NIGER : 60 morts dans l’explosion d’un camion-citerne à Niamey, la pauvreté et la misère en accusation

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Soixante personnes ont été tuées et une quarantaine blessées dans la nuit de dimanche, 5 mai, à lundi, 6 mai, à Niamey, par l’explosion d’un camion-citerne qui s’était renversé, attirant des badauds voulant récupérer l’essence qui en coulait. Pareille situation est impensable en Europe où la sécurité du périmètre accidenté aurait, immédiatement, été sous contrôle. Toutes les personnes en dehors de celles impliquées dans l’intervention, auraient, systématiquement, été éloignées du site. A Niamey, au contraire, les populations ont accouru pour soutirer l’essence qui fuyait des cuves, espérant se faire un peu d’argent, mais, ignorant le danger auquel elles faisaient face. L’absence des mesures pour circonscrire le danger et éloigner les populations, ce qui est du ressort du gouvernement, est à l’origine de cette hécatombe. Mais, sur le fond, la question de la misère et de la pauvreté, qui frappent les populations concernées, est la principale cause de cette situation. Ce qui est arrivé à Niamey peut survenir dans n’importe quelle ville africaine.

« Cette explosion, intervenue lundi aux environs de 01h00 (locale et GMT), a fait 60 morts dont 55 sur place, et cinq ayant succombé des suites de leurs blessures », a annoncé la présidence nigérienne dans un communiqué, complété par des sources hospitalières.

Le camion, qui s’est renversé sur le chemin de fer et à proximité d’une station-service, contenait 36.000 litres d’essence (notre photo).

Un précédent bilan faisait état de 55 morts.

Cet accident a eu lieu à quelques centaines de mètres de l’aéroport international de Niamey, qui n’a pas été affecté.

« Quand je suis sortie, j’ai vu le camion couché. Les gens sont venus de toutes parts pour prendre l’essence. Puis j’ai vu un feu sur le côté et tout s’est embrasé », a affirmé une collégienne sur place lundi matin.

« Il y avait des motocyclistes et des gens autour du camion quand le feu a surgi de nulle part et ça a fait +boum+. J’ai vu au moins 40 morts », a assuré un commerçant.

Lundi, matin, le camion calciné et couché sur son flanc était, toujours, visible alors que des policiers ramassaient des débris et des motos brûlés sur la route. Des maisons avoisinantes ont été touchées par les flammes.

L’explosion s’est produite sur la RN1, qui sort de Niamey en direction du Sud-Est. Un dépôt de carburant, d’où venait probablement le camion, se trouve quelques centaines de mètres plus loin.

« Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, s’est rendu au chevet des blessés à l’hôpital national de Niamey », selon le compte twitter de la présidence.

Le premier ministre, Brigi Rafini, et le ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum, se sont rendus sur les lieux de l’explosion dans la matinée.

Des accidents similaires ont, déjà, fait des centaines de morts au Nigeria et au Cameroun, pour ne citer que ces deux pays. Au Nigeria, dans le Delta du Niger, notamment, les conduites d’essence de la compagnie Shell étaient, souvent, sectionnées par les populations afin d’y soutirer de l’essence, provoquant, parfois, des explosions très coûteuses en vies humaines. Au Cameroun, le 14 février 1998, on avait enregistré plus de 250 morts à la suite d’explosion des cuves d’essences de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (SCDP) qui s’étaient renversées, accidentellement, sur les rails, à Nsam, un faubourg de Yaoundé. Les populations avaient alors accouru pour y retirer le précieux liquide afin de le vendre par la suite et se faire un peu d’argent, ignorant qu’elles mettaient leur vie en danger.

Au Niger, c’est la toute première fois qu’un accident d’une telle ampleur survienne.

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