Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé, jeudi, 16 janvier, l’envoi de troupes en Libye en soutien aux forces du Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj face aux forces du maréchal, Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen. Ayant déclenché une offensive en avril 2019 pour s’emparer de Tripoli et devenir le maître du pays, Haftar a été stoppé à une cinquantaine de kilomètres de la capitale par les forces pro-gouvernementales. Malgré ses soutiens à l’international, il fait du surplace, depuis cette date, ce qui complique une solution politique à la crise libyenne. L’arrivée des troupes turques permettra-t-elle de changer la donne ou bien de consolider le statu quo ?
Le 2 janvier, les députés turcs avaient approuvé une motion autorisant l’armée à soutenir le GNA de Fayez al-Sarraj, reconnu par l’ONU (sur notre photo en Turquie avec Erdogan). Le GNA est menacé, depuis plusieurs mois, par une offensive du maréchal, Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen.
Cette annonce intervient à trois jours de la tenue, dimanche, 19 janvier, à Berlin, d’un sommet consacré à la crise libyenne, auquel Erdogan participera, et après l’échec des discussions qui se sont déroulées en début de semaine à Moscou. Le maréchal Haftar a refusé de signer un accord de cessez-le-feu négocié sous la médiation de la Turquie et de la Russie. Avant de signer, il a exigé le retrait des experts turcs sur place et la non-venue des troupes turques qui sont attendues. Beaucoup d’observateurs pensent que Haftar, lui-même, qui se fait conseiller par des experts russes, n’a pas l’autorité nécessaire pour envoyer des injonctions à la Turquie.
Recep Tayyip Erdogan a ajouté que la Turquie continuerait d’utiliser tous ses moyens diplomatiques et militaires pour assurer la stabilité à sa frontière sud, terrestre ou maritime, intégrant la Libye dans cet objectif.
Cela dit, cette décision ne fait pas l’unanimité en Turquie. Lors du vote du 2 janvier, les partis turcs d’opposition s’y étaient opposés, arguant qu’une intervention en Libye pourrait déstabiliser la région et entraîner la Turquie dans un nouveau bourbier.
Le gouvernement turc avait alors affirmé répondre à l’appel à l’aide du Gouvernement d’union nationale. Mais d’aucuns craignent que l’envoi de troupes turques en Libye n’aggrave les conflits fratricides qui déchirent ce pays depuis la chute du régime de Mu’ammar al Kadhafi en 2011 et qui sont alimentés par des puissances régionales antagonistes. La Libye est, en effet, devenue le théâtre d’une lutte d’influence entre deux camps : d’un côté, la Turquie et le Qatar, qui appuient le GNA, et de l’autre, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte, qui soutiennent, ouvertement, les forces du maréchal Haftar. On note, aussi, la présence des experts russes, français et autres, qui, généralement, se font plus discrets.