La tournée de la chancelière allemande, Angela Merkel, ne fait pas que des heureux, au niveau des gouvernements concernés, qui vont engranger quelques ressources inespérées, par ces temps de diète prononcée. Elle crée, aussi, certains désagréments. Hier, 10 octobre, par exemple, il pourrait y avoir un crash dans la zone de Niamey, quand, plusieurs avions désirant atterrir à l’aéroport international de Niamey, ont été interdits de le faire, et de tourner, de façon interminable, dans le ciel, en attendant l’ordre d’atterrir. Ordre qui ne venait toujours pas.
L’avion d’Air France, par exemple, au départ de Paris CDG en partance pour Lomé Gnassingbé Eyadèma via Niamey, a subi le même sort. Les autorités aéronautiques nigériennes avaient omis de signaler ce contretemps aux avions dont l’atterrissage était prévu, à Niamey, dans l’après-midi. Résultat, alors qu’il avait amorcé sa descente, l’avion d’Air France a été étonné de s’entendre dire que l’aérodrome était indisponible pour cause d’une cérémonie officielle (notre photo). Après avoir tourné dans le ciel, pendant près d’une bonne heure, aux côtés de 5 ou 6 autres appareils qui n’étaient pas loin les uns des autres, Air France a préféré aller remplir son réservoir de kérosène, à Ouagadougou, avant de mettre, immédiatement, le cap sur Lomé, sautant, purement et simplement, l’escale de Niamey.
Renseignement pris, c’est Angela Merkel qui, avec ses trois ou quatre avions, avaient, complètement, saturé l’espace aéroportuaire de Niamey.
La chancelière allemande a, en effet, entamé, dimanche, 9 octobre, à Bamako (Mali) un voyage de trois jours sur le continent noir avec des étapes au Niger et en Ethiopie. De retour à Berlin, elle recevra, mercredi, 12 octobre, le président tchadien, Idriss Déby, puis, le président nigérian, Muhammadu Buhari, vendredi. Le but de ces entretiens : discuter des moyens dont l’Europe dispose pour aider «le continent voisin » afin d’endiguer les migrations illégales et le terrorisme.
Avec ses interlocuteurs, Angela Merkel doit, notamment, aborder le « partenariat de migration » de l’Union européenne (UE) avec plusieurs pays d’Afrique. Le Mali, le Niger et l’Ethiopie figurent, tous trois, sur la liste des pays avec lesquels la Commission européenne entend négocier de tels accords, comme il en a été décidé lors du dernier sommet Union européenne-Afrique, en novembre 2015.
A Bamako, Angela Merkel a ainsi rencontré le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Elle a promis un renforcement de l’aide allemande à ce pays dont le Nord reste en proie à une rébellion islamiste et qui est un pays d’origine et de transit pour les migrations vers la Libye, l’Algérie et l’Europe. « Nous voulons apporter notre contribution à la stabilisation et au développement du Mali », a-t-elle déclaré.
L’Allemagne participe, d’ores et déjà, avec 650 hommes à la mission de l’ONU MINUSMA, qui tente avec les troupes françaises de rétablir le contrôle de Bamako sur le Nord du Mali, et à la mission européenne de formation de l’armée malienne EUTM Mali. Or, « il nous importe d’établir une cohérence » entre l’aide au développement et les efforts militaires réalisés, a dit Angela Merkel. Les populations doivent prendre conscience que « la paix ne signifie pas seulement l’absence de guerre mais aussi des meilleures chances de développement économique ».
Après le Mali, Angela Merkel s’est rendue, lundi, 10 octobre, à Niamey, au Niger. Elle est le premier chef de gouvernement allemand à se rendre dans ce pays, le plus pauvre du monde, qui est, également, un pays de transit pour les migrations. Comme au Mali, la chancelière devait rendre visite aux soldats allemands présents sur place – 40 hommes et deux avions Transall sur une base aérienne.
Son voyage la conduit ce mardi, 11 octobre, à Addis Abeba. Dans la capitale éthiopienne, elle rencontrera le premier ministre éthiopien, Hailemariam Dessalegn, et des représentants de l’Union africaine (UA). Elle inaugurera, également, un nouveau bâtiment de l’UA financé par le ministère allemand des Affaires étrangères.
Aux yeux de la chancelière, l’avenir de l’Afrique apparaît de plus en plus comme une priorité stratégique, notamment pour l’Europe.
« L’Afrique en tant que continent voisin de l’Europe va gagner en importance », explique-t-elle dans une vidéo publiée samedi avant son départ. « C’est un continent jeune, et un continent à forte croissance démographique : sa population va doubler au cours des 35 prochaines années pour passer de 1,3 milliard à 2,6 milliards d’habitants. Il est dans notre intérêt bien compris de l’accompagner pour qu’elle se développe, favorablement, même si les pays africains doivent, naturellement, apporter leur contribution en termes de bonne gouvernance. »
Mieux vaut tard que jamais : qu’est-ce qui fait bouger la chancelière pour l’Afrique, aujourd’hui, et pas hier, alors qu’elle est au pouvoir depuis plus de dix ans ? Ce sont les élections de 2017 auxquelles elle est à nouveau candidate. Le principal débat, cette fois, en Allemagne, va être centré sur les questions d’immigration, où la chancelière est très critiquée actuellement.