PRESIDENTIELLE DE LA RDC : Le cardinal Laurent Monsengwo se met en embuscade

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L’archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo, une des voix critiques de l’opposition aux pouvoirs en République démocratique du Congo (RDC), a cédé, jeudi, 1er novembre, son fauteuil à Mgr Fridolin Ambongo à moins de deux mois d’une présidentielle décisive qui doit entraîner la succession du président Joseph Kabila. La démission du cardinal se fait à moins de deux mois de la périlleuse élection présidentielle aux multiples inconnues qui sera organisée le 23 décembre prochain. Le pouvoir manoeuvrant pour le conserver alors que l’opposition ne s’est toujours pas accordée sur un candidat unique pour la représenter, le profil du cardinal, maintenant qu’il s’est mis en congé de l’église, pourrait faire consensus dans un pays où on en a marre de la gestion de Joseph Kabila.

« Le pape François a accepté aujourd’hui (jeudi) la renonciation du cardinal Laurent Monsengwo à la tête de l’archidiocèse de Kinshasa, introduite depuis 2015, et Mgr Fridolin Ambongo a pris les rênes de l’archidiocèse de Kinshasa », a précisé l’abbé, Bruno Lusongakio, porte-parole de l’archidiocèse de Kinshasa.

Le cardinal Monsengwo devient, donc, archevêque émérite de Kinshasa.

« La passation de pouvoir et de service a eu lieu aujourd’hui à Kinshasa en présence du Nonce apostolique » tandis que l’inauguration officielle du ministère de Mgr Ambongo aura lieu le 25 novembre 2018 à la cathédrale Notre Dame du Congo », a indiqué l’abbé Lusongakio.

Agé de 79 ans, Mgr Monsengwo est l’une des voix critiques envers les différents régimes qui se sont succédé en RDC (ex-Zaïre), du dictateur Mobutu Sese Seko 1965-1997) à Laurent-Désiré Kabila 1997-2001), puis, Joseph Kabila.

« Que les médiocres dégagent » avait lancé Mgr Monsengwo après la répression de l’une des premières marches anti-Kabila, le 31 décembre 2017, qui avait fait six morts, à Kinshasa, après un second report des élections en RDC.

En réponse, le président, Joseph Kabila, avait critiqué l’ingérence de l’église catholique dans les affaires politiques en RDC dans sa conférence de presse du 26 janvier : « Rendons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Entre décembre 2017 et février 2018, les catholiques ont organisé trois marches en RDC contre le maintien au pouvoir du président Kabila.

En février, le pape François avait, alors, désigné Mgr Fridolin Ambongo, considéré, également, comme une voix critique du régime, pour succéder au cardinal Monsengwo.

Prévues initialement pour décembre 2016, les élections présidentielle, législatives et provinciales qui doivent organiser la succession du président Kabila sont prévues pour le 23 décembre 2018.

La Constitution interdisait à Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, élu en 2006 et réélu dans la contestation en 2011, de se représenter. Le chef de l’Etat a, finalement, désigné son ex-ministre de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, comme candidat de sa majorité à la présidentielle.

Un total de 21 candidats sont en lice pour ce scrutin clé. L’opposition, pour le moment, n’arrive pas, encore, à désigner un candidat unique pour la représenter, ce qui la fragilise face au rouleau compresseur du pouvoir. Pour avoir une chance de battre ce régime, le cardinal pourrait être cet homme de consensus, qui a l’avantage de s’élever au-dessus des partis. Voilà pourquoi il aurait démissionné de sa charge alors qu’il est, encore, très bien portant pour continuer à servir Dieu. Le pape François qui avait dû annuler son voyage à Kinshasa, l’année dernière, pour ne pas cautionner le régime de Joseph Kabila, est, parfaitement, au courant de la situation politique qui prévaut en RDC. En accordant ce congé à son cardinal, il reste très attentif au rôle que l’église catholique peut jouer, dans les prochains mois, dans ce pays où rien ne se fait comme ailleurs (sur notre photo le cardinal Monsengwo avec le pape François à Rome).

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