PRESIDENTIELLE EN CENTRAFRIQUE : Qui en veut à Nicolas Tiangaye ?

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L’ancien premier ministre et président de la Convention républicaine pour le progrès social (CRPS), Nicolas Tiangaye, n’a pas encore déclaré sa candidature que, déjà, le ciel s’abat sur lui. Devient-il l’homme à éliminer avant cette élection présidentielle dont personne ne sait exactement (pas même le président Faustin Archange Touadéra) quand elle va se tenir ? Pour l’heure, la date du 27 décembre est beaucoup plus virtuelle que réelle. Le weekend passé, le parti de Me Nicolas Tiangaye (qui n’est déjà pas très riche), a été ciblé par un groupe rebelle pourtant signataire des accords de Khartoum alors qu’il se rendait à l’intérieur du pays pour se déployer dans le cadre des élections à venir. D’où la question de savoir si cette opération de coupeurs de route, a été spontanée ou téléguidée par le pouvoir qui chercherait à affaiblir ses adversaires les plus coriaces pour s’offrir une réélection plus facile ? Interviewé par Sabe Productions, Me Nicolas Tiangaye (notre photo) livre sa version des faits : « Il s’agissait d’une mission du parti qui allait à Kabo pour mettre en place les structures du parti. Arrivée à Kaga-Bandoro, toute l’équipe a été arrêtée par les éléments du MPC (Mouvement patriotique centrafricain) d’Alkatim. Tous les membres de l’équipe ont été dépouillés des sommes d’argent qu’ils avaient sur eux. Le véhicule qui les transportait a été confisqué, avec tout ce qu’il y avait dedans comme effets, et qui devaient servir aux militants de Kabo. Les membres de la mission ont dû rentrer à Bangui en utilisant les moyens de bord, comme des taxis-motos et autres. Cette mission, poursuit Me Tiangaye, était composée des membres du bureau du CRPS dont une femme qui avait été désignée pour être candidate du parti à Kabo. A cause de ce qui est arrivé, elle a estimé que sa sécurité n’était pas garantie. Elle a donc dû renoncer à cette candidature. Je dois dire que c’est une grande perte pour notre parti parce que la loi fait obligation aux partis politiques de présenter 35% de femmes aux élections législatives. Or, ce n’est pas facile de trouver des femmes valables pour aller à ces élections. Cette femme est très dynamique et nous donnait pleinement satisfaction. Malheureusement, à cause de ces très fâcheux événements, elle a dû renoncer à se présenter dans sa circonscription. C’est choquant. Et cela montre que les groupes armés ne respectent pas les engagements qu’ils ont librement souscrits dans l’accord de 2019, puisque ces accords stipulent qu’ils n’ont pas le droit de confisquer les biens des citoyens ni de les séquestrer comme cela a été le cas des membres de mon parti » (fin de citation). Il revient donc au président de la République, signataire desdits accords et garant de la sécurité des biens et des personnes en Centrafrique, de tout mettre en œuvre pour que non seulement le véhicule de Me Nicolas Tiangaye lui soit restitué, dans les brefs délais, mais aussi, les sommes d’argent et autres biens matériels extorqués par ces sinistres personnages du chef rebelle, Alkatim, doivent, également, être restitués à leurs titulaires. Quand l’opposition soutient que l’élection présidentielle ne peut pas avoir lieu le 27 décembre du fait de l’impossibilité des candidats de l’opposition à faire campagne sur toute l’étendue du territoire, ce n’est qu’une vérité biblique. Ce qui est arrivé aux membres du CRPS, peut arriver à n’importe qui. Quand on sait, aussi, que 600.000 Centrafricains sont exclus de l’élection présidentielle (soit le tiers de l’électorat) juste parce qu’ils sont exilés dans les pays voisins (Cameroun, RDC, Congo-Brazzaville et Tchad), on se pose la question de l’inclusivité de cette élection à venir. Organise-t-on une élection juste pour l’organiser ou se donne-t-on les moyens de permettre à tous les Centrafricains où qu’ils se trouvent, en âge de voter, de choisir celui à qui ils décident de donner les clés de la direction du pays ? Ce débat n’étant qu’à son commencement, le plus urgent, aujourd’hui, c’est bien la restitution des biens du CRPS dérobés par un rebelle signataire des accords de paix, appelé Alkatim.

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