposants libériens n’ont pas tort de penser que leur président cherche à imiter certains de ses pairs ouest-africains, en briguant un jour un troisième mandat. Puis, un quatrième, un cinquième, etc.
Les électeurs du Liberia sont donc appelés, mardi, 8 octobre, à se prononcer sur une réforme de la constitution voulue par le président, George Weah. Il propose, notamment, de réduire la durée du mandat présidentiel de six à cinq ans, mais, inquiète ses opposants. Car cela permettrait aux chef de l’Etat de remettre les compteurs à zéro et de briguer deux mandats supplémentaires.
L’échéance a valeur de double test pour le président de 54 ans, près de trois ans après avoir soulevé un immense espoir en accédant au pouvoir dans ce pays d’Afrique de l’Ouest toujours marqué par la guerre civile de 1989-2003 et l’épidémie d’Ebola, qui a touché l’Afrique de l’Ouest en 2014-2016.
Depuis son élection, la situation économique du pays, l’un des plus pauvres du monde, s’est encore aggravée, en raison notamment de la crise du coronavirus, et la popularité de l’unique Africain ayant rapporté le Ballon d’Or s’est largement érodée, notamment, auprès des jeunes qui l’avaient porté au pouvoir.
Des rumeurs lui ont attribué, ces derniers mois, la volonté de tirer profit du changement de Constitution qu’il appelle de ses voeux pour aller au-delà de la limite de deux mandats présidentiels, comme viennent de le faire ses homologues de la Guinée et de la Côte d’Ivoire, des pays voisins du Liberia, Alpha Condé et Alassane Ouattara. C’est dire que l’image de Weah est, désormais, par terre.
En se targuant d’une « remise à zéro » de son compteur présidentiel, l’enfant des bidonvilles de Monrovia pourrait, non seulement, se représenter en 2024 pour un second mandat (de cinq ans), mais aussi, encore une fois, en 2029, ce qui rendrait possible une présidence de Weah jusqu’en 2034.
La révision proposée réduit également la durée des mandats des députés et des sénateurs, respectivement, de six à cinq ans et neuf à sept ans. Le référendum du 8 décembre est, en outre, couplé avec les élections sénatoriales de mi-mandat.
La proposition vise, aussi, à modifier les règles en matière de nationalité, une question qui continue à diviser la société du Liberia, plus ancienne république d’Afrique noire fondée au XIXe siècle sous l’impulsion des Etats-Unis pour des esclaves noirs affranchis, dont les descendants ont dominé la vie politique pendant 170 ans.
De nombreux membres de l’élite américano-libérienne sont également et secrètement citoyens des Etats-Unis. La population « autochtone » leur reproche d’appauvrir le pays en utilisant l’argent qu’ils gagnent au Liberia pour se construire des propriétés aux Etats-Unis.
Avec AFP