Ursula von der Leyen est engagée dans un bras de fer avec Roberta Metsola. Pour la patronne de la Commission de l’UE (Union européenne), les fonds européens sont utilisables comme et quand bon lui semble. Mais, pour celle de l’organe législatif de Bruxelles, il en est tout simplement hors de question, compte tenu des prérogatives de surveillance qui régissent ses missions. Donc, sans surprise, le climat entre les deux femmes est devenu électrique.

Ursula von der Leyen n’en est pourtant pas à son premier épisode du genre. Pendant la pandémie du Covid-19, elle avait recouru au même procédé afin de débloquer 750 milliards d’euros des caisses de l’UE et financer l’achat des doses de vaccins auprès de grands groupes pharmaceutiques, en particulier, son ami et président directeur général de Pfizer, Albert Bourla.

L’importance des sommes mobilisées était irrésistible pour l’ancienne ministre allemande de la Défense, qui s’était alors retrouvée au cœur d’une affaire de mœurs. Soupçonnée d’avoir secrètement négocié avec Albert Bourla pour une commande destinée à la Belgique, elle n’a pas encore fini de répondre à ces allégations judiciaires qu’elle est déjà sur le point de récidiver.

Si le caractère exceptionnel de l’urgence sanitaire relative au Covid-19 avait lié les mains de Roberta Metsola à l’époque, il ne prévaut pas sur le projet “Europe de la Défense” dans lequel Ursula von der Leyen est très impliquée, au point de vouloir lui conférer une dimension exceptionnelle, et ainsi, contourner les procédures de contrôle des parlementaires européens de Strasbourg.

Dans ce dossier, Roberta Metsola a déjà annoncé les couleurs et se dit prête à aller jusqu’à l’affrontement devant la Cour de justice de l’UE, s’il le faut. Sa collègue, Ursula von der Leyen, quant à elle, vient, à nouveau, de démontrer son appétence pour la mal-gouvernance, l’affairisme, au sein d’une UE qui se veut (pourtant) respectueuse des principes démocratiques.

Avec cette nouvelle casserole de la haute gradée allemande, comment comprendre la lenteur interminable de la procédure judiciaire initiée contre elle depuis septembre 2021 et visant à faire toute la lumière sur son entente présumée avec Bourla ? Est-ce l’impunité dont elle jouit jusqu’à présent qui lui donne le courage de poursuivre sur la même lancée au mépris des qu’en dira-t-on ?

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)