MAURITANIE : Le président demande des solutions pour faire face aux pénuries d’eau potable

Date

Alors qu’il vient d’effectuer une visite inopinée sur plusieurs sites de pompage d’eau de la station, Aftout-Essahli, non loin du fleuve Sénégal, le président de la République islamique de Mauritanie, Mohammed Ould Cheikh El Ghazouani, a instruit les ministères concernés sur la pénurie d’eau en cours, et demandé que des réponses d’urgence et durables soient rapidement trouvées pour éradiquer ce problème auquel sont confrontées les populations de Nouakchott depuis plusieurs jours.

S’il est bien vrai que le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Ismail Ould Abdel Vettah, avait indiqué, quelques jours auparavant, que la production d’eau avait chuté d’environ 50% du fait de la hausse du niveau de boue causée par les fortes pluies s’étant récemment abattues dans la région, le déplacement du chef de l’Etat prouve que l’explication donnée n’a pas convaincu. Ce qui est, du moins, logique compte tenu de l’implication personnelle du dirigeant mauritanien dans le lancement, en 2019, du projet Aftout-Essahli, censé adresser définitivement les problèmes d’approvisionnement en eau courante de la capitale mauritanienne (sur notre photo les moyens de l’Etat pour contourner la pénurie à Nouakchott).

En effet, financé par l’Etat et des partenaires internationaux, tels que la Banque islamique de développement, pour la coquette somme de 40 millions de dollars américains, ce gigantesque projet devait permettre de réhabiliter et étendre le réseau de distribution d’eau afin de répondre à des besoins journaliers estimés à 100 000 mètres cubes, mais, comblés seulement à hauteur de 55 000 mètres cubes. 

Après avoir atteint une production en eau de 150 000 mètres cubes, la Société nationale d’eau (SNDE) avait été obligée de justifier, en mai 2022, la persistance des coupures d’eau observées dans certains quartiers de Nouakchott par le non-respect du calendrier de maintenance et de restauration prévu depuis 2020 pour l’ensemble du réseau de distribution en eau potable. Ces travaux n’ayant toujours pas été réalisés, il n’est donc pas surprenant que les problèmes d’eau ressurgissent. 

Au vu du lourd financement mobilisé pour ce projet, il est évident que le président mauritanien mettra la pression sur ses équipes pour une résolution rapide. L’hypothèse d’une recomposition des effectifs n’étant pas superflue au regard de la sensibilité de ce dossier, surtout, à l’approche des prochaines élections présidentielles. On notera, tout de même, l’opportunité, créée par cette fâcheuse situation, saisie par les jeunes Mauritaniens, qui se transforment en vendeurs de fûts d’eau transportés sur des charrettes et tirées par des ânes, pour faire face à la demande.

Paul Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier