BENIN : La politique contre le terrorisme du gouvernement en plein balbutiement

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Au Bénin, l’insécurité progresse. Depuis janvier 2025, le pays subit les assauts des groupes affiliés à Al-Qaïda. Le plus récent, est accessoirement le plus meurtrier, et qui a ôté la vie à 54 soldats, selon les pouvoirs publics, alors que les auteurs parlent, eux, d’une centaine de morts. Pourtant qualifiable d’échec, la stratégie actuelle de sécurisation du territoire n’a pas encore été remise en question. Plutôt, Cotonou préfère dénoncer le manque de coopération sécuritaire au Sahel.

On dit souvent que la meilleure défense, c’est l’attaque. Donc, en anticipation de la grogne à venir des populations béninoises, Patrice Talon et ses équipes ont astucieusement paraphrasé une partie du message de soutien de Mahmoud Ali Youssouf, quelques jours après l’attaque, qu’il a qualifiée d’odieuse. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) a aussi appelé à plus de coopération entre les pays limitrophes au Sahel, dans leur lutte contre les extrémistes (sur notre photo, les djihadistes qui sévissent au Bénin).

Mais, cet appel de Mahmoud Youssouf ne traduit qu’un impératif de réaction face à la tragédie subie par les forces armées du Bénin. En effet, l’actuel patron de l’UA est bien conscient de l’énorme crise de confiance qui règne entre Patrice Talon et ses homologues du Niger et Burkina Faso, et qui rend impossible l’arrangement qu’il demande, depuis le moment où le président béninois a montré publiquement qu’il privilégiait avant tout sa relation avec Emmanuel Macron.

Aujourd’hui, l’accumulation du nombre de victimes du djihadisme lui montre qu’un peu de neutralité concernant la volonté de la CEDEAO d’envahir le Niger après juillet 2023 ne lui aurait pas fait de mal, et aurait certainement causé moins de pertes en vies humaines. Bien qu’ayant haussé les effectifs déployés à 8000, le renforcement du dispositif Mirador ne rassure personne au Bénin, étant donné que les soldats sont des bleus, et sont confrontés à des réseaux internationaux bien structurés.

    

L’histoire a, d’ailleurs, montré qu’avoir de l’expérience militaire n’est en rien un gage de victoire face au djihadisme dont les racines se trouvent dans la multitude de problèmes socio-économiques qui affectent le quotidien des populations locales. Aussi, serait-il peut-être temps que les autorités béninoises adoptent une approche antiterroriste plus élargie de manière à y intégrer des composantes non militaires.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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