VIOLENCES EN AFRIQUE DU SUD : L’incroyable perte de mémoire de Cyril Ramaphosa et l’ANC

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Ce 5 septembre, matin, on compte pas moins de sept morts du fait des attaques xénophobes, dans la région de Johannesburg. Cette situation plus ou moins encouragée (sinon largement tolérée par les tenants du pouvoir sud-africain) a déclenché des représailles contre les Sud-Africains résidant dans certains pays africains, notamment, au Nigeria, où la multinationale sud-africaine, MTN, après avoir enregistré l’incendie d’une de ses agences, a fermé toutes les autres dans le pays, afin d’éviter leur saccage. La colère est, donc, au maximum d’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’une telle fièvre de xénophobie survient dans le pays de Nelson Mandela. Les autorités au pouvoir ainsi que l’ANC sont complices et largement responsables de cette fâcheuse situation.

Invités à participer au Forum économique mondial sur l’Afrique ouvert, mercredi, 4 septembre, dans la ville du Cap, en Afrique du Sud par leur homologue, Cyril Ramaphosa, les chefs d’Etat du Nigeria, première puissance économique du continent, Muhammadu Buhari, et de la RDCongo, Félix Tshisekedi, ont, immédiatement, annulé leur participation. Les protestations viennent de partout, du président du Rwanda, Paul Kagame, au président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, en passant par le président de Zambie, Edgar Lungu. Même le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, s’est fendu d’un communiqué de protestation et de demande de retenue à l’endroit des autorités. Bref, les violences xénophobes en Afrique du Sud inquiètent, profondément, le continent africain. Elles suscitent colère et inquiétude dans plusieurs pays du continent.

C’est comme si l’Afrique du Sud avait perdu la mémoire, elle qui fut, fortement, soutenue, pendant de très longues années, par la défunte OUA (Organisation de l’unité africaine) pour que cesse le système de l’apartheid qui assujettissaient les Noirs. L’ANC, dont les responsables recevaient le gîte et le couvert dans plusieurs pays de ce qu’on appelait à l’époque « Les pays de la ligne de front », d’où elle organisait ses assauts contre le régime de l’apartheid, a oublié ce sacrifice inestimable. Cette ANC est devenue par son mutisme ou ses réactions bien tardives après que les violences eurent provoqué le tollé sur le plan international, un parti qui a perdu son âme, ce qui explique, sans doute, pourquoi ses responsables sont, régulièrement, traînés dans des tribunaux pour des affaires de détournement de fonds publics. A commencer par son ancien chef devenu président de la République, Jacob Zuma.

Les violences en Afrique du Sud ne datent pas d’aujourd’hui. En 2008, elles avaient, déjà, défrayé la chronique, avant de refaire surface en 2015. Comme il n’y a jamais deux sans trois, elles surviennent, en 2019, dans un silence coupable des autorités, au moins, les premiers jours.

Dans un communiqué laconique, sans relief, sans aucune hauteur par rapport à la gravité de la situation, le président, Cyril Ramaphosa, a condamné ces violences xénophobes, qui ont éclaté dimanche, 1er septembre, à Johannesburg, avant de se propager dans la capitale politique Pretoria et dans la province du KwaZulu-Natal : « S’en prendre à des étrangers n’est pas la bonne attitude », s’est-il borné à dire, avec lâcheté. Avant de répéter : « Tout le monde est bienvenu en Afrique du Sud » (sur notre photo, les étrangers se défendent comme ils peuvent pour ne pas être tués par les Sud-Africains en colère).

Afriqueeducation.com répond à Ramaphosa : Et puis quoi encore ? Où était la police pour protéger les étrangers ?

Pourquoi l’Afrique du Sud est-elle frappée par l’intolérance ? Tentative d’explication non pour justifier sa xénophobie. Première puissance industrielle du continent (à la différence du Nigeria qui est la première puissance économique suivie de l’Afrique du Sud et de l’Egypte), l’Afrique du Sud est le théâtre régulier de violences xénophobes à cause de son fort taux de chômage (29 %) et la pauvreté, pense-t-on. Mais, le chômage et la pauvreté ne se trouvent pas où en Afrique ? C’est donc un prétexte fallacieux. Lors des violences xénophobes de 2015, sept personnes avaient été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban. En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts dans le pays. Il n’y a pas de situation semblable dans un autre pays africain.

Mais, le plus choquant, c’est que personne n’a jamais été condamné par de tels actes alors que la justice sud-africaine est considérée comme étant l’une des plus indépendantes du continent. Quand on dit que le pouvoir politique est complice de cet état de chose, est-ce faux ?

Nelson Mandela doit se retourner dans sa tombe.

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