26e FESPACO : Le film du Rwandais Joël Karekezi s’adjuge l’Etalon d’Or de Yennenga

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Invité d’honneur du 26e Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou), le Rwanda était représenté, lors de la cérémonie finale de remise de trophées, samedi, 2 mars, à Ouagadougou, par son président, Paul Kagame (sur notre photo en train de remettre l’Etalon d’Or de Yennenga à son compatriote aux côtés de Roch Marc Christian Kaboré). L’ancien président en exercice de l’Union africaine (UA) n’y était pas venu par hasard. Car, avant lui, à l’ouverture du Festival, le président de la Commission de l’UA, le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, avait fait entendre la voix de l’organisation panafricaine à travers un soutien financier qu’elle apportera, désormais, au cinéma africain. Il faut dire que si le Fespaco est le plus célèbre et l’un des plus anciens festivals du cinéma en Afrique, on en compte, qui ont, aussi, leur place. C’est, par exemple, les Ecrans Noirs au Cameroun et les Journées cinématographiques de Carthage en Tunisie.
Paul Kagama n’a pas fait le voyage pour rien. Sa présence à Ouagadougou lui a permis de remettre en mains propres, aux côtés de son homologue, Roch Marc Christian Kaboré, l’Etalon d’Or de Yennenga à son jeune compatriote, Joël Karekezi, pour son film, « The Mercy of the jungle » (La miséricorde de la jungle).

« C’est un grand honneur pour moi, toute mon équipe et toute cette jeune génération, on va continuer à faire des films », a déclaré le cinéaste rwandais de 33 ans, après la cérémonie de clôture du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).

« C’est magnifique ! Il y a travaillé des années, il s’est créé tout seul », en apprenant « le cinéma sur internet », « c’est un scénario très fort », a déclaré son producteur, Aurélien Bodinaux.

Le film suit la dérive de deux soldats rwandais perdus dans la jungle lors de la deuxième guerre du Congo en 1998. Plus qu’un film de guerre, il s’agit d’une réflexion sur l’absurdité de ce conflit, terriblement, meurtrier, comme de toutes les guerres, magnifiée par des images superbes de la jungle du Kivu.

Joël Karekezi « a grandi, lui-même, dans les camps de réfugiés à la suite du génocide rwandais » de 1994, a expliqué son producteur.

« C’est un film sur la vie et sur la paix », a confié le réalisateur.

Le film rafle, aussi, le prix d’interprétation masculine décerné à Marc Zinga (Les rayures du zèbre, Dheepan) pour son rôle du Sergent Xavier, un soldat épuisé par les guerres sans fin, interprété avec puissance et justesse.

L’Etalon d’argent récompense « Karma », de l’Egyptien Khaled Youssef, et l’Etalon de bronze va à « Fatwa », de Ben Mohmound (Tunisie).

Le prix d’interprétation féminine revient à Samantha Mugotsia, pour son rôle dans « Rafiki », de la Kényane, Wanuri Kahiu.

« Desrances » de la Burkinabè, Apolline Traore, qui a remporté un franc succès auprès de son public, ne remporte qu’un prix technique (décors). L’Etalon d’Or de Yennenga que les Burkinabé escomptaient pour leur compatriote n’a, jamais, été décerné à une femme. Les femmes sont, cependant, invitées à travailler beaucoup plus, sachant que le jury du Fespaco est, maintenant, sensible au fait que la multiplication de prix aux femmes, lors des prochaines éditions, est le meilleur moyen d’encourager la pratique des métiers du cinéma chez la jeune fille.

Cela dit, si les femmes n’ont pas, beaucoup, été primées sur le plan artistique, elles ont fait parler d’elles. En mal ou en bien ? C’est selon. En effet, le 26e Fespaco a été marqué par la révélation d’agressions sexuelles contre les femmes dans le monde du cinéma africain, touchant, aussi bien, des actrices que des réalisatrices et des techniciennes.

Inspirées par les mouvements #MeToo et #Balancetonporc, deux actrices, la Franco-Sénégalaise, Nadège Beausson-Diagne, et la Burkinabè, Azata Soro, ont accusé des cinéastes africains de harcèlement sexuel et d’agressions contre elles.

En écho à ces revendications, la chaîne internationale francophone TV5 Monde « ne diffusera pas +Le Trône+, exclut toute collaboration à venir avec Tahirou Ouedraogo, le bourreau d’Azato Soro, et se réserve le droit de le poursuivre en justice pour réparation des préjudices causés », annonce-t-elle dans un communiqué. En effet, c’est lors du tournage de cette série en 2017 que Tahirou Ouedraogo avait lacéré le visage de la comédienne et réalisatrice, Azata Soro, avec un tesson de bouteille, la laissant balafrée. TV5 Monde avait préacheté la série et devait la diffuser à partir de fin mars, précise-t-elle. Elle pourrait suspendre cette diffusion. Mais, est-ce la bonne solution puisque Tahirou Ouedraogo entraînerait tout le monde, sans oublier, Azato Soro, dans sa chute ?

Deux collectifs de femmes, « Cinéastes non-alignées » et « Noire n’est pas mon métier », ont lancé un mouvement, #Memepaspeur, pour « libérer la parole des femmes » en Afrique, espérant encourager d’autres femmes à témoigner.

Cette mauvaise parenthèse fermée, plus de peur que de mal : malgré les craintes pour la sécurité, le 26e Fespaco n’aura été troublé par aucun incident. Même s’ils étaient dans les parages, les djihadistes ont été tenus en respect : aucun attentat, aucune vague de frayeur, rien, rien et rien. Les autorités burkinabè avaient déployé des mesures de sécurité maximum, le Burkina Faso étant, depuis quatre ans, la cible de groupes djihadistes perpétrant des attaques, de plus en plus, fréquentes et meurtrières, y compris, au coeur de Ouagadougou.

Les festivaliers ont afflué dans la capitale du « pays des hommes intègres », qui comme tous les deux ans (le Fespaco étant biennal), a connu une belle animation. Aux projections des films en compétition, surtout, les séances du soir, les organisateurs ont dû refuser du monde.

Restaurants et hôtels ont fait le plein, certains festivaliers devant loger chez l’habitant, a rapporté le directeur de l’Observatoire national du Tourisme, Bassirou Balboné.

Le 19e Marché international du cinéma et de la télévision africains (MICA), qui se tenait en parallèle du Fespaco, a, également, été un succès avec un grand nombre d’exposants et de visiteurs, selon Alain Modot, vice-président de la société de distribution DIFFA, spécialisée sur les films africains.

Bref, tout le monde il est rentré content, et les organisateurs il sont aussi satisfaits de leur festival.

Que demander de plus à Allah Le Miséricordieux ?

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