MALI : Après la démission du premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, IBK désormais seul face au peuple

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Au Mali, depuis le magistère IBK (Ibrahim Boubacar Keïta), la nomination des premiers ministres est un éternel recommencement. Champion toutes catégories en la matière, l’actuel président en a usé six en l’espace de sept ans de pouvoir. Cela fait, en moyenne, presqu’un premier ministre chaque année. Une performance à inscrire dans le Livre Guinness des records. Mais, comme on l’entend de plus en plus, le problème de la gouvernance au Mali ne serait-il pas IBK lui-même ? Car voilà qu’il va se donner un septième premier ministre sans que rien ne change sur le fond, absolument rien, sinon que le pays va de mal en pis. En sept ans de présidence, IBK n’a pas réussi à doter son pays d’une armée capable de soutenir l’action de la communauté internationale qui compte de nombreuses troupes sur place au Mali. L’échec de ce président du Mali (du reste sympathique), est bien celui là. Il n’a pas vite compris qu’il lui est impossible de stabiliser, durablement, le Mali, et de le développer, sans une armée à la mesure de l’immensité de son beau pays. Peut-être parce qu’il est un civil ? Jusqu’à quand va-t-il continuer à dormir à Koulouba et à s’en prendre à ses premiers ministres (fusibles) alors qu’il est, lui-même, le problème ?
Chaque pays a les gouvernants qu’il mérite. Le Mali n’échappe pas à ce constat. Aux Maliennes et aux Maliens de savoir ce qu’ils veulent faire de leur Mali, maintenant qu’ils ont la preuve (par neuf) que le pays est gouverné par d’illustres amateurs.

Le premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, a présenté, jeudi, 18 avril, sa démission au chef de l’Etat, qui l’a acceptée, selon un communiqué de la présidence.

La démission du sixième premier ministre d’IBK, en poste depuis près de 16 mois, est intervenue à quelques heures de l’examen par l’Assemblée nationale d’une motion de censure du gouvernement déposée, mercredi, 17 avril, par des députés de l’opposition, mais aussi, de la majorité. Une coalition inédite qui est inversement proportionnelle à la colère que sa gestion suscitait au sein du peuple.

Il a présenté sa démission ainsi que celle de ses ministres, selon le texte. Le président de la République « a accepté la démission du premier ministre et celle du gouvernement, et l’a remercié pour sa loyauté et son sens élevé du devoir », a précisé la présidence. Il faut ajouter que Soumeylou Boubèye Maïga a beaucoup contribué à la réélection d’IBK alors que celle-ci était loin d’être acquise. C’est d’ailleurs son grand mérite, celui d’avoir sauvé la tête d’IBK.

La personnalité du premier ministre cristallisait les critiques, depuis plusieurs semaines, d’influents dirigeants religieux musulmans réclamant, notamment, son départ.

Le président de la République a reçu, tout au long de la semaine dernière (semaine du 8 avril), dignitaires religieux, dirigeants politiques et représentants de la société civile, pour discuter de la situation du pays et leur remettre l’avant-projet de loi de révision constitutionnelle, qui lui a été présenté le 1er avril par un comité d’experts.

Ces rencontres faisaient suite à une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Bamako le 5 avril contre « la mauvaise gestion du pays », notamment, les violences inter-communautaires dans le Centre, selon les organisateurs, parmi lesquels, d’influents chefs religieux musulmans.

Lors d’une allocution radiotélévisée, mardi, 16 avril, soir, le chef de l’Etat a assuré avoir « entendu toutes les colères, décodé tous les signaux, compris tous les messages remontant » du pays, sans évoquer, directement, le premier ministre ni son gouvernement.

Il a annoncé l’ouverture d’une « concertation nationale », du 23 au 28 avril, avec « les forces politiques et sociales » sur le projet de révision constitutionnelle, qui doit être soumis à référendum.

M. Keïta est, longuement, revenu sur la « tragédie d’Ogossagou », en référence à la tuerie, le 23 mars, de quelque 160 habitants de ce village peul près de la frontière avec le Burkina Faso par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons affirmant lutter contre les djihadistes.

Au lendemain de cette tuerie, le gouvernement a prononcé, le 24 mars, la dissolution de l’association de chasseurs « Dan Nan Ambassagou », lui reprochant de s’être « écartée de ses objectifs initiaux » et a remplacé les principaux chefs d’état-major.

Ces limogeages au sommet de la hiérarchie militaire interviennent, également, après une attaque djihadiste le 17 mars contre un camp de l’armée à Dioura (Centre), au cours de laquelle 26 soldats ont péri.

Depuis l’apparition, il y a quatre ans, dans le Centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur, Amadou Koufa, recrutant, prioritairement, parmi les Peuls, traditionnellement, éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant, essentiellement, l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».

Le Nord du Mali était tombé, en mars-avril 2012, sous la coupe de groupes djihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais, des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, malgré l’accord de paix, censé isoler, définitivement, les djihadistes, dont l’application accumule les retards.

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