NIGER : Climat politique délétère présageant une mauvaise présidentielle

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afriqueeducation.com n’a cessé de le répéter, depuis des semaines : le pouvoir actuel, parce qu’il vise une réélection du président, Mahamadou Issoufou, par « K O dès le premier tour », alors qu’il est, strictement, minoritaire dans le pays, son principal allié du Moden Fa Lumana ayant, depuis, fait défection, ce pouvoir-là est en train de conduire le pays vers la catastrophe. Il faut croire que nous ne sommes pas (plus) les seuls à être très inquiets du climat politique (lourd de menace) qui prévaut au Niger. Il y en a d’autres.

En effet, les très influents chefs traditionnels du Niger ont, également, exprimé leur « préoccupation » face au climat politique « délétère », à un mois et demi du scrutin présidentiel de février, dans un communiqué rédigé hier : « Nous sommes profondément préoccupés par la situation socio-politique délétère (…) qui menace la cohésion nationale », selon le texte de l’Association des chefs traditionnels (ACTN).
Et « Soucieux de préserver la paix » dans le pays, ces chefs déplorent, notamment, « des déclarations incendiaires » par les « acteurs » des camps rivaux et nocives « à la paix ». Ils « appellent », par conséquent, « hommes politiques, société civile, médias, leaders religieux » à « plus de retenue » en vue « d’élections apaisées » (notre photo montrant Mahamadou Issoufou en compagnie d’une délégation de chefs traditionnels).

Astreints par la loi à « la stricte neutralité politique », les chefs coutumiers usent, souvent, de leur grande influence sociale pour calmer les tensions sociales.

Le climat politique est tendu au Niger à un mois et demi de la présidentielle. Mi-décembre, le président Issoufou a affirmé qu’une tentative de coup d’état avait été déjouée, justifiant une vague d’arrestation de militaires. Il s’agit, certainement, de faux complots des régimes bananières quand ils veulent se débarrasser des empêcheurs de tourner en rond dans le pays. Car depuis qu’il a fait ces annonces spectaculaires, le régime peine à apporter la preuve de ses allégations.

Après avoir tenté de diviser les partis n’appartenant pas à la majorité, Mahamadou Issoufou risque de se présenter à la présidentielle sans allié politique de poids, d’où sa crainte d’être balayé, les électeurs devant, sans doute, sanctionner sa calamiteuse gestion ponctuée d’énormes détournements de fonds et d’autres affaires ayant trait à la corruption.

Par ailleurs, un des principaux candidats (et ex-allié de Issoufou à la présidentielle de 2011), Hama Amadou, a été mis en prison, accusé d’avoir participé à un trafic de bébés alors que lui crie au procès politique. Cette élimination politique devrait, pense-t-on du côté du PNDS, donner un peu plus de confort au candidat du pouvoir.

Une dizaine de prétendants à la présidentielle du 21 février ont déposé leur dossier de candidature, dont le président du MNSD-Nassara, Seïni Oumarou, qui ambitionne de devenir le deuxième président Nassara du Niger, après le colonel, Mamadou Tandja. En tout cas, il est l’adversaire le plus coriace de Mahamadou Issoufou.

Le très délétère climat politique du Niger exaspère, aussi, jusqu’aux Nations-Unies. A l’occasion d’une visite au Niger, le représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a affirmé, jeudi, 7 janvier, qu’il était crucial que les élections législatives et présidentielle prévues, le 21 février, se déroulent dans un climat serein.

« Les enjeux sont d’autant plus grands que les élections législatives et présidentielle du 21 février seront les premiers scrutins à se tenir en Afrique de l’Ouest en 2016 », a dit M. Chambas dans une déclaration à la presse à Niamey. « Il est donc crucial que ces élections se déroulent dans un climat serein et consensuel et permettent de doter le Niger d’institutions légales, légitimes et solides, à même de relever les nombreux défis auxquels fait face le pays ».

Le représentant spécial a réaffirmé la disponibilité des Nations-Unies à continuer d’appuyer ce processus.

M. Chambas a entamé sa visite, à Niamey, le 4 janvier, quelque temps après que les autorités ont dénoncé une tentative de coup d’état. Un coup d’état qui peine à être prouvé mais qui permet de maquiller le souhait du régime de frauder aux élections à venir. Mais l’opposition est d’une vigilance à toute épreuve.

Au cours de sa visite, il s’est entretenu avec les principaux acteurs politiques (majorité, opposition et partis non affiliés), les représentants des institutions de la République et des structures chargées des élections, ainsi que, les partenaires techniques et financiers. Il a, également, été reçu en audience par le premier ministre, le président de l’Assemblée nationale et le président de la République.

La visite de l’envoyé de l’ONU a coïncidé avec la présentation des conclusions du contrôle du fichier électoral effectué par des experts de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). « C’est ainsi une étape importante du processus qui est franchie mais elle n’est certainement pas la dernière », a dit M. Chambas, qui a appelé tous les acteurs concernés à mettre en œuvre « sans délai les recommandations à application immédiate, en vue de la poursuite du processus électoral dans la sérénité ».

On espère, donc, du côté de l’opposition et de la société civile, que le pouvoir deviendra (enfin) raisonnable, et ne cherchera plus à piéger le processus électoral en cours, la vraie lutte à mener dans ce pays, n’étant pas contre l’opposition, comme cela est le cas, actuellement, mais contre la secte Boko Haram.

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