Malgré l’inscription de deux nouveaux sites, le continent est encore très peu représenté. Sur les 1 200 sites mondiaux inscrits à l’Unesco, seule une centaine est en Afrique et un quart d’entre eux sont menacés par les conflits, le réchauffement climatique ou l’exploitation des ressources.
Durant ses deux mandats à la tête de l’organisation, sa directrice générale, la Française, Audrey Azoulay, aura œuvré pour une plus grande inclusion du continent, qui représente 9 % des biens inscrits au Patrimoine mondial, mais, abrite près d’un quart de ceux déclarés en péril. Vendredi, 11 juillet, elle a annoncé l’inscription de deux nouveaux sites archéologiques africains : le paysage culturel Did-Gid-Biy des Monts Mandara au Cameroun (notre photo) et le Mont Mulanje au Malawi.
Situé à l’Extrême-Nord près de la frontière nigériane, le paysage culturel Did-Gid-Biy des Monts Mandara regroupe des sites archéologiques édifiés entre le XIIe et le XVIIe siècles. Ces lieux sont entourés de terrasses agricoles et de lieux de cultes étaient occupés par le peuple Mafa. S’élevant jusqu’à 3.000 mètres d’altitude, les Monts Mulanje au Malawi sont considérés comme une terre sacrée peuplée de dieux, d’esprits et d’ancêtres par ses locaux.
Parmi les 30 candidatures examinées cette année, deux autres étaient issues d’Afrique : l’archipel des Bijagos en Guinée-Bissau et les forêts de Gola Tiwai en Sierra Leone. Constitué de 88 îles et îlots, l’archipel bissau-guinéen abrite plus de 155 espèces de poissons et est le deuxième site le plus important pour les oiseaux migrateurs en Afrique de l’Ouest. Situées à proximité du Liberia, les forêts de Gola Tiwai s’étalent sur plus de 700 kilomètres carrés. Elles sont le refuge de 313 espèces d’oiseaux et de 49 espèces de mammifères dont l’éléphant de forêts.

Cette plus grande prise en compte du continent africain ravit le directeur du patrimoine mondial, le Camerounais, Lazare Eloundou Assomo : « Depuis son arrivée en 2018, Audrey Azoulay a fait de l’Afrique non seulement sa priorité, mais aussi, une des priorités globales de l’Unesco. Et on commence à voir des résultats très positifs ». Selon lui, « une stratégie très claire a été élaborée », notamment, pour inclure les 11 pays africains n’ayant jamais figuré à ce jour sur la fameuse liste.
L’Unesco consacre un quart de son budget à l’Afrique
Quant au budget consacré à l’Afrique, il a augmenté pour atteindre en 2025 plus d’un quart du budget total de l’organisation onusienne (27%). L’écart sera toutefois long à rattraper : si le nombre de sites inscrits en Afrique subsaharienne est passé de 93 à 108 ces dernières années, la proportion reste faible sur un total de plus de 1 200 sites à l’échelle mondiale. C’est pourtant en Afrique qu’a commencée l’histoire de la Convention du patrimoine mondial.
En 1959, le temple du pharaon égyptien, Ramsès II, à Abou Simbel, risque de se voir englouti par les eaux du Nil, avec la construction du Grand Barrage d’Assouan. L’Egypte et le Soudan demandent alors l’aide de l’Unesco pour sauvegarder le monument. Lors des premières inscriptions, en 1978, figurent des sites africains comme l’Ile de Gorée au Sénégal, symbole de la traite négrière, ou les églises creusées dans la roche de Lalibela, la « Jérusalem éthiopienne ».
Des sites menacés par les conflits
Mais nombre de pays du continent tardent à ratifier la Convention de 1972, qui conditionne l’inscription de sites au Patrimoine mondial. Les candidatures demandent du temps et des moyens. L’Afrique s’efface progressivement face à d’autres régions. L’Afrique doit se réveiller.