William Ruto et les conflits d’intérêt ne font qu’un. En avril 2023, il s’était rendu à Kigali dans le cadre d’une visite d’Etat pour y signer une série d’accords bilatéraux avec Paul Kagamé (notre photo). Quelques mois plus tard, en fin 2023, il créa la stupeur à Kinshasa en autorisant une réunion de rebelles en plein Nairobi préparant une insurrection en RDCongo dont l’Afrique toute entière assiste au déploiement à grande échelle aujourd’hui.

Malgré un recadrage digne de ce nom par son homologue rdcongolais, Félix Tshisekedi, le président kényan n’a pas retenu la leçon, et a récidivé, cette fois-ci, avec les Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti. En effet, il vient d’endosser une charte portant création d’un gouvernement soudanais parallèle à celui des autorités de Khartoum. La signature dudit document s’est faite à Nairobi, la nouvelle capitale des insurrectionnistes africains.

Cet événement qui a, naturellement, plongé le président soudanais de la transition, le général, al-Burhane, dans une colère noire n’est que la résultante du rapprochement entre le Kenya et les Emirats arabes unis, soutiens avérés des FSR selon des rapports de l’ONU. Grâce à Ruto, Hemedti peut, désormais, asseoir sa mainmise sur la majeure partie du Darfour et le Sud du pays. Le Nord et l’Est étant sous le contrôle du gouvernement de Khartoum.

Actuellement président de la Communauté d’Afrique de l’Est, Ruto utilise les ressources mises à sa disposition pour ses propres intérêts, au mépris de l’instabilité régionale en découlant, ni du bilan humain. Les Africains doivent s’estimer heureux du fait que son candidat à la présidence de la Commission de l’UA ait échoué à succéder à Moussa Faki Mahamat. Car, au lieu des réformes tant attendues, l’institution africaine aurait assurément davantage basculé dans le clientélisme. 

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)