Le président français, Emmanuel Macron, a bien effectué ses trois jours de visite d’Etat en Chine où il a été, courtoisement, reçu par son homologue, le désormais, puissant et incontournable, président chinois, Xi Jinping. Pour essayer de peser dans les discussions, Emmanuel Macron a emporté dans ses bagages, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Un aveu d’impuissance terrible !
En effet, dans la relation entre les deux chefs d’Etat, le Français est beaucoup plus demandeur et en proposant à la présidente de la Commission de l’accompagner, il savait pourquoi : la France avec ses 70 millions d’habitants pour un endettement de 111% de son PIB pésait 2.958 milliards de dollars en 2021 tandis que la Chine avec ses 1.400 millions d’habitants (soit 20 fois plus que la population française) pésait, économiquement, 17.730 milliards de dollars en 2021, soit six fois plus que la France. A titre de comparaison, les Etats-Unis, à la même période, pésait 23.320 milliards de dollars en 2021, ce qui montre le chemin à parcourir par la Chine, qui ambitionne de devenir première économie du monde devant les Etats-Unis d’ici une dizaine d’années.
Ursula von der Leyen n’était pas seule à accompagner Emmanuel Macron à Pékin. Le président français a, également, invité une cinquantaine de grands chefs d’entreprise français dont certains ont signé des contrats avec des entreprises chinoises. Car le balance commerciale entre les deux pays est très déficitaire côté français avec un niveau de 54 milliards d’euros, selon un décompte effectué juste avant cette visite. Il faut dès lors tout faire pour le réduire sauf que les ventes d’airbus et de TGV, par exemple, à eux seuls ne font pas l’affaire sans le développement d’un vaste tissu de pme-pmi qui n’existe plus et qui est à reconstruire totalement.
Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen sont venus en Chine dans une posture de demandeurs. Xi Jinping était vraiment le patron, qui leur lâchera certainement quelque chose pour équilibrer le déficit commercial français et européen (l’Europe creuse un milliard d’euros par jour son déficit vis-à-vis de la Chine). Mais là où Xi Jinping n’a rien lâché, c’est dans les appels de pied pour qu’il use de son amitié et de son influence auprès du président russe, Vladimir Poutine, afin qu’il arrête de faire la guerre à l’Ukraine, et d’autre part, qu’il ne fournisse pas d’armes à la Russie. Xi Jinping les a écoutés courtoisement et s’est borné à dire qu’il appellera le président ukrainien « le moment voulu » et fait comme s’il n’avait pas entendu les autres doléances des deux dirigeants européens concernant Vladimir Poutine.
La Chine est consciente de la place qu’elle prend dans les affaires mondiales. Elle ne peut qu’être incontournable au regard de sa puissance économique déployée en Europe où elle crée des déficits hors normes, elle ne peut qu’effrayer en Afrique où on ne jure que par son nom parce que ses investissements y sont sans limite, elle ne peut que susciter des craintes au regard de l’alliance qu’elle a tissée avec la Russie au sein des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) dont l’ambition est la dédolarisation de l’économie mondiale. C’est la raison pour laquelle le tête à tête de trois heures entre Xi Jinping et Joe Biden, à Bali, en marge du G20, en 2022, n’a rien donné tout comme les éternelles relations conflictuelles entre Xi Jinping pendant l’administration Trump. En fait, les Etats-Unis ont du mal à accepter d’être détrônés de la place de numéro un par l’empire du milieu. Mais, tôt ou tard, Washington devra s’y résoudre.