SOUDAN : L’ancien président Omar el-Béchir inculpé pour détention illégale de fonds

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L’ancien président soudanais, Omar el-Béchir, continue à vivre son long chemin de croix. Ce qui lui arrive, aujourd’hui, est la conséquence des actes qu’il posait sous sa présidence. N’est-il pas écrit dans la Sainte Bible (et certainement dans le Saint Coran) que « qui crache en l’air retombe sur sa face » ? Destitué par l’armée le 11 avril après 30 années de pouvoir, il a été inculpé, ce samedi, 31 août, par un tribunal de Khartoum pour possession illégale de fonds étrangers et utilisation frauduleuse de ces fonds, selon le juge. Il devra s’expliquer.

Les autorités «ont saisi 6,9 millions d’euros, 351.770 dollars et 5,7 millions de livres soudanaises au domicile de monsieur Béchir, illégalement, entrés en sa possession et utilisés», a précisé le juge Al-Sadiq Abdelrahman.

Omar el-Béchir, au pouvoir durant trois décennies au Soudan, avait, auparavant, reconnu avoir perçu 90 millions de dollars en espèces de l’Arabie saoudite, a rapporté, lundi, 26 août, un enquêteur à l’ouverture du procès pour corruption du président déchu à Khartoum.

Il faut, cependant, préciser que le procès d’aujourd’hui ne concerne pas les accusations de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de génocide au Darfour portées par la Cour pénale internationale (CPI) depuis une décennie. De cela, personne ne veut d’ailleurs parler à Khartoum car un tel procès « mouillerait » presque toute la hiérarchie militaire et policière du pays.

Chargé de l’instruction sur la détention illégale des fonds, le brigadier Ali a détaillé des aveux d’Omar el-Béchir sur le versement d’importantes sommes d’argent saoudien en espèces –à hauteur de 90 millions de dollars.

M. Ali a rappelé que de vastes sommes avaient été retrouvées dans la résidence de M. Béchir, après sa destitution (notre photo). D’importantes sommes d’argent…

« L’accusé nous a dit (…) qu’une somme de 25 millions de dollars lui avait été envoyée par le prince (héritier saoudien) Mohammed ben Salmane hors budget de l’Etat », a déclaré l’enquêteur.

Il a, également, indiqué qu’Omar el-Béchir avait reconnu avoir reçu deux paiements de 35 et de 30 millions de dollars du roi Abdallah d’Arabie saoudite, décédé en 2015.

Selon cet enquêteur, M. Béchir a admis qu’il décidait de l’utilisation de ces sommes, qu’elles avaient effectivement été dépensées, mais, qu’il ne se rappelait pas précisément comment et ne disposait d’aucun document. En effet, ces fonds hors budget venus d’Arabie Saoudite ne faisait l’objet d’aucun contrôle. Ils étaient utilisés à sa seule discrétion comme c’est le cas pour certains fonds de souveraineté. Le tribunal devra donc statuer sur cette question : les avocats de l’ancien président pensent qu’il n’y a pas matière à fouetter un chat. Leur client doit recouvrer la liberté. Et avec des excuses…

Cela dit, la somme de l’inculpation retenue, ce samedi, 31 août ( 6,9 millions d’euros, 351.770 dollars et 5,7 millions de livres soudanaises au domicile de monsieur Béchir) n’a rien à voir avec les 90 millions de dollars dont l’accusation faisait état au début du procès.

Fin avril, le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane, avait, lui, affirmé que l’équivalent de plus de 113 millions de dollars avaient été saisis en liquide dans la résidence de l’ex-président à Khartoum. L’écart est donc très important entre les déclarations des uns et des autres.

Questions : pourquoi des chiffres aussi contradictoires ? Que veut-on cacher au peuple soudanais ?

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