SOMMET CHINE-AFRIQUE : Quand Idriss Déby Itno marque à la culotte son compatriote Moussa Faki Mahamat

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La politique a ses raisons que la raison ignore : Idriss Déby Itno regretterait-il d’avoir placé son compatriote, Moussa Faki Mahamat, à la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA) ? Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il le marque à la culotte comme s’il redoutait que ce poste ne lui donne une certaine épaisseur politique au point de représenter une alternance à la tête du Tchad dans quelques années. Mais attention au mauvais calcul dont Ali Bongo Ondimba a été victime au Gabon. Au lieu de favoriser un deuxième mandat pour Jean Ping à la présidence de la Commission de l’UA, les « émergents » gabonais avaient, plutôt, détruit la carrière de Ping au sein de cette organisation, faisant profiter au passage la transmission de témoin à la Sud-Africaine, Xhosazana Dlamini-Zuma. Résultat, le Gabon est entré, quelques mois plus tard, dans une zone de turbulence, Jean Ping qu’on disait amorphe et incapable de toute réaction, s’étant, viscéralement, rebellé au point de déstabiliser le fonctionnement de l’Etat. Alors que s’il avait eu son deuxième mandat, qui lui tendait les mains à l’UA, Ali Bongo Ondimba aurait eu une présidentielle tranquille en août 2016.

Le 3 septembre, plusieurs personnes ont prononcé un discours lors de la cérémonie d’ouverture du 3e Sommet Chine-Afrique, à Beijing. Xi Jinping, le président chinois, a prononcé le discours le plus attendu pour annoncer 60 milliards de dollars d’appuis financiers multiformes prévus pour les trois prochaines années. Tour à tour, ont aussi pris la parole, les présidents sud-africain, Cyril Ramaphosa, co-président du Sommet, Paul Kagame, président en exercice de l’UA, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA et le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres. Seul cheveu dans la soupe : Idriss Déby Itno, président du Tchad, a bien cru devoir prendre la parole, contrairement, aux 37 autres chefs d’Etat présents, pour parler du Tchad, et peut-être, de la CEMAC qu’il préside (notre photo). Alors que les présidents des organisations sous-régionales n’avaient pas droit à la parole, pas plus Alassane Ouattara (président en exercice de l’UEMOA) que Muhammadu Buhari (président en exercice de la CEDEAO) que Hage Geingob (président en exercice de la SADC) ou Ali Bongo Ondimba (président en exercice de la CEEAC), pour ne citer que ceux-là.

Déby a pris la parole, mais, pour ne rien dire. Rien de consistant dans son discours sinon le reproche (à demi-mots) fait à son homologue chinois que les 60 milliards de dollars de l’aide chinoise lors des trois dernières années, n’aient pas servi de façon équitable à tous les pays. Dont le Tchad.

En réalité, Idriss Déby Itno a pris la parole pour ne pas laisser la vedette à son compatriote, Moussa Faki Mahamat. Ce dernier utilise les tribunes que lui offre sa fonction pour se faire connaître à l’international, ce qui inquiète de plus en plus le dictateur tchadien qui en est à sa 26e année à la tête du pays où il caresse l’espoir secret de rester à vie. Il n’est donc pas prêt de laisser Moussa Faki Mahamat contrarier son plan. D’où sa sortie de cette manière à Beijing.

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