PRESIDENTIELLE AU CAMEROUN : Pourquoi Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a félicité son frère Paul Biya avant l’heure

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Parmi les messages de félicitation qui s’additionnent sur la table de travail de Paul Biya, à Etoudi, il y en a un qui revêt une importance particulière, pas pour son destinataire qui va effectuer un septième mandat de sept ans, mais pour son expéditeur : Teodoro Obiang Nguema Mbasogo compte en le président camerounais quelqu’un sur qui s’appuyer en Afrique centrale en cas de coup dur.

On ne sait pas s’il participera, personnellement, à l’investiture du président réélu, dans les prochains jours, à Yaoundé. Mais, même s’il n’est pas présent, sans risque de se tromper, ce sera du « loin des yeux près du coeur ».

En fait, les relations entre Paul Biya et Teodoro Obiang sont sincères, fraternelles, honnêtes et profondes. Très discret de nature, Paul Biya, sans être expansif, entretient des rapports très corrects avec tous ses homologues de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale). Mais, avec son frère de Mongomo, les relations sont d’une tout autre nature. Hormis le fait que les deux, quand ils se voient, oublient, carrément, leurs langues de travail imposées par leurs anciens colonisateurs et se mettent dans leur fang-bulu natal, leurs charmantes épouses, Chantal et Constancia, sont des sœurs qui entretiennent les meilleures relations du monde. Entre ces deux commères, c’est comme l’écorce et l’arbre (notre photo).

En réalité, hormis cette proximité somme toute normale et même banale, le président équato-guinéen a de la suite dans les idées. Il sait qu’il doit, en partie, la vie à son frère de Mvomeka. En effet, le 24 décembre 2017, alors que les chrétiens fêtaient la naissance de Jésus dans leurs églises respectives, il a pu déjouer un plan qui visait à son assassinat, à celui de son fils et vice-président, Teodorin Obiang Nguema Mangue, et de plusieurs autres membres de sa famille. On ne l’a pas dit assez fort, mais, la sous-région de l’Afrique centrale a failli passer son plus mauvais noël depuis les indépendances. L’attaque à l’arme lourde contre la famille présidentielle devait se faire, en pleine messe de minuit, dans la cathédrale de Mongomo. Chose gravissime : l’ennemi ne venant jamais de loin, les propres parents du chef d’Etat faisaient partie des comploteurs. Mais là où le chef de l’Etat camerounais a joué un rôle déterminant, c’est quand il a ordonné l’arrestation du commando composé de mercenaires tchadiens, centrafricains et soudanais du sud, au niveau de la zone des trois frontières, à Kye-Ossi. Commandée par un ancien gradé de la sécurité du président, Idriss Déby Itno (lire Afrique Education de février 2018), cette équipe, qui était partie de N’Djamena, la veille, était en possession d’armes lourdes et légères, de tenues de combat militaire, et d’une somme de cinquante millions de F CFA qu’elle trimballait pour les besoins de la cause. Dieu est grand. C’est pourquoi Obiang est encore vivant ! Tout avait été fait pour qu’il y laisse sa peau. Et de quelle manière ! La sanguinaire barbarie lors de l’assassinat de William Richard Tolbert (avril 1980), plus tard, du sergent-chef Samuel Doe (septembre 1990), à Monrovia, n’était rien par rapport à ce qu’on prédestinait au président Obiang. Il devait y avoir du sang, du sang et du sang…

La colonne de mercenaires provenant du Tchad (d’où Déby jure qu’il ne savait rien) allait prêter main forte à l’attaque présidentielle de Mongomo. Elle s’est retrouvée entre les mailles du filet de la police et de la gendarmerie camerounaises. Sur instruction de Paul Biya. Ordre, dans un deuxième temps, a été donné de l’interner au SED, à Yaoundé, pour lui administrer un interrogatoire serré.

C’est sans succès que Teodoro Obiang demanda les comptes à son homologue tchadien, Idriss Déby Itno (qui n’est jamais au courant de ce qui se passe chez lui), mais aussi, à la France, sur qui ont pesé de lourds soupçons mais qui a dit ne rien connaître de cette tentative d’assassinat.

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a compris qu’il avait un vrai frère et ami dans la sous-région. Et surtout, qui était qui, au sein de leur fameuse CEMAC. Sans faux-fuyant, c’est son frère de Mvomeka, qui lui permet, aujourd’hui, d’attendre la fin 2018 avec bonheur et optimisme. Sans lui, son corps serait placé quelque part, entre quatre planches, dans un trou du cimetière de Mongomo. C’est la raison, à notre humble avis, pour laquelle il n’a pas attendu le verdict du Conseil constitutionnel, le 22 octobre, avant d’adresser ses vives et chaleureuses félicitations de vainqueur à son frère. Le doyen Teodoro sait d’où il vient. Il a, surtout, de la suite dans les idées.

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