PALESTINE : Valse de reconnaissances qui interroge

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Alors qu’un nombre croissant de nations du G7 se bousculent pour reconnaître la Palestine comme un Etat à part entière, dès septembre prochain, l’Algérie savoure, dans le silence, son rôle historique dans ce qui risque de bouleverser les rapports entre les acteurs du Proche et Moyen Orient, et ceux de l’Occident. En effet, elle peut se vanter d’être la terre d’où fut proclamée l’indépendance de la Palestine, le 15 novembre 1988, par Yasser Arafat, en exil. Depuis lors, en Afrique, seuls le Cameroun et l’Erythrée trainent le pas, pour des raisons propres à eux.

Le Cameroun a développé une Brigade d’intervention rapide (BIR), une unité d’élite particulièrement performante, grâce à d’anciens officiers israéliens, et qui répond directement au chef de l’Etat, Paul Biya. Ce dernier garde, donc, d’excellents rapports avec son partenaire Israël. En Erythrée, les autorités préfèrent rester neutres dans cette affaire, et ce, même si elles partagent une histoire commune avec la Palestine, en termes de quête d’indépendance. Aucune reconnaissance n’est envisageable pour le moment. 

Bien qu’elle ait tout vu juste dès le départ, l’Algérie n’est, nullement, mentionnée dans tout le tapage médiatique suscité par l’engouement soudain des puissances occidentales de faire évoluer le statut de la Palestine sur le plan international (le 15 novembre 1988, à Alger, aux côtés du président algérien, Chadli Bendjedid, Yasser Arafat proclame l’indépendance de la Palestine). Un tel silence concernant l’Algérie n’est-il pas dû à la réaffirmation du profond déséquilibre dans les rapports entre les Etats-Unis et l’Union européenne (UE), illustrés de la pire des manières par l’entourloupe que Donald Trump a réussi à placer à Ursula von der Leyen, négociatrice en chef de l’UE, dans sa résidence privée en Ecosse ?

On espère que non parce qu’après des décennies de tergiversations sur la solution à deux Etats, et la résurgence de cette option sur le devant de la scène depuis les attentats du 7 octobre, la France, la Grande-Bretagne, le Portugal, le Canada et tous les autres retardataires ont eu tout le temps de sortir de leur discours léthargique, mais s’y sont gardés. S’y rabattre avec virulence, comme ils le font maintenant, donne l’impression d’une volonté de faire de cette reconnaissance de la Palestine une variable d’ajustement, en réaction à leur fiasco commercial contre les Etats-Unis.

La décision d’Emmanuel Macron de reconnaître la Palestine en septembre 2025 est une très bonne et grande décision. Mention Bien au président français.

Au point où ils en sont, les Palestiniens sont, de toutes façons, preneurs de cette avancée, car mieux vaut tard que jamais. Par contre, pour la vague des pays du G7 qui ont annoncé les couleurs à New York prochainement, l’enjeu semble, surtout, de faire preuve d’orgueil face au tyran américain, qui aura, encore, prouvé que l’UE est son principal vassal. Seuls les simples d’esprit se laisseront, facilement, prendre au jeu d’une telle manœuvre, qui n’est, rien d’autre, qu’une distraction orchestrée par un cercle de dirigeants touchés au plus profond dans leur égo.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins Universitaire – Washington DC)

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