MADAGASCAR : Michaël Randrianirina et Andry Rajoelina  Bonnet blanc Blanc bonnet (A quoi a servi la lutte de la Gen Z) ?

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Longtemps perçue comme la suite probable après l’ascension au pouvoir de Michaël Randrianirina, la menace de la récupération politique du mouvement social, qui a envoyé Andry Rajoelina en exil loin de la Grande Ile, n’est plus une spéculation. C’est ce qu’il faut retenir des récentes déclarations de l’actuel homme fort des nouvelles autorités malgaches, interviewé par des médias russe et français. Il ne manquait plus que ça pour une Gen Z malgache devenue, accidentellement, faiseuse de rois, mais dont la marginalisation se précise de plus en plus.

Moins de deux mois après avoir requalifié son coup d’état d’acte légal, car soutenu par une décision de la Cour constitutionnelle liée au constat de la vacance du pouvoir au palais Iavoloha, le colonel-putschiste a choisi de dévier du dispositif constitutionnel prévoyant l’élection d’un nouveau président, au plus tard le 14 décembre 2025, afin de rester en poste pour, au moins, deux ans de plus. Ce virage à 180° sonne comme une alerte supplémentaire, après les nombreux signaux préoccupants que renvoient Randrianirina depuis sa prise de commande du pays (sur notre photo, le colonel-président s’affiche en tenue de ville). 

Entouré de ses militaires du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT), et d’opportunistes en quête de positionnement, il ne peut désormais plus dissimuler son double discours, surtout, en ce qui concerne l’orientation stratégique nationale et la légalité de ses décisions. Adoubé du fait de son engagement de rompre avec les pratiques de l’ancienne administration, et de donner une place de choix à la Gen Z dans le fonctionnement de la vie politique de Madagascar, il semble avoir clairement changé d’avis sur ces deux plans.

En affirmant sa disposition à travailler avec tout le monde, y compris les partenaires étrangers qui ont joué un rôle majeur dans la crise multiple qu’endurent aujourd’hui les Malgaches, il a, implicitement, nuancé ses propos tenus à l’égard de la rupture initialement annoncée. L’empressement d’Emmanuel Macron de le joindre, quelques temps après cette déclaration à un média russe, par téléphone, pour lui proposer des financements, était une réponse immédiate à la porte ouverte par le locataire d’Iavoloha. 

Pour ce qui est de la jeunesse malagasy, le constat est sans appel entre les promesses du colonel-président de l’intégrer dans les consultations relatives à la prise décisionnelle au plus haut niveau à Antananarivo et la réalité. La mise à l’écart des jeunes Malgaches s’est observée lors des commémorations des martyrs tombés pendant les manifestations meurtrières. La Gen Z s’est vue privée de son moment et a été reléguée au troisième plan protocolaire, au profit d’autres acteurs, parmi lesquels, les militaires, les anciens opposants, et les membres du clergé. 

La Gen Z refuse de se laisser faire le colonel-président ayant changé de comportement.

Michaël Randrianirina n’a pas encore grillé toutes ses cartes avec la Gen Z, la concertation nationale, organisée d’ici peu par l’Eglise en vue de la rédaction d’une nouvelle Constitution, se dessinant comme étant le moment phare pendant lequel toutes les parties prenantes seront représentées et des réponses claires seront apportées par l’Etat sur sa direction engagée. Mais, au vu de ce que le nouveau régime a déjà commencé à dévoiler, rien de transformateur ne devrait sortir de ces assises pour les jeunes Malgaches.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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