TRANSITION AU MALI : Pour Assimi Goïta, ce sera 24 mois (malgré le Niet de Bazoum)

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Le chef de la junte au pouvoir au Mali, le colonel, Assimi Goïta, a paraphé, lundi, 6 mai, un décret fixant à deux ans la durée de la période dite de transition, avant de rendre le pouvoir aux civils. Plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire, politique et humanitaire profonde, le pays était sommé de proposer un calendrier à la CEDEAO. 

Répondant partiellement aux demandes répétées de la CEDEAO de presser la transition, la junte au pouvoir au Mali s’est donné, lundi, 6 juin, jusqu’à mars 2024, avant de rendre le pouvoir aux civils.

Le chef de la junte, le colonel, Assimi Goïta, a signé un décret en ce sens lu à la télévision d’Etat et stipulant que « la durée de la transition est fixée à 24 mois, (à) compter du 26 mars 2022 ». Le président du Niger, nouveau chef de file des ennemis de la junte au pouvoir à Bamako, Mohamed Bazoum, n’est pas d’accord, mais il défend une ligne minoritaire, qui n’a aucune chance d’avoir le dessus.

Cette annonce intervient au surlendemain d’un sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a imposé le 9 janvier au Mali de sévères mesures de rétorsion commerciales et financières – avec pour objectif de forcer la junte à présenter un calendrier « acceptable » de retour des civils au pouvoir. 

En mars, la CEDEAO avait notamment demandé aux autorités de transition d’adhérer au calendrier de 12 à 16 mois de transition recommandé (sur notre photo, le président en exercice de la CEDEAO, Nana Akufo-Addo, est accueilli en octobre 2021, à Bamako, pour avoir un dialogue franc et direct avec le chef de la junte. Un voyage qui ne servira à rien. Le chef de la junte a gardé sa position).

Les colonels qui ont pris par la force en août 2020 la direction de ce pays se sont dédits de leur engagement initial à céder la place à des civils après des élections programmées en février dernier.

En début d’année, ils projetaient même de gouverner jusqu’à cinq années supplémentaires. Avant le sommet de la CEDEAO, alors que les sanctions accentuent la crise dans ce pays pauvre et enclavé, ils avaient ramené leurs prétentions à 24 mois, sans les formaliser comme ils l’ont fait lundi.

A l’approche du sommet de samedi, la poursuite du dialogue entre la CEDEAO et la junte avait suscité au Mali un certain espoir dans la levée des sanctions. Divisés sur la conduite à tenir, les dirigeants ouest-africains ont renvoyé toute décision à un nouveau sommet le 3 juillet.

Mais, ils ont décidé de « continuer le dialogue afin de parvenir à un accord permettant une levée graduelle des sanctions à mesure que les étapes de la transition seront franchies ».

Reste à savoir si la ligne radicale qui impose les sanctions et que prônent le Niger, la Gambie et la Côte d’Ivoire, aura le dernier mot, la ligne de modération et de sagesse à laquelle se sont ralliés les pays comme le Nigeria, le Bénin, le Sénégal et d’autres, à la demande du Togo, étant en passe de primer sur toute autre considération.

De l’avis général, la date du 3 juillet a été proposée pour permettre une sortie honorable, sans faire perdre la face aux pays radicaux. En effet, il est déjà acté que le Mali aura ses 24 mois de transition, mais, il faudra que la levée des sanctions permette aux autorités de Bamako d’entreprendre des réformes qui assurent la bonne tenue, sur toute l’étendue du territoire, des élections présidentielle et législatives à venir. C’est pour cette raison que certains n’hésitent pas de parler de rétropédalage de la CEDEAO dont la ligne très dure, au début, de la transition, est devenue, au fil du temps, une ligne ramollie parce que la réalité du terrain l’exigeait ainsi.

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