PRESIDENTIELLE EN COTE D’IVOIRE : La réponse (pitoyable) de Moussa Faki Mahamat au courrier du président Thabo Mbeki (Va-t-il démissionner ?)

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Afriqueeducation.com a consacré, mercredi, 28 octobre, deux articles importants sur les relations dangereuses que le président de la Commission de l’Union africaine (CUA), Moussa Faki Mahamat, entretient avec le menteur d’Abidjan (Ouattara), pour valider son 3e mandat illégal. Il est admis que c’est la corruption de Ouattara qui a convaincu le président de la CUA de s’impliquer, de la façon qu’on voit aujourd’hui, dans la présidentielle ivoirienne, alors que la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), la constitution de la Côte d’Ivoire et l’opposition unie, chantent, en choeur à qui veut les entendre, que Ouattara a instrumentalisé les institutions de son pays à ses propres fins, pendant cette présidentielle. L’Afrique s’est-elle donnée des institutions aux normes internationales capables de permettre de répondre aux griefs soulevés par la CADHP et l’opposition unie ? Car Ouattara a agi comme dans les républiques bananières d’Amérique latine des années 70. Non seulement, il a isolé la Côte d’Ivoire des autres pays d’Afrique du monde pour assurer son passage en force, mais, on s’est demandé à quoi servait l’UA dont le rôle est de dénoncer et de sanctionner de tels manquements démocratiques ? L’UA, au contraire, est restée très discrète dans le débat où sa voix devait, logiquement, faire autorité. Plus, grave, son président, le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, a, selon nos informations, « sous-traité », directement, l’envoi d’une quarantaine d’observateurs (corrompus) de l’organisation afin de crébiliser la réélection de Ouattara, alors que cette élection n’en est plus une car boycottée par l’opposition. Un autre scandale : 40 candidats sur 44 ont été écartés, arbitrairement, par la Commission électorale indépendante (aux ordres d’Alassane Ouattara). L’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, en est écoeuré. Lui qui est à l’origine du décret que signa Laurent Gbagbo pour permettre à Ouattara de se présenter à l’élection présidentielle de 2005, après l’invalidation de sa candidataure par le Conseil constitutionnel (Juge Tia Koné). Thabo Mbeki a écrit une longue lettre très argumentée à Moussa Faki Mahamat pour s’étonner de la faiblesse de l’UA devant l’arrogance et la suffisance du « menteur chronique » dont la candidature devait être recalée par la CEI et le Conseil constitutionnel. Pour éviter l’affrontement, Moussa Faki Mahamat préfère faire profil bas en affirmant être « entièrement d’accord » avec Thabo Mbeki sur l’analyse qu’il fait de la situation en Côte d’Ivoire. Mais, il minimise son rôle en attribuant la toute-puissance des décisions aux seuls chefs d’Etat comme si c’étaient les chefs d’Etat qui lui ont demandé de piétiner les textes de l’UA, en envoyant des observateurs superviser une élection illégale en Côte d’Ivoire ? Au lieu d’assumer sa forfaiture, et accepter d’avoir été corrompu par Ouattara (comme tout le monde en est convaincu), il préfère se réfugier derrière la CEDEAO comme si la CEDEAO, qui n’est qu’une organisation sous-régionale, peut avoir une préséance devant l’UA. Finalement, Mahamat a répondu à Mbeki sur la forme. Mais, sur le fond, il a tort sur toute la ligne. S’il reste à la tête de l’UA, il n’aura plus aucun relief, il ne concourira qu’à son affaiblissement car désormais, il est perçu comme un président de la Commssion totalement corrompu. Et indigne de l’Afrique. Il faut donc qu’il démissionne.

Voici la réponse de Moussa Faki Mahamat adressée à Thabo Mbeki :

Addis Abeba, le 29 octobre 2020

Excellence,

J’accuse réception de votre lettre datée du 25 octobre relative à la décision de l’UA de déployer une Mission d’observation des élections prochaines en Côte d’Ivoire.

Je vous remercie vivement d’avoir pris de votre temps précieux pour soulever les points cruciaux mentionnés dans ladite lettre. J’ai, donc, l’honneur d’attirer votre haute attention sur les b rèves remarques suivantes en guise de réponse :

1 – Les questions liées aux changements de constitution nationale, à l’alternance au pouvoir, aux contentieux électoraux, au rôle de la Cour africaine de justice, et bien d’autres sont bien conçues et articulées dans de nombreux textes fondamentaux de l’Union, à savoir, la Charte de l’UA sur la démocratie, les élections et la gouvernance, la Charte sur les droits de l’homme et des peuples, l’architecture africaine de gouvernance. Je suis entièrement d’accord avec vous qu’il y a une déficience dans la mise en œuvre.

2 – En tant qu’ancien chef d’Etat, vous connaissez la nature intergouvernementale de notre organisation continentale, dirigée, quand au fond par les Etats membres eux-mêmes à travers les organes pertinents de l’Union, tels que le Comité des représentants permanents (COREP), le Conseil exécutif (CE), le Conseil de paix et de sécurité (CPS), et la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement dont vous avez été membre.

Le pouvoir et les compétences accordés à la Commission et à son président sont, comme vous le savez, fort limités vis-à-vis des organes susmentionnés. La réforme institutionnelle en cours n’a rien changé à cette limitation du pouvoir et des compétences de la Commission et de son président. La doctrine dominante de non-ingérence dans la politique intérieure des Etats membres reste très chère aux Etats membres. Bien que l’Acte constitutif préconise la non-indifférence, le président ne saurait avoir, au regard des textes et de la doctrine actuelle, cette autorité sur les Etats membres.

3 – La Commission, en outre, respecte le principe de subsidiarité. Lorsqu’un problème surgit dans une région, ce principe reconnaît la primauté des communautés régionales pour bénéficier d’une priorité d’action dans le règlement de cette question. Le cas de la Côte d’Ivoire suit la même approche que celui du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée, et de bien d’autres pays. Tous sont régis par le même principe de subsidiarité. Mon devoir en tant que président de la Commission est de respecter ce principe » (fin du courrier adressé à Thabo Mbeki).

On a besoin de demander à Mahamat si ces arguments tenaient la route, pour quelle raison Thabo Mbako lui a adressé un courrier de 4 pages, après en avoir parlé au président en exercice de l’UA, le Sud-Africain, Cyril Ramaphosa ? Le président de la CMA cherche tout simplement à mener ceux qui le critiquent en bateau.

Car après s’être fourvoyé de cette façon alors qu’il est le président de la CUA, après s’être fait corrompre alors que c’est à lui qu’échoit la lutte contre la corrution au sein de l’organisation panafricaine et ses différents démembrements, après avoir cherché à contourner le conseiller juridique de l’UA qui n’a pas été consulté alors que ce dossier relève de sa compétence, Moussa Faki Mahamat n’est plus digne de confiance dans la poursuite de son action à la tête de l’UA. Personne ne va plus le respecter et son deal signé avec Ouattara va lui coller à la peau et de ce fait sapera son autorité tant qu’il sera à la tête de l’UA. Pour préserver un minimum de dignité en tant qu’ancien premier ministre du Tchad, Moussa Faki Mahamat doit absolument rendre son tablier, et ce le plus vite possible.

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