« Mais certains ne l’entendent pas ainsi, car la peur, la haine, le désir de vengeance peuvent peser très lourd […] dans l’âme d’une société », a déclaré le président, Juan Manuel Santos, lauréat en 2016, du Prix Nobel de la Paix. « Et notre tâche –qu’il s’agisse des organisations intergouvernementales comme l’UNESCO ou des représentants de chaque nation dans le monde- consiste à substituer à ces sentiments et ces forces, le pouvoir constructeur de l’amour, de la tolérance, du respect de la société et de la compassion ».
« En Colombie, il est triste de le dire, nous étions en train de perdre la compassion, à force d’assister à tant de massacres et tant d’attentats relayés tous les jours par les médias. Notre douleur morale s’était endormie ».
« Aujourd’hui, nous commençons progressivement à envisager l’avenir sous un autre jour et à voir les ennemis d’hier, ceux qui ont accepté de déposer les armes, comme des membres d’une société où chacun a sa place, même si nous pensons différemment », a-t-il poursuivi.
« Les outils pour y parvenir sont ceux que l’UNESCO promeut et doit continuer de promouvoir : l’éducation, la culture, la science et la communication », a rappelé le chef de l’Etat colombien, en soulignant que, « pour la première fois dans l’histoire de la Colombie, la part du budget national consacrée à l’éducation est la plus élevée de tous les secteurs, y compris, la sécurité et la défense ». Il a, également, manifesté sa volonté de lancer un grand plan de formation à la citoyenneté s’appuyant sur l’expertise et le soutien de l’UNESCO.
Se référant à l’Acte constitutif de l’UNESCO, qui invite à construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes, le président Santos a souligné qu’il s’agit « sans doute du texte le plus important dans le monde d’aujourd’hui, aux prises avec le fanatisme, les extrémismes et un discours généralisé de haine et d’exclusion ». « En Colombie nous voulons aussi construire la paix dans les esprits et qu’elle soit une réalité dans le monde entier », a déclaré le président.
Le président de la Colombie a conclu son intervention en rappelant cinq des dix points contenus dans la Charte de Bogota, signée dans la capitale colombienne, à l’issue du XVIe Sommet mondial des lauréats du Prix Nobel de la Paix, qui s’est tenu, en février 2017, en présence de la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova (notre photo). Ces principes sont : « La paix est un droit. Nous sommes un seul. Nous sommes divers. Nous devons éduquer. Nous devons comprendre ».
Dans son discours de bienvenue, Irina Bokova a réaffirmé « l’engagement total de l’UNESCO pour soutenir la Colombie dans le processus de consolidation de la paix ». « Au terme de cinq années de guerre fratricide et de souffrances intenses, la Colombie nous a montré le pouvoir du dialogue et de l’esprit de réconciliation. Plus que jamais, nous avons besoin de votre vision pour inspirer et guider d’autres leaders du monde à faire de même », a-t-elle dit. « Le peuple de Colombie et vous, M. le Président, êtes en train d’écrire magnifiquement l’histoire de votre pays, de votre région, du monde », a-t-elle conclu.
Le président Juan Manuel Santos était accompagné par la ministre des Relations extérieures, María Ángela Holguín, la ministre du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, María Claudia Lacouture, l’Ambassadeur de la Colombie en France et Délégué permanent auprès de l’UNESCO, Federico Renjifo, ainsi que, d’autres membres de son gouvernement.