TOGO : Pr Robert DUSSEY : « Mon souhait c’est que la Charte soit adoptée au soir du 15 octobre »

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Afrique Education : Professeur Dussey, le jour tant attendu (le 15 octobre) va arriver bientôt. Le Togo est-il fin prêt ? Les populations savent-elles qu’elles devront accueillir le reste de l’Afrique et ses amis du monde entier ce jour ? La ville de Lomé est-elle prête au niveau de l’accueil, de la logistique, de la sécurité ? Les dossiers de la Conférence sont-ils prêts à être discutés par les chefs d’Etat ?

Professeur Robert Dussey : Lomé, la capitale togolaise, accueillera, bel et bien, du 10 au 15 octobre 2016, le Sommet extraordinaire de l’Union Africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique. Tous les aspects de l’organisation de ce Sommet ont été passés au peigne fin (l’accueil, la logistique, la sécurité…) sous la conduite éclairée du Président de la République, S.E.M. Faure Essozimna Gnassingbé. Notre objectif, c’est de faire du sans faute bien que le risque zéro n’existe pas. C’est vous dire notre degré de motivation, qui est grande.
Malgré les aléas et autres facteurs, totalement, indépendants de notre volonté, ce que je puis vous dire, c’est qu’à l’heure où je vous parle, le Togo est fin prêt pour accueillir ses amis du monde entier. Nous organiserons une excellente conférence.

Afrique Education : Le projet de Charte a été rédigé et n’attend que son adoption par les chefs d’Etat et de gouvernement. Le chemin pour y mener a été long et ardu. Pouvez-vous nous rappeler les différentes étapes qui ont été empruntées pour y parvenir ?

Professeur Robert Dussey : Je voudrais vous rappeler que le Togo a préparé ce Sommet et ce projet de Charte en parfaite communion avec la Commission de l’Union Africaine. Nous avons travaillé, main dans la main, avec efficacité et complémentarité. C’est, donc, une œuvre commune et nous sommes les premiers à nous en réjouir au Togo. En marchant comme nous l’avons, l’Afrique ne peut qu’avancer à grands pas.
Bien évidemment, le chemin parcouru comme vous dites, a été un long processus qui est, surtout, technique dans la mesure où il allait des observations faites quant à la forme et au fond du projet de Charte par les Etats membres, en passant par celles des ministres de la Défense, de la Sécurité et de la Justice, avec le regard attentif et vigilant de la Commission de l’UA. Nous y sommes parvenus avec satisfaction.

Afrique Education : Justement, les ministres africains de la Justice se sont réunis, en septembre, à Lomé, pour regarder les aspects juridiques de cette Charte. Comment caractérisez-vous les discussions qui ont eu lieu ?

Professeur Robert Dussey : Effectivement, Lomé a accueilli du 1er au 9 septembre dernier, la session ordinaire du Comité Technique Spécialisé (CTS) Justice et Affaires Judiciaires de l’Union Africaine. Présidée par le ministre camerounais de la Justice et Président en exercice du CTS, M. Laurent Esso, la session qui a réuni les experts, les commissaires en charge de la paix et de la sécurité de l’UA et les ministres de la Justice des Etats membres pour examiner le projet de Charte sur la sécurité et la sûreté maritimes s’est bien passée avec une totale volonté de faire de la bonne santé des mers et des océans, un véritable levier du développement en Afrique.

Afrique Education : On vous a vu main dans la main avec le ministre d’Etat camerounais de la Justice, Laurent Esso, pendant ces deux jours de travaux. En quoi vous a-t-il aidé pour le succès des travaux ?

Professeur Robert Dussey : Le ministre d’Etat camerounais de la Justice, M. Laurent Esso, est un grand Africain (comme il en existe de moins en moins) qui connaît, parfaitement, la question de la sécurité et de la sûreté maritimes, car son pays, le Cameroun, est ouvert sur la mer et, donc, sur le Golfe de Guinée. Comme nous tous, mon frère, Laurent Esso est convaincu que l’Afrique a besoin de cette Charte pour avancer. Et il a oeuvré pour le succès total de nos travaux et je garde de lui un très bon souvenir. Nous avons eu, lui et moi, une une parfaite convergence de vue sur ce challenge !

Afrique Education : La Conférence elle-même se déroulera le 15 octobre. Mais, avant cette date, les experts et les ministres vont se réunir. Quel est le programme des différents événements ?

Professeur Robert Dussey : Tout à fait ! A partir du 10 octobre 2016, il y aura une série d’événements, notamment, les side events, qui réuniront les meilleurs experts et spécialistes du monde maritime engagés pour le continent à travers divers échanges autour de tables rondes et ateliers. Ces side events sont pour nous un bel espace de réflexion pour la mise en œuvre de la stratégie AIM 2050.
Il faut dire que le Sommet du 15 octobre sera précédé de la réunion des ambassadeurs (COREP) et de celle des ministres des Affaires étrangères des 54 pays, qui vont préparer et finaliser les documents de travail à soumettre à la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement.

Afrique Education : Sans entrer dans les détails de la Charte qui attend d’être adoptée le 15 octobre, que contient-elle ? En quoi consiste-t-elle ? Pourquoi avoir mis tant d’énergie à la faire aboutir ?

Professeur Robert Dussey : Une lecture attentive du projet de Charte révèle la conformité qu’elle revendique vis-à-vis de textes majeurs de référence, les uns de portée générale tels que la Charte des Nations-Unies, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, l’Acte constitutif de l’Union Africaine, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, les autres relatifs à divers aspects se rapportant, directement, ou, indirectement, à la protection des espaces maritimes.
Par ailleurs, ce texte affirme son attachement à un certain nombre de règles de droit international, notamment, la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer, la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 (Stratégie AIM 2050), la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer, la Convention des Nations-Unies contre la criminalité transnationale, la Charte africaine révisée des transports maritimes, et la Convention de Nairobi sur la protection, la gestion et le développement de l’environnement marin et côtier en Afrique de l’Est.
Le soubassement qu’offre l’ensemble des documents normatifs, précédemment, mentionnés est un gage de solidité au plan juridique.
La diversité de ce cadre général de référence renforce, davantage, les possibilités d’action et d’intervention contenus dans cet instrument de haute portée, les préservant, ainsi, de toute fragilité au plan juridique. Ainsi, en les reprenant, le projet de Charte s’approprie les valeurs nobles qui transcendent la diversité des multiples engagements de la communauté internationale, tels que la promotion de la paix, de la sécurité, du développement économique et social.
La sauvegarde de la paix et de la sécurité dans nos pays et dans le monde n’a pas de prix. Nos espaces maritimes disposent de nombreuses ressources, qui ne pourront être mises à profit que si nous parvenons à les exploiter dans les meilleures conditions de paix et de sécurité.
Ce projet de Charte contient, donc, des dispositions de nature à permettre aux pays africains de mener une lutte collective.
Comme vous le voyiez, les enjeux de notre continent vis-à-vis de la question sont si énormes qu’il nous faut mettre, tous, un peu plus d’énergie.

Afrique Education : Parlant de la sécurité maritime en Afrique, il y aura avant et après Lomé 2016. Comment justement voyez-vous l’après Lomé 2016 dans ce domaine de la sécurité maritime ?

Professeur Robert Dussey : Ecoutez ! L’adoption et la signature de la Charte de Lomé que nous souhaitons contraignante est la prochaine priorité au soir du 15 octobre 2016 pour tout notre continent dans la lutte contre la piraterie maritime. Cela est une base indispensable pour une économie bleue plus florissante.
Ensuite, la diplomatie togolaise travaillera avec la Commission de l’UA pour une résolution à l’ONU afin d’assurer une parfaite sécurité et sûreté sur nos mers et océans.

Afrique Education : A quelques jours de la tenue de ce Sommet pour lequel vous vous êtes tant investi aux côtés du chef de l’Etat Faure Gnassingbé, quels sont vos souhaits ?

Professeur Robert Dussey : Mon souhait, c’est qu’au soir du 15 octobre 2016, la Charte de l’Union Africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique soit adoptée et signée.

Afrique Education : Votre dernier mot pour terminer ?

Professeur Robert Dussey : Je vous remercie et espère que les médias, notamment, africains joueront leurs partitions dans ce challenge !

Propos recueillis par
Jean Paul Tédga

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