MORT DU « MARECHAL » DICTATEUR : PERSONNE NE VERSERA LES LARMES DE CROCODILE

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L’Afrique noire francophone compte un dictateur de moins. Et non des moindres : l’auto-proclamé « maréchal » des armées du Tchad vient de mourir suite aux balles reçues, dans le week-end des 17 et 18 avril, alors qu’il conduisait une offensive pour essayer de freiner l’avancée vers N’Djamena, des forces du FACT, qui venaient, d’ailleurs, d’abattre un hélicoptère de combats et deux avions militaires de fabrique russe. Contrairement aux dires de son état-major qui avait annoncé, lundi, 19 avril, la fin de l’offensive du FACT, c’est le contraire qui se produit sur le terrain. Déby Itno pouvait obtenir une agrégation en désinformation et en manipulation. Dans ce domaine, il était un expert hors pair.

Afrique Education avait prédit, l’année dernière, au moment de son intronisation une « longue vie » de « maréchal » d’opérette à l’instar de ses prédécesseurs maréchaux d’Afrique noire, à savoir, le maréchal, Mobutu Sese Seko de l’ex-Zaire, aujourd’hui, République démocratique du Congo, et le maréchal, Idi Amin Dada d’Ouganda. Voilà la preuve que ce grade porte malheur en Afrique noire, surtout, pour des personnes qui ne le méritent pas.

Nous n’oublions pas qu’à force de lui sortir des vérités qu’il exécrait, celui qui n’avait pas encore imaginé qu’il allait, un jour, se bombarder « maréchal », avait décidé d’interdire la vente du magazine Afrique Education sur toute l’étendue du territoire tchadien. C’était en 2008. Déby n’avait même pas eu l’élégance de nous tenir au courant. C’est notre ami, Ngarlejy Yorongar, son opposant qu’il faillit tuer lors de l’offensive-rebelle de 2008, qui nous tint informé de cette mauvaise nouvelle. Résultat, jusqu’à sa mort, les Tchadiens se procuraient ce magazine lors des voyages, à l’étranger, et faisaient bien attention à bien le cacher dans leur valise pour qu’il ne soit pas confisqué lors des fouilles, à l’aéroport.

Nous osons croire que le successeur du « maréchal » ne sera pas aussi, intellectuellement, limité. Ses trente ans passés au pouvoir, ont fait beaucoup de mal au Tchad. Si l’heure est à la joie pour de très très nombreux Tchadiens, le très catastrophique bilan de ses trente ans, ne pourra se faire qu’à tête reposée. Cela dit, on s’empresse de dire que s’il a déstabilisé la République centrafricaine qui peine, toujours, à se relever en réalisant, d’abord, le coup d’état contre Ange Félix Patassé en mars 2003 pour installer François Bozizé, avant de favoriser son éviction le 24 mars 2013 et tenter de manoeuvrer en faveur de son retour, Déby n’a heureusement pas eu la tête de son homologue de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguéma Mbasogo, lors du coup d’état du 24 décembre 2017. Malheureusement, il a trouvé que la carapace du président Obiang était beaucoup trop solide pour lui. C’est dire qu’en Afrique centrale, la disparition du « maréchal » ne sera pas du tout pleurée. Elle sera fêtée au champagne dans certains palais présidentiels. Car Déby était un déstabilisateur. Il était le bras armé de l’étranger : il était toutes choses égales par ailleurs le Blaise Compaoré de l’Afrique centrale. Quand on joue un tel sale rôle, généralement, on finit très mal.

Déby flottait dans sa tenue de "maréchal"Idriss Déby Itno flottait dans sa tenue de « maréchal » d’opérette. Un grade qu’il ne méritait pas.

« Le président de la République, chef de l’Etat, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille. C’est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad », a précisé le porte-parole de l’armée, le général, Azem Bermandoa Agouna, dans un communiqué de 24 secondes lu à l’antenne de TV Tchad. La même armée avait annoncé la fin des combats, lundi, après avoir mis la colonne rebelle en déroute. De la désinformation pure et simple à la Déby ! Du haut de ses 68 ans, il ne supportait pas d’être contredit dans Afrique Education. Pourtant, il a passé 30 ans à mentir au vaillant peuple du Tchad.

Que va-t-on faire des 79,32% que vient de lui octroyer la Commission électorale ? Il avait prévenu qu’il ne voulait pas gagner avec un score à la soviétique.

Après la disparition de cet ogre, les Tchadiens doivent s’asseoir, dans le cadre d’un dialogue national, pour tracer leur avenir commun avant d’organiser une nouvelle élection présidentielle. Celle-ci devra réellement être transparente avec tous les attributs de sincérité.

P.T.

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