REFORME MIGRATOIRE : Rishi Sunak en perte de crédibilité et Paul Kagame en pleine observation

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La politique de l’autruche menée depuis un long moment par le premier ministre britannique, Rishi Sunak, sur le bilan du président du Rwanda, Paul Kagame, en matière des droits de l’homme vient de connaître un rebondissement majeur. En effet, en approuvant des demandes d’asile de ressortissants rwandais en fin d’année dernière, Londres a, officiellement, bien qu’indirectement, reconnu que Kigali entretient un régime d’oppression face aux opposants.

Rendue par le ministère britannique de l’Intérieur, cette décision vient probablement de dissiper la dernière once de crédibilité qui pouvait permettre aux autorités londoniennes d’espérer faire passer leur réforme migratoire. La forme initiale de celle-ci ayant été rejetée, quelques temps auparavant, par la Chambre des Lords en raison de ses dispositions allant à l’encontre du droit international, leur aspect inhumain ayant particulièrement été relevé par les magistrats. 

Face à ce revers qu’il a eu grand mal à digérer, Rishi Sunak a préféré renchérir sur son entente avec Paul Kagame, promettant de mieux vendre l’image du Rwanda à l’international, au lieu de rechercher des réponses économiques à la crise migratoire sévissant en Angleterre, à l’instar de son homologue italienne, Giorgia Meloni, qui, bien qu’étant, elle-aussi, issue d’un parti conservateur, a opté pour une approche plus à même de porter des fruits.

A l’occasion du premier Sommet Italie-Afrique du genre organisé par elle, à Rome, lundi, 29 janvier, la première cheffe du gouvernement de Rome a décliné sa vision sur la relation qu’elle souhaite développer avec les gouvernements africains. Un véritable rétropédalage pour Giorgia Meloni, qui a fini par se rendre compte que la sous-traitance migratoire ne pouvait, en aucun cas, régler la problématique des flux migratoires, à l’inverse de l’apport d’investissements à forte valeur ajoutée.

Rishi Sunak, qui joue gros actuellement, fera-t-il preuve de suffisamment de clairvoyance pour se rendre compte qu’il fait fausse route depuis le départ, et que les fonds débloqués pour le durcissement des mesures d’immigration en Angleterre seront une perte sèche pour les contribuables anglais ?

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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