SOUDAN : Brouille en vue entre les deux chefs militaires du pays ?

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Le Soudan semble être en train de se diriger vers un mini-conflit entre ses deux principales figures autoritaires. D’un coté, il y a le général, Abdel al-Fattah al-Burhan, numéro 1 du pays, et chef des armées soudanaises. De l’autre, il y a le général, Mohammed Hamdan Dagalo, dit « Hemedti », numéro 2 du Soudan, et commandant des Forces de soutien rapide (FSR), une milice désormais affiliée à l’armée, après avoir été longtemps été pointée du doigt pour son rôle dans les crimes au Darfour. 

En dépit du retour annoncé de la démocratie au Soudan, et dont le processus avait déjà été convenu avec le président autoproclamé, Abdel al-Fattah al-Burhan (notre photo), le général, Mohammed Hamdan Dagalo, a, au début de ce mois, fait part de sa volonté de voir le pouvoir restitué à la société civile dans les plus brefs délais, justifiant sa décision par le fait que le pays n’ait plus à sa tête de dirigeant cherchant à s’accrocher au pouvoir.

Cette explication ne les ayant pas convaincus, plusieurs experts évoquent plutôt l’hypothèse d’un rapprochement avec la Russie. En effet, Moscou, qui envisage depuis des années d’implanter une base navale dans la Mer rouge, est plus que jamais près de réaliser son objectif. Seul bémol, l’approbation de ce projet par un gouvernement civil et une Assemblée nationale indépendante est requise.

S’exprimant sur les intentions de Dagalo, Khalid Omer, le porte-parole de la société civile impliquée dans le processus du retour de la démocratie, s’est empressé de préciser qu’aucun accord n’avait été passé avec les FSR, ajoutant que la milice souhaiterait voir être appliquées des réformes d’ordre sécuritaire.

Le Kremlin, qui a hâte d’accroître sa présence militaire sur le continent africain, s’est dit prêt à livrer des stocks d’armes et de munitions à l’armée soudanaise en contrepartie. Ce qui ne plaira certainement pas aux Nations-Unies, puisque l’embargo sur les armes en vigueur contre Khartoum sera ainsi contourné.

L’objectif du général, Mohammed Hamdan Dagalo, étant désormais connu, que décidera l’homme fort du pays, Abdel al-Fattah al-Burhan, dans ce qui risque de s’apparenter à un rapport de force entre les deux militaires ? 

Paul Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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