Le président, Recep Tayyip Erdogan, va intervenir, militairement, en Libye, où son armée, après un vote au parlement, ira soutenir le gouvernement légal de Tripoli, face à l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal, Khalifa Haftar. La Libye est un cas typique de la méchanceté de l’Occident à l’endroit des pays du monde qui lui résistent. Voilà un pays qui ne demandait rien à personne, et qui donnait, parfois, autant à certains pays africains que les pays dits développés. Parfois plus. Enervé de voir un dirigeant africain, en l’occurrence, le frère guide Mu’ammar al Kadhafi, qui avait une vision panafricaine aux antipodes des objectifs des Occidentaux sur l’Afrique, les pays de l’OTAN (Organisation du Traité Atlantique Nord) l’ont, carrément, assassiné, et, complètement, détruit son pays, qui est, aujourd’hui, totalement, méconnaissable. Sans autre forme de procès. La France qui a été la tête de pont (pensante) de cette affreuse déstabilisation, voit, aujourd’hui, les limites de sa puissance, maintenant, où tout le monde prône la réconciliation et la reconstruction de ce pays jadis très prospère. Paris ne sait plus sur quel pied danser. Sa diplomatie et son armée sont d’une efficacité nulle en Libye. Le Qatar qui avait été le premier à répondre à l’appel de cette déstabilisation initiée par Nicolas Sarkozy, alors président français, a disparu des radars, même si, de temps en temps, Doha fait semblant de soutenir Sarraj. Du bout des lèvres. La vérité est que, quand il fallait détruire et tuer, le Qatar était présent et très actif. Maintenant où il faut réparer, le Qatar est aux abonnés absents. Son émir est d’une discrétion vaticane. Quant au grand « visionnaire », Nicolas Sarkozy, il évite même de parler de la Libye et de Kadhafi dans ses rares interventions publiques. En aurait-il honte ? Quand ira-t-il à Tripoli demander pardon aux Libyens ? Face au désordre ambiant que connaît ce pays, en cette fin de 2019, le président turc à qui l’Occident ne cesse de donner des leçons (des leçons qu’il botte heureusement en touche), va intervenir en Libye. Pays où la France, est aujourd’hui incapable de faire quoi que ce soit, son armée n’ayant plus aucune capacité à y être déployée, du fait de sa présence au Sahel, en Syrie et sur d’autres théâtres du monde. Quand on veut jouer aux impérialistes, il faut en avoir les moyens !
Disons la vérité : un déploiement de soldats turcs en Libye, est susceptible d’aggraver le conflit dans ce pays. Pour justifier une telle intervention, la Turquie fait valoir que le gouvernement d’Union nationale libyen (GNA), qu’il soutient militairement, est reconnu par l’ONU alors que le maréchal Haftar n’a aucune légitimité internationale bien qu’il bénéficie de l’aide de certains pays (France, Russie, Etats-Unis, etc.).
Le maintien du GNA est d’autant plus crucial pour la Turquie qu’elle vient de signer avec lui un accord de délimitation maritime qui permet à Ankara de faire valoir des droits sur des vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, au grand dam de la Grèce, de l’Egypte, de Chypre et d’Israël.
Cet accord est entré en vigueur, jeudi, 26 décembre, après sa publication par le journal officiel.
L’accord permet aux deux parties d’envoyer dans l’un et l’autre pays du personnel militaire et policier pour des missions d’entraînement et d’éducation, ont indiqué des responsables turcs.
« L’objectif de l’accord signé avec la Libye n’est pas d’entraver les droits de quiconque en Méditerranée, au contraire, c’est d’empêcher que nos droits le soient », a affirmé M. Erdogan jeudi.
En dehors des puissances citées, le maréchal Haftar est, également, soutenu par l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes-unis, tous étant des rivaux régionaux de la Turquie.
« Ils soutiennent un chef de guerre. Quant à nous, nous répondons à l’invitation du gouvernement libyen légitime, telle est notre différence », a affirmé M. Erdogan (sur notre photo avec Sarraj).
M. Erdogan affirme que les forces de Haftar bénéficient, aussi, du soutien d’une compagnie de sécurité russe, donnant du crédit à des informations de presse, démenties par Moscou, sur la présence de mercenaires russes en Libye.
Interrogé sur les projets d’Ankara d’envoyer des troupes en Libye, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé jeudi qu’il était « peu probable que l’ingérence des pays tiers dans cette situation puisse contribuer au règlement ».
« Mais toute tentative des pays tiers de contribuer directement à régler le problème et d’aider les parties du conflit à trouver une solution est toujours la bienvenue », a-t-il ajouté.
Selon le think tank Edam, basé à Istanbul, un déploiement militaire turc sur le terrain devrait comprendre des « forces spéciales » et des « personnels de combats hautement qualifiés » ainsi que des officiers de renseignement et de liaison.
« Depuis 2016, les forces armées turques ont acquis une expérience considérable pour ce genre de mission grâce aux opérations en Syrie », affirme Edam dans une note d’analyse.