La relation entre Emmanuel Macron et Alassane Ouattara n’est plus à son beau fixe. Tributaire de la reconfiguration de la politique du Quai d’Orsay en Afrique, elle a évolué dans le mauvais sens, obligeant le dirigeant ivoirien à se trouver un nouveau partenaire sécuritaire. Une aubaine pour les Américains, qui étaient eux-mêmes à la recherche d’un nouveau point de chute dans la région du Sahel, après leur expulsion du Niger, l’année dernière.
Après avoir longtemps résisté aux appels de l’ancienne administration américaine, Ouattara a fini par céder. Dans les tous derniers instants de la présidence de Joe Biden, il avait reçu Antony Blinken dans le cadre d’accords sécuritaires, mais, n’avait nullement ressenti le besoin de presser le pas. Ce n’est qu’après avoir eu vent de la fin de la présence militaire française en Côte d’Ivoire qu’il se ravisa, d’où les récentes annonces idylliques entre Abidjan et Washington DC.
Les rapports entre Macron et Ouattara sont devenus toxiques. Non seulement, le premier a retiré au second le soutien militaire dont il bénéficiait du fait de leur complicité, et qui le rassurait, à l’approche d’un scrutin présidentiel d’octobre de tous les dangers, mais, en plus, Tidjane Thiam a les faveurs du dirigeant français alors que les autorités locales veulent le voir écarté de la course à la présidentielle. Ces deux points de discorde ont chamboulé l’amitié entre les deux hommes.
Voir les Américains venir combler le vide sécuritaire laissé par les Français est inespéré pour Alassane Ouattara, même si rien ne dit qu’il pourra compter sur une intervention des troupes du Pentagone en cas de troubles post-électoraux en Côte d’Ivoire. En effet, la pression qu’il subit au niveau de la communauté internationale, qui l’accuse de s’être taillé des élections sur mesure, est, d’ores et déjà, une source d’inquiétudes, selon plusieurs experts.

Pour Donald Trump, l’idée de récupérer la place d’Emmanuel Macron relève du symbole, au regard des liens extrêmement forts post-coloniaux existant entre la France et la Côte d’Ivoire. En faisant de cette dernière la quatrième nation africaine (après le Maroc, la RDC et l’Algérie) avec laquelle des accords commerciaux sont signés, la seconde version de la Maison Blanche sous Trump rompt davantage avec les erreurs stratégiques sous son premier mandat.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)