NIGERIA : les civils libérés de Boko Haram ont besoin d’aide (qui vient difficilement)

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« Les personnes déplacées par Boko Haram sont confrontées à un niveau élevé de vulnérabilité », a déclaré, vendredi, 7 octobre, le porte-parole du HCR (Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés), William Spindler, lors d’un point de presse, à Genève. « Presque toutes les familles sont affectées par des problèmes très inquiétants en matière de protection », a-t-il ajouté, soulignant que certaines d’entre elles vivent dans la crainte que le groupe d’insurgés puisse les attaquer de nouveau et les réintégrer, de force, dans ses rangs. C’est une phobie inacceptable qui ne devrait pas laisser la communauté internationale indifférente.

Une équipe du HCR et ses partenaires ont évalué, ces deux dernières semaines, les besoins des populations dans les zones nouvellement accessibles de l’Etat de Borno (notre photo montrant les réfugiés nigérians sur le territoire camerounais). Ils se sont entretenus avec des particuliers et des responsables de communautés locales dans les villes de Monguno, Bama, Damboa, Dikwa, Konduga, Mafa, Magumeri et Shani.

Selon les conclusions de cette évaluation, plus de 60.000 personnes déplacées, pour la plupart, originaires du district de Marte, vivent, actuellement, dans neuf sites, à Monguno, où elles ont besoin d’une aide régulière de toute urgence. Des civils continuent d’arriver après avoir fui des opérations militaires, toujours, en cours au Nord de l’Etat de Borno pour déloger Boko Haram.

Pour l’agence onusienne, il est essentiel que les distributions de nourritures soient renforcées et plus régulières. « Les pénuries alimentaires sont une préoccupation majeure à Monguno et Kuya », a alerté M. Spindler qui a, également, signalé des cas de malnutrition aiguë chez des enfants. « A Kuya, les femmes doivent envoyer leurs enfants – âgés, parfois, de cinq ans, seulement – vendre de petits objets ou mendier de l’argent dans les rues afin de pouvoir acheter de la nourriture et des médicaments », a-t-il ajouté.

Alors qu’environ 7.500 personnes vivent dans des bâtiments scolaires délabrés et des abris de fortune, à Monguno et Kuya, le HCR travaille avec les autorités nigérianes pour identifier un nouveau site pour les personnes déplacées. « Nous nous apprêtons à livrer des articles de secours aux familles les plus vulnérables de Monguno, y compris, des matelas, des nattes de couchage, des lampes à énergie solaire, des ustensiles de cuisine, des moustiquaires, des jerrycans, des babouches, des produits d’hygiène féminine, du savon et du détergent », a précisé le porte-parole.

L’équipe du HCR a, également, constaté que de nombreuses familles sont, désormais, dirigées par des femmes seules, leurs maris ayant été tués par Boko Haram, contraints de rejoindre les insurgés ou étant portés disparus. « Le lancement de programmes visant à assurer des moyens d’existence, est nécessaire d’urgence pour aider ces femmes à devenir autonomes et réduire le risque qu’elles recourent à la prostitution de survie », a dit M. Spindler.

Plus de deux millions de personnes sont déracinées au Nigeria, y compris 1,87 million de civils ayant fui les violences de Boko Haram, depuis 2014. Quelque 195 350 personnes ont, par ailleurs, trouvé refuge dans les pays voisins au Cameroun, au Tchad et au Niger.

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