MIGRATIONS : Ce que contient l’accord (a minima) conclu entre les 28 pays de l’Union européenne

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« Plateformes de débarquement » de migrants, « centres contrôlés », renforcement des frontières extérieures : voici les principaux points de l’accord (a minima) trouvé, vendredi, 29 juin, au petit matin, entre les dirigeants des pays de l’UE (Union européenne) sur les migrations, après une nuit de tractations tendues. Tout le monde s’est montré content (devant les caméras des télévisions), des Italiens et Maltais aux Polonais et Hongrois en passant par les Français et Allemands. Autant dire qu’il s’agit, en réalité, d’un non-accord (qui ne dit pas son nom) car rien n’est contraignant dans ce qui a été adopté. Chaque pays est libre de faire ce qu’il veut chez lui.

« Plateformes de débarquement » :

Les dirigeants des 28 appellent à « explorer rapidement » le « concept » encore flou de « plateformes régionales de débarquement » de migrants secourus en mer hors d’Europe, en coopération avec le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale des migrations (OIM), pour dissuader les traversées de la Méditerranée.

Aucun pays tiers ne s’est jusqu’à présent proposé pour héberger de tels lieux d’accueil des migrants secourus dans les eaux internationales, où il est question de distinguer les migrants irréguliers des demandeurs d’asile admissibles dans l’UE (Union européenne), « dans le respect du droit international ».

Le Maroc et l’Albanie ont, déjà, fait savoir qu’il n’accepteraient pas de tels centres. La Libye et l’Algérie aussi. Et ces lieux suscitent, encore, beaucoup de doutes parmi les pays européens, sur les contours concrets des « plateformes » comme sur la compatibilité avec le droit international de ces débarquements hors d’Europe.

– « Centres contrôlés »:

Les migrants secourus dans les eaux européennes pourront être pris en charge dans des « centres contrôlés » sur le territoire de l’UE, prévoit le texte, d’où ils pourront être répartis dans l’Union quand ils sont éligibles à l’asile et renvoyés vers leur pays dans le cas contraire.

Mais la création de ces lieux, qui seraient dotés de moyens européens, est laissée à la discrétion des Etats membres, et de la même manière, le partage de l’accueil devra se faire « sur une base volontaire ».

L’Italie, qui a salué cette proposition, n’a, toutefois, pas précisé pour autant si elle créerait de tels lieux sur son sol. Le texte parle de centres « contrôlés », et non « fermés » comme le proposait la France, sans que le sens de cette nuance ne soit encore clair.

– « Mouvements secondaires » :

Le compromis comprend un paragraphe pour la lutte contre les déplacements de migrants entre pays de l’UE sans attendre de décision sur leur cas dans leur pays d’arrivée, qualifiés de « mouvements secondaires ».

« Les Etats membres devraient prendre toutes les mesures législatives et administratives internes nécessaires pour contrer de tels mouvements et coopérer étroitement entre eux à cette fin », est-il écrit.

Les « mouvements secondaires » sont au coeur des tensions entre la chancelière allemande, Angela Merkel, et son principal allié de droite au gouvernement, la CSU, qui menace de refouler, unilatéralement, à la frontière sud de l’Allemagne des migrants, déjà, enregistrés ailleurs faute de solution européenne à ce problème.

– Frontières extérieures :

L’accord prévoit d’augmenter les moyens de l’Agence européenne de gardes-frontières, Frontex, en lui donnant plus de ressources financières (sans donner de chiffres) et un mandat plus large.

Il prévoit, aussi, de renforcer le soutien aux garde-côtes libyens et appelle « tous les navires qui opèrent dans la Méditerranée » à « respecter les lois applicables et ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens ». Un passage, particulièrement, apprécié par Malte et l’Italie.

Les 28 ont convenu de débloquer la seconde tranche de 3 milliards d’euros du fonds pour aider les réfugiés en Turquie et d’alimenter le fonds de l’UE pour l’Afrique, afin de lutter contre les causes des migrations.

– Règlement de Dublin :

« Un consensus doit être trouvé sur le Règlement de Dublin pour qu’il soit réformé sur la base d’un équilibre entre responsabilité et solidarité », est-il écrit dans l’accord, qui ne donne, toutefois, pas de calendrier pour boucler cette réforme.

Initialement, il était prévu que le sommet permette justement de trouver ce compromis, mais, les divergences sont, encore, trop fortes sur les modifications à apporter à cette législation européenne, qui confie la responsabilité du traitement d’une demande d’asile aux pays de première entrée.

La Commission propose de déroger à ce principe en période de crise, avec une répartition obligatoire des demandeurs d’asile depuis leur lieu d’arrivée. Mais, des pays comme la Hongrie et la Pologne, soutenus par l’Autriche, s’y opposent frontalement. Tout comme la République tchèque et la Slovaquie.

L’Italie demande, de son côté, un système permanent de répartition et l’abandon pur et simple du principe de la responsabilité du pays d’arrivée.

Avec AFP

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