MALI : Le français perdra-t-il son statut de langue officielle ?

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Quelle langue officielle pour le Mali ? La question refait surface alors qu’un nouveau projet de constitution est en chantier dans le pays. L’article 31 de ce texte confère ce statut au français, héritage de la colonisation.

Inadmissible, 60 ans après l’indépendance, dit-on à Bamako, alors que le sentiment anti-français dans le pays enfle, le choix d’une langue nationale est réclamé.

« Depuis la première constitution, il a été dit que dès que les langues seront équipées, outillées et instrumentalisées, le pays les utilisera comme langues officielles. Cela a été prévu depuis longtemps, mais, cela n’a pas été fait dans la précipitation. », explique Mahamadou Kounta, professeur de linguistique en bamanankan.

Mais, le Mali c’est 13 langues reconnues comme nationales, et 70 locales. L’unanimité autour de l’une d’entre elles paraîtrait difficile. Il faudra donc s’entendre sur le choix d’une langue ou de deux acceptées par la majorité.

La majorité des Maliens sont favorables à ce que les langues nationales aient une plus grande place dans la sphère publique. Cela ne signifie pas nécessairement que le français, langue officielle d’expression depuis 1960, doit être banni. », affirme Amadou Salifou Guindo, professeur assistant en sciences du langage, spécialiste en sociolinguistique et politique linguistique.

Le Mali a déjà essayé de faire des langues locales les principales langues d’enseignement à l’école sous le régime de feu Moussa Traoré. Mais, l’initiative a fait long feu. Cela dit, faut-il abandonner parce que l’expérience au Mali comme en Guinée, a, déjà, échoué ? Les bienfaits de l’enseignement des langues nationales (maternelles) aux jeunes enfants ne sont plus à démontrer. Le premier avantage, c’est que la langue nationale (maternelle) de l’enfant lui permet de mieux assimiler les acquis scolaires. Car quand ces acquis sont donnés dans une langue étrangère comme le français ou l’anglais, par exemple, le jeune enfant est d’abord obligé de traduire dans sa propre langue nationale (maternelle) ce qui lui est demandé de faire, avant de répondre à la question qui lui est posée. Cela fait une double peine.

Toutefois, il faudrait une logistique pour accompagner ce processus sur le plan des matériels dictatiques, de la recherche en linguistique pour moderniser et enrichir la langue, de la formation des enseignants, des financements adéquats, etc. Si tout ceci n’était possible pas du temps du président, Moussa Traoré (et de Sékou Touré en Guinée), aujourd’hui, beaucoup de choses ont évolué et un tel processus ne demande que le courage des dirigeants politiques.

Autre avantage à adopter les langues nationales (maternelles) : l’aspect culturel car la langue est l’élément le plus important de l’appartenance à une communauté. C’est le lien expressif qui unit les enfants d’une même communauté. Abandonner une langue nationale (maternelle) au profit d’une langue étrangère (français, anglais, etc), est une forme de déculturation et même de personnalisation.

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