Colonel-Président, Assimi Goïta, ne fait pas dans la dentelle. Il vient de mettre les pieds dans le plat, là où beaucoup de ses homologues tervigersent alors qu’ils souffrent parfois plus que lui de l’information biaisée et jugée orientée de RFI et France 24. On louera donc son courage qu’il a déjà fait montre en faisant à lui tout seul deux putschs en une année. Même Thomas Sankara à l’époque n’avait pas fait mieux, ni Jerry Rawlings.
Cela dit, il y a ce qu’on appelle dans notre jargon « solidarité confraternelle ». Afrique Education désapprouve l’interdiction (en cours) de RFI et France 24, deux médias que finance, lourdement, le ministère de Jean-Yves Le Drian (le chef de la diplomatie française) qui, rappelons-le, avait fortement appuyé l’interdiction en France et dans d’autres pays européens, des médias russes, Sputnik et RT, par l’ancienne ministre de la Défense devenue présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Les autorités françaises devraient voir non seulement les conséquences de leur politique africaine (à courte vue) mais aussi les limites de celle-ci.

Pour ceux qui ne sont pas encore au courant, voici les faits : L’équipe des colonels au pouvoir à Bamako, a ordonné dans la nuit de mercredi à jeudi, 17 mars, la suspension de la diffusion de France 24 et RFI au Mali en raison de « fausses allégations » d’exactions commises par l’armée malienne et rapportées par les deux médias français. Le gouvernement du Dr Choguel Maïga « a, naturellement, rejeté catégoriquement ces fausses allégations contre les vaillantes Forces armées maliennes » et entrepris de suspendre ces deux médias, qui émettaient encore ce jeudi matin au Mali. Une décision, semble-t-il, avec effet immédiat en voie d’application bien que France Médias Monde soit en train de tout faire pour que cette suspension ne soit pas effective. Une possibilité qui n’a pas été donnée aux médias russes qui font le même travail que RFI et France 24, et qui n’avaient bénéficié d’aucun courant de sympathie de ces deux médias français. On peut le regretter.
Le risque c’est de voir d’autres pays africains suivre cet exemple (effet boule de neige oblige), ce qui serait une véritable catastrophe pour l’existence même de RFI et France 24, deux médias publics qui ne tirent leur légitimité que parce qu’ils sont bien écoutés en Afrique.





