SOMMET DE LA FRANCOPHONIE 2026 : Un tournant stratégique pour le Cambodge

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Pour la première fois de son histoire, le Cambodge accueillera le Sommet de la Francophonie. Prévue l’an prochain, la 20ème édition de ce rendez-vous revêtira une dimension hautement stratégique pour le gouvernement khmer et sa visée de renforcement des liens avec la France et le Bloc européen. Ce n’est donc pas un hasard si le premier ministre, Hun Manet, s’est rendu, deux fois, dans l’Hexagone, depuis sa prise de fonction en 2023, d’abord, pour parler coopération à Paris, en janvier 2024 (notre photo), puis, le mois passé, à Nice, pour la Conférence de l’ONU sur les Océans.  

Malgré son statut d’allié historique, la France n’est pas l’un des plus gros partenaires commerciaux  du Cambodge. Que ce soit en Asie où elle est aisément devancée par la Chine, le Vietnam et la Thaïlande, voisins du Cambodge. Ou en Europe où l’Angleterre, l’Espagne et l’Allemagne ont fait mieux qu’elle l’année dernière, en enregistrant respectivement un milliard, un milliard et 911 millions de dollars d’échanges commerciaux, d’après le ministère cambodgien du Commerce. Une situation que le pouvoir cambodgien aimerait rapidement voir changer.   

Le choix de Hun Manet d’effectuer sa première visite officielle européenne en France en tant que nouveau chef du gouvernement cambodgien était clair. En effet, il s’agissait pour le jeune leader de témoigner sa considération envers l’Elysée et sa volonté de suivre la voie tracée par son père, Hun Sen, à qui il a succédé après presque 40 ans de loyaux services à la tête de la primature cambodgienne. Celui-ci a dû aider à obtenir la tenue à Siem Reap du futur Sommet de la Francophonie, probable premier acte notable d’affranchissement du Cambodge de l’influence du Vietnam.

En 1997, Hanoï devenait la première capitale asiatique à accueillir l’une des éditions (7ème) dudit Sommet, se distinguant ainsi symboliquement de Vientiane (Laos) et Phnom Penh (Cambodge), ses deux consoeurs régionales, également, membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en matière d’influence de la langue française. En sécurisant à son tour cette opportunité, Siem Reap pourrait prétendre à la même symbolique. Mais, il faudrait un peu manquer de vision pour ne voir là que le seul objectif du Royaume khmer.  

Le premier ministre, Hun Manet, avait profité de sa visite à Paris pour rencontrer la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo.

Après des décennies de dépendance vis-à-vis du Vietnam, le Cambodge est prêt à prendre son envol. Pour acquérir cette souveraineté, Hun Manet devra approfondir ses relations avec certains de ses partenaires actuels, et en chercher de nouveaux. Cela tombe bien puisque l’UE voit en lui l’allié idéal pouvant garantir une présence stratégique dans la région de l’Asie du Sud-Est. Un nouveau cap dans les relations bilatérales avec la France aiderait dans ce sens, compte tenu de son rang de ténor du Bloc européen. Il n’y aurait pas mieux pour tourner la page du Vietnam.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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