TCHAD-UNION AFRICAINE : Antony Blinken l’équilibriste hors pair

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En s’abstenant de condamner le coup de force de Mahamat Idriss Déby Itno (MIDI) après le décès de son père et ancien président du Tchad, Idriss Déby Itno, en avril 2021, la diplomatie américaine avait astucieusement fait allusion à la position de l’Union Africaine (UA), qui, elle-même, n’avait pas expressément qualifié cet événement de coup d’état. Cependant, le Conseil de paix et sécurité avait fixé comme ligne rouge la participation des militaires au retour à l’ordre constitutionnel.

Ayant choisi d’ignorer cette directive, les autorités tchadiennes de transition n’ont pas jugé utile de solliciter la présence d’observateurs de l’UA dans le cadre de la tenue du scrutin présidentiel du 6 mai dernier. Ce qui signifie de facto que la principale instance du continent ne peut pas reconnaître la victoire de MIDI, qui, selon les statistiques électorales, aurait récolté 61% des votes, sans toutefois se dédire. C’est également la raison pour laquelle Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA, lui-même Tchadien de nationalité, est dans l’incapacité de féliciter MIDI, son compatriote. Une équation cocasse

Si à la lumière du retour de la démocratie au Tchad, la position de l’UA reste fortement attendue, celle des Etats-Unis l’est tout autant. En effet, la Maison Blanche a soigneusement évité d’adresser ses félicitations au nouveau président tchadien, lequel a d’ailleurs prêté serment le jeudi, 23 mai 2024, préférant plutôt commenter l’ensemble du déroulement de la période électorale dans la nation sahélienne. En réalité, Washington espère que l’UA ponde un communiqué de conciliation pour lui emboîter le pas.

En pleins pourparlers avec le Tchad au sujet de l’accueil de leurs troupes militaires, déclarées non grata par les autorités de la junte du Niger, les Etats-Unis se livrent en ce moment même à un numéro d’équilibrisme presque jamais observé sur le plan diplomatique. Ils y étaient parvenus, on ne sait trop comment à Niamey, et avaient pu s’y maintenir contrairement à la France, qui avait été priée de s’en aller. Il ne serait donc pas superflu de les imaginer capables de rééditer le même exploit avec le nouveau régime de N’Djamena. On le saura bien assez tôt.  

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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