Autrefois relativement épargnée par certains des principaux maux qui touchent l’Afrique aujourd’hui dont la prolifération des réseaux de passeurs ainsi que tous ses corollaires, la Mauritanie entrevoit des jours sombres dans les temps à venir, à cause du leadership mal avisé de son premier citoyen : Mohamed El-Ghazouani.
Tout part de novembre 2023 lorsque l’UE, ridiculisée par Kaïs Saïed, décide de se tourner vers un Plan B, en la personne du chef d’Etat mauritanien, pour en faire un vassal de sa politique migratoire largement décriée. Ce dernier parvient à faire grimper les enchères, se découvrant des capacités de négociation innées, mais ne voyant pas qu’il était en train de tomber dans un piège.
Et les récentes statistiques le montrent, car, depuis l’annonce officielle de ces accords de la honte avec l’UE en fin d’année dernière, la situation migratoire mauritanienne a complètement changé. En effet, alors que seuls 2178 Africains avaient pu rallier l’Espagne, la plupart transitant via la Mauritanie, de janvier à avril 2023, ce chiffre est passé à 12 393 sur la même période en 2024.
Une progression record tellement prévisible, mais, tout à fait, à la mesure de l’impopularité de cette mesure controversée prise par Nouakchott, malgré l’indignation de médias, comme Afrique Education, et d’ONG locales et internationales, qui pousse à s’interroger sérieusement sur la vision du leader actuel de la Mauritanie, qui, de plus, voudrait rempiler pour un second mandat.
Pari électoral ou pas, Mohamed El-Ghazouani aura réussi à attirer sur son pays l’attention des cerveaux sahéliens de l’immigration clandestine. Un malheur ne venant jamais seul, l’autre conséquence pourrait être de voir la Mauritanie entrer dans une instabilité découlant d’activités illicites telles que le trafic de drogue ou d’humains, et aboutissant à l’émergence du radicalisme.
S’il est difficile de deviner ce qui a bien pu se passer dans la tête de Mohamed El-Ghazouani pour qu’il signe un pareil partenariat, il est, en revanche, très clair que les 210 millions d’euros de compensation offerts par le bloc européen ne valent en rien tous les problèmes sécuritaires et humanitaires et socio-économiques que la Mauritanie s’apprête à endurer dans un futur proche.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)