NIGERIA : L’armée accuse L’ONG Action contre la faim d’«aider les terroristes»

Date

L’armée nigériane a accusé Action contre la faim (ACF) d’aider les terroristes en leur fournissant nourriture et médicaments dans le Nord-Est du Nigeria, en proie à une insurrection djihadiste et où les militaires ont fermé les bureaux de l’ONG française. L’armée nigériane ne prend pas une telle décision parce qu’elle serait inhumaine, mais, c’est parce que cette interdiction est une arme pour combattre la secte Boko Haram. En effet, quand cette dernière n’a rien pour alimenter ses effectifs, elle est obligée de se découvrir en allant piller dans les localités environnantes, ce qui la fragilise car, parfois, elle essuie des attaques de l’armée. En lui procurant des vivres et des médicaments, ACF la renforce, militairement. L’ONG n’agit pas dans le cadre des droits de l’homme. C’est un secours aux terroristes, totalement, inapproprié et mal venu, que l’armée du Nigeria a l’obligation et la responsabilité de combattre, par tous les moyens.

«Les activités subversives de l’ONG Action contre la faim ont persisté malgré plusieurs avertissements pour qu’elle cesse d’aider et d’encourager les terroristes et leurs atrocités», a affirmé dans un communiqué, jeudi, 19 septembre, soir, le colonel Isa Ado. Le porte-parole de l’Opération Lafiya Dole, en charge de la lutte contre les groupes djihadistes dans le Nord-Est, a dénoncé «les pratiques malsaines» de certaines ONG sur les théâtres d’opération. ACF est «déclarée persona non grata pour avoir aidé les terroristes de Boko Haram/Iswap (Etat islamique en Afrique de l’Ouest) en leur fournissant nourriture et médicaments», a-t-il poursuivi.

Sans préavis et sans donner de raison, des camions de l’armée ont obligé le personnel de l’ONG à évacuer et fermer leurs bureaux à Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, ainsi qu’à Damaturu, dans l’Etat voisin de Yobe. Le directeur pour le Nigeria d’ACF, Shashwat Saraf, a confirmé la fermeture de ses bureaux dans une interview à la presse locale.

«Nous sommes très surpris», a-t-il dit. «Pour l’instant, nous n’avons toujours aucune information», a souligné Shashwat Saraf. L’ONG a estimé peu après dans un communiqué que cette décision «compromet l’aide apportée par ACF aux plus vulnérables de l’Etat du Borno et force à suspendre immédiatement ses programmes touchant plusieurs millions de personnes».

L’insurrection djihadiste et sa répression ont fait plus de 35.000 morts en 10 ans. En juillet dernier, six employés d’ACF, dont des contractuels, avaient été enlevés par l’ISWAP, la branche de Boko Haram affiliée au Groupe Etat islamique, alors qu’ils rentraient à leur base de Damaturu. La libération des employés enlevés fait-elle l’objet de marchandage ?

Toujours est-il qu’une source humanitaire basée dans la région confie, en effet, que ces fermetures soudaines pouvaient être liées avec les négociations menées pour faire libérer les otages, toujours, entre les mains de l’ISWAP. Autrement dit, Boko Haram se livrerait à un véritable chantage pour libérer les employés de l’ONG ACF.

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier