RETOUR DES BIENS CULTURELS SPOLIES : Le bon exemple vient des Etats-Unis qui restituent les biens de l’Irak

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Des antiquités, parfois, vieilles de 5000 ans, pillées en Irak en 2003, après la chute de Saddam Hussein, vont revenir dans leur pays après avoir été identifiées par des experts du British Museum. Un très bon exemple que devrait suivre la France dont les musées refusent le retour des biens culturels africains, spoliés pendant la colonisation et même après, et qui font leur rayonnement actuel.

Huit petits objets avaient été saisis, en mai 2003, chez un vendeur de la capitale anglaise par la police londonienne, qui ne disposait pas d’informations sur leur provenance. Ils ont été confiés aux experts du British Museum.

Coïncidence incroyable : une équipe du musée travaillait sur le site même où les objets ont été volés, à Tello (ancienne ville sumérienne de Girsu), dans le Sud de l’Irak.

Parmi ces objets, trois cônes en terre cuite portaient des inscriptions cunéiformes indiquant le nom du roi qui les avait fait faire, et celui du dieu auquel ils étaient dédiés, en l’occurrence, le roi Gudea pour la divinité Ningirsu.

« Ce qui est exceptionnel, c’est qu’au moment où la police envoyait ces objets au British Museum pour les identifier, on était en train de fouiller le temple d’où ils avaient été prélevés », a raconté Sébastien Rey, directeur du site de Tello et conservateur.

Sur place, les archéologues avaient récupéré des objets jetés par les pilleurs, qui s’étaient débarrassés des cônes cassés ou abîmés, avec les mêmes inscriptions, et avaient retrouvé dans les murs du temple des cônes identiques à ceux trouvés à Londres.

« Nous aurions pu deviner que ces objets venaient du Sud de l’Irak, mais, les lier à ce site particulier, et même à des trous particuliers, c’est extrêmement rare », a souligné l’archéologue.

Ces cônes ou clous commémoratifs avaient une « fonction magique », a expliqué M. Rey. Réalisés à la demande d’un roi, ils étaient enfoncés dans les murs d’un temple dédié à une divinité.

Parmi les trésors saisis par les policiers, figurent une petite amulette en marbre blanc représentant un taureau et datant du début du troisième millénaire avant notre ère, un sceau cachet en marbre rouge de la même époque qui se portait en amulette, et un galet de rivière poli sur lequel figure le début d’une écriture cunéiforme.

Ces objets ont, formellement, été remis à l’ambassadeur d’Irak au Royaume-Uni, Salih Husain Ali, et seront acheminés, ensuite, au musée de Bagdad.

L’ambassadeur a remercié le British Museum pour ses « exceptionnels efforts d’identification et de retour des antiquités pillées en Irak ». « Une telle collaboration entre l’Irak et le Royaume-Uni est vitale pour la préservation et la protection du patrimoine irakien », a-t-il dit, cité par le musée.

Pour Hartwig Fischer, directeur du British Museum, qui avait dès 2003 mis en garde contre le pillage du patrimoine culturel du pays, le retour de ces objets est un « symbole des très solides relations de travail avec nos collègues irakiens développées ces dernières années ».

En Afrique francophone, la France a pillé, systématiquement, la quasi-totalité des ouvrages d’art qui font les beaux jours de ses musées. Maintenant que les pays concernés, dans le cadre de leurs politiques culturelles, demandent le retour des biens pillés dans le cadre de la colonisation et même après, les musées français traînent les pieds et l’administration française se montre laxiste dans la réponse à donner aux pays africains. Bref, la France fait mine de vouloir sans réellement vouloir. Arrivé au pouvoir en mai 2017, Emmanuel Macron a entrepris une timide avancée dans ce domaine, à la demande du président du Bénin, Patrice Talon, dont le pays est concerné par cette razzia des temps modernes (notre photo). Au Bénin, on commence à être déçu : la réponse donnée n’est pas à la hauteur de l’exigence des autorités de ce pays.

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